"Ressentir", pour moi, rassemble tout ce qui est d'origine sensorielle et affective.
Tant que nous vivons, nous ne cessons de ressentir, éveillés ou endormis, actifs ou au repos , conscients de ressentir ou non. Jamais, pour notre espèce, le "ressenti" n'est pur, messages de l'environnement à l'individu, et de l'individu à lui-même .Nous sommes inévitablement, une histoire, et vécue, et connue (approximativement, en plus...).Nous avons des sensations devenues "percepts", des "conditionnements", des affects qui nous poussent ou nous tirent en tous sens ...et une consdcience qui reflète plus ou moins tout cela, et associée à, emmêlée dans des mots.
Et, pour chacun, son ressenti est "vrai". Nous croyons à ce ressenti bâti "à la grouille" par notre quotidien. Les illusionnistes savent, au moins empiriquement, comment fonctionne le ressenti. Ils savent commen,t procéder pour que les spectateurs voient surgir, d'une main vide, un éventail de cartes. Notre émerveillement provient d'un désaccord entre deux ressentis aussi "vrais" l'un que l'autre, et inconciliables . Cela se passe sans pensée ; la première ébauche en est, souvent : "Mais comment fait-il?"
Notre ressenti peut déclencher et guider notre activité dans n'importe quel domaine. On peut bavarder en conduisant , on peut réfléchir en épluchant ses pommes de terre.. Dans des proportions et sous des formes très variables, assortis d'états de conscience plus ou moins clairs.
En particulier, on peut parler sans penser :"Aïe!", ou "Ce qu'il fait chaud...", ou "Tu me fais de la peine." ne nécessitent pas la pensée. Ressentis immédiatement traduits en mots :l'activité langagière était,, dès l'âge le plus tendre, "machinale", en même temps qu'elle a été un outil primordial du développement de la conscience. Beaucoup de gens pensent de leur chien qu'il "comprend" ce qu'ils lui disent , alors que "Ici!", ou "Couché" sont des stimuli sonores,conditionnés (un "dressage"). Tous, nous sommes "dressés", nous avons des comportements conditionnés, même vis-à-vis du langage , dans les deux sens :des mots déclenchant un ressenti , un ressenti appelant des mots. Et ces mécanismes sont pris eux-mêmes dans des associations avec des actions corporelles ...Des mots machinaux peuvent appeler des coups, machinaux eux aussi, on le sait bien.
Le ressenti fait "réagir". Pour "agir", il faut d'abord avoir pensé. Ce n'est possible que si on "prend du recul" sur le reseenti, si on fait "un pas de côté". S'écarter du ressenti, l'examiner "du dehors". "Comment fait-il?", au lieu de "Pas possible:!". Et faire suivre ce przemier pas d'un "chemin de pensée" d'autres. Par exemple, comparaison de l'à présent avec des souvenirs (par analogie ou différence, par "avant" ou "après"). Ou encore chercher à "expliquer", découvrir des côtés de la situation cachés derrière le ressenti.
La pensée n'est pas infaillible. Mais elle peut apporter la conradiction au ressenti , donner le temps et l'occasion de stopper la réaction, pour passer ensuite à l'action d&élibérée...libérée de l'"ici et maintenant, tel que je le vis".