A regarder les chiffres de l'abstention qui se suivent et se ressemblent, notamment dans les quartiers populaires, on est en droit de se demander si ce vaste problème a bien été clairement identifié par la classe politique. Le système de la représentation semble à bout de souffle surtout quand celui-ci reste à ce point déconnecté de la réalité sociale. La très large abstention peut avoir plusieurs causes. L'une d'entre elle serait que les problèmes économiques sont davantage ressentis par ceux qui les subissent. Et devant l'impuissance du monde politique à résoudre la crise économique, un sentiment de frustration empêche toute décision vers une sphère publique incapable de donner une place décente à chacun.
On pourrait ainsi renvoyer dos à dos les thèses libérales et marxistes qui consistent, même si elles sont antagonistes, a faire prévaloir l'économie sur le politique. Certes il est évident que d'abord il faut travailler pour subvenir aux besoins élémentaires et que ce travail, ou ce non travail en ce qui concerne le chômage, doit être organisé de façon à réguler le fonctionnement même de la société. Cependant, la limite d'un tel système est atteinte dès que les problèmes sociaux prennent le dessus et surtout dès que la politique n'est plus opérante pour les régler. La faiblesse du politique n'est pas due à une crise de la démocratie, elle est due à une non critique de l'économie politique telle que nous la vivons aujourd'hui. Ce que nous voyons apparaître c'est un système qui exprime l'idée qu'il y a des citoyens qui votent et des non citoyens qui ne votent plus. Ceux qui ne votent plus sont à présent des mineurs incapables de prendre une responsabilité et de s'éduquer. Ce discours simpliste tend à conforter l'idée non moins simpliste qu'il suffit de voter pour admettre que nous sommes en démocratie.
C'est aujourd'hui que nous avons le plus besoin des institutions pour renverser cette idée. Le fondement de la démocratie serait à examiner sous l'angle de l'autorité et du pouvoir, c'est-à-dire la puissance capable de rétablir l'égalité, dans et par lesquels chacun pourrait exprimer sa volonté. Autrement dit, la faiblesse du politique assure d'une chose, c'est que rien ne change au profit de cette inégalité. Retrouver cette passion toujours neuve pour la politique, c'est s'engager vers la démocratie. Notre société attend du politique quelque chose qu'elle ne peut lui donner parce que précisément elle n'est pas subordonnée à cette dimension. La faiblesse du politique ouvre les portes d'un univers despotique facilité par ce désintérêt du monde. Il y aura toujours de la politique sur ces débris mais elle sera mauvaise, cynique et dangereuse.
Billet de blog 21 mars 2010
Faiblesse du politique
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