Il fait encore doux pour la saison. Mais il faut prévoir. L’hiver peut arriver d’un coup, avec son cortège de frimas, de verglas et... de dégâts collatéraux. Bientôt on re-découvrira que les SDF sont toujours là et qu’il fait moins de zéro. Que le « Droit opposable au logement » (DOL) n’a été qu’une vaine promesse, destinée à calmer de trop donquichottesques idées… et à débarrasser les riverains du canal Saint-Martin de la «pollution» de leur décor si admirablement chromo en temps normal. « J’ai une gueule d’atmosphère ? »
Bientôt, on redécouvrira qu’à Lyon, Lille, Marseille, Angers, Tours, Paris aussi, on peut mourir de froid, au XXIe siècle, à l’heure où les parachutes dorés continuent de voler, où on s’entre-étripe pour savoir si la Palme d’or était méritée, si on peut détester Val en détestant aussi Siné, si Carla est plus (ou moins) canon que l’était Cécilia, si le Houellebecq-BHL est vraiment le non-événement littéraire de cette rentrée, où les chômeurs sont dorénavant soumis aux « Offres raisonnables d'emploi » pour que tout le monde soit bien sûr qu'ils n'essaient pas de tricher, où la crise fait rage…. et où la gauche essaie quasi en vain de se recomposer.
Il y avait les ponts, les bouches de métro, les bancs, les entrées d’immeubles, les grilles d'aération ou les recoins de parkings. On savait. C’était quasiment une image de carte postale : le clochard, sur son banc, un tas de chiffons posé à l’entrée d’un fast-food ou sous le porche d’un magasin de luxe. Choc des contrastes. Carrefour des civilisations. Florilège des clichés. Photo.
Depuis quelques années, l’a-t-on seulement remarqué, ce sont les cabines téléphoniques urbaines qui servent à abriter de la pluie, du vent, de l’abandon, du gel, du froid, et à survivre, le temps d’un hiver. Pratiquement tout le monde a son portable, cela ne gêne personne, alors on ne s’en émeut même pas. Ou à peine, en passant. « Cela ne doit vraiment pas être confortable ! »
Dans mon quartier, l’an dernier, il y en a eu un qui a vécu plus de quatre mois dans ces 2,4m2 – et encore, taillés en triangle très isocèle – que représente l’une des quatre cabines de ces marguerites de cabines postées aux carrefours. Avec tout son barda. Ses sacs. Ses hardes. Son vieux duvet. Un caddie à la porte. Et son déambulateur pour bloquer l’accès. Puis il avait disparu.
Depuis une semaine, c’est une autre cabine, un peu plus haut sur le même boulevard qui a été investie. Par le même ? Par un autre ? Allez savoir…Lui, en tous cas, s’est concocté un deux-pièces, un joli petit F2 entièrement vitré, une cabine pour dormir et l’autre pour stocker son matériel.
Il reste deux cabines pour téléphoner. Génial. Même si notre portable est déchargé, on pourra toujours faire le 115 !
Quelques liens pour se rendre compte que ce n'est pas un cas isolé:
http://tf1.lci.fr/infos/france/2005/0,,3269838,00-maraude-samu-social-.html
http://www.humanite.fr/1999-12-24_Societe_Sans-domicile-fixe-deni-des-droits
http://www.exiles10.org/spip.php?article710
http://pagesperso-orange.fr/revue.improbable/perma/ashoca.htm
http://flagrantdelit.blogspot.com/2007/12/une-vie-de-chien.html
http://video.google.fr/videosearch?hl=fr&pwst=1&q=SDF%20et%20cabine%20t%C3%A9l%C3%A9phonique&um=1&ie=UTF-8&sa=N&tab=wv#
http://www.youtube.com/watch?v=QwG3OHoqUuA&eurl=http://video.google.fr/videosearch?hl=fr&pwst=1&q=SDF%20et%20cabine%20t%C3%A9l%C3%A9phonique&um=
