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Billet de blog 24 mars 2010

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Honnêteté.

Honnêteté. Qualité de celui qui est fidèle à ses obligations, à ses engagements, qui ne cherche pas à tromper. "Je l'ai signé, je le fais. C'est une question d'honnêteté." Voilà en substance le message renfermé dans ce court extrait vidéo de notre souverain, causant de l'application de la taxe carbone. Rappelez-vous, de l'autre côté du miroir... Trémolo dans la voix, il nous parlait il n'y a pas si longtemps d'un New Deal écologique pour le XXIème siècle naissant, à la tribune de l'Assemblée Générale des Nations Unies.

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Honnêteté. Qualité de celui qui est fidèle à ses obligations, à ses engagements, qui ne cherche pas à tromper.

"Je l'ai signé, je le fais. C'est une question d'honnêteté." Voilà en substance le message renfermé dans ce court extrait vidéo de notre souverain, causant de l'application de la taxe carbone. Rappelez-vous, de l'autre côté du miroir... Trémolo dans la voix, il nous parlait il n'y a pas si longtemps d'un New Deal écologique pour le XXIème siècle naissant, à la tribune de l'Assemblée Générale des Nations Unies. Il célébrait en grande pompe la clôture du Grenelle de l'Environnement, bras dessus bras dessous avec Al Gore, Prix Nobel de la Paix 2007. Il souhaitait mener à bout la mise en place d'une fiscalité écologique, réforme comparée à l'abolition de la peine de mort par François Mitterrand en 1981. Et puis, subrepticement, le vent a tourné. Le Salon de l'Agriculture a été le théâtre des premiers coups de menton d'un libéral conservateur pour qui "ces questions d'environnement, là aussi, cela commence à bien faire." La débâcle des régionales a été l'occasion d'une reculade en rase campagne. La grogne de députés conservateurs, osant enfin dire leur opposition à une mesure qu'ils ont pourtant validé par leur vote quelques mois plus tôt, trouve son débouché dans un retrait d'un texte mort-né suite à la censure du Conseil Constitutionnel. Voilà une piètre tranche de vie politique. Vie, tauromachie, mais en aucun cas nous ne pourrions parler en l'espèce de débat politique.

L'honnêteté politique, c'est penser ce que l'on dit, et dire ce que l'on pense. Risquer l'impopularité, au prix de ses convictions les plus profondes. Tracer son sillon et n'en pas dévier à la première bourrasque. Affronter les critiques et les jugements, écouter les colères et les attentes, pour en faire un alliage de circonstance, nourri de la réalité vécue et de l'idéal palpitant. "Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel." disait Jean Jaurès. Faire battre dans le même mouvement ces deux extrémités de l'action politique, tel est, tel doit être l'ambition commune. Or que nous offre-t-on comme preuve de courage et d'honnêteté, pour toute réponse au désarroi des citoyens, exprimé par une abstention massive et un soutien majoritaire aux forces d'opposition ? Une victime expiatoire, Xavier Darcos, qui a eu le tort de faire confiance à son exécuteur qui lui avait pourtant promis la grâce en cas de défaite annoncée. Un bouc-émissaire, un de plus, comme seul expédient au rejet brutal exprimé à deux reprises. Il est plus aisé de s'attaquer au symbole plutôt qu'à la substance. Tout faire pour ne pas se renier, donner l'impression de tenir la barre, tenir sa langue. Mais comment expliquer l'écart d'analyse entre une défaite vécue en 2004 comme "un 21-avril à l'envers" et la réplique de 2010 vécue comme un simple rappel à l'ordre de l'électorat de droite ? Ne voient-ils pas que ces dénis décrédibilisent par ricochet toute la classe politique ? Ou peut-être s'en moquent-ils, au fond...

Pour un Iago, combien de militants durs au labeur ? Pour un opportuniste sans vergogne, combien de partisans des luttes sociales ? Ces quelques comportements immoraux, car profondément égoïstes, alimentent un rejet univoque de la pratique politique. Comment séparer par la suite le bon grain de l'ivraie ? Comment faire la part des choses lorsqu'au plus haut niveau de l'Etat, on fait si peu de cas de la parole donnée, des engagements pris envers les citoyens ? Ceux-ci sont, semble-t-il, sollicités uniquement pour la forme, dans l'apparat démocratique d'un scrutin, gageant qu'une fois cet épisode folklorique passé, ils retourneront bien dociles dans leurs états personnels, sans avoir l'outrecuidance de demander des comptes, de faire entendre leurs voix. Sans oser rappeler les élus à leurs promesses d'un jour, leur réclamer la vérité sur leurs projets et leurs concrétisations. Tentons d'imposer un retour à une pratique plus saine car plus honnête, qui abandonne le jeu, le calcul, la tactique et fait le pari de l'intelligence des citoyens, de la confiance et du courage que réclament le débat démocratique et politique. Et en ces temps d'ouverture à droite, rappelons ces mots du Général De Gaulle, à toutes fins utiles :

"Tout peut, un jour, arriver, même qu'un acte conforme à l'honneur et à l'honnêteté apparaisse en fin de compte, comme un bon placement politique."

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