Le Grand Isoloir (2)
20 Mars 2010 Par hêtre
Texte qui vient.
Les tenants de la bonne démocratie, de la démocratie (trop) raisonnable, celle qui fait la part (inégale) des choses, à défaut d'effectuer un véritable partage des richesses de ce monde, appuyé sur le principe d'égalité, celle qui permet de rendre supportable (surtout pour ceux qui sont du bon côté) l'insupportable et évident spectacle de la pauvreté, de la détresse des hommes et des femmes qui vivent dans ce pays, et dans le monde, n'ont que ces mots à la bouche : "solidarité", "pitié", "compassion", "malédiction"... Mots pour dire, du bas-ventre de la domination, l'impuissance en face de la misère et de la souffrance.
Ne sont convaincus par ces mots que ceux qui ont intérêt à en être convaincus.
Les mêmes tenants de la bonne démocratie disent : "Allez voter !". Ils disent : "Allez", sans trop savoir où ils envoient ceux à qui ils s'adressent. "Allez", "bougez", "faites quelque chose"... "mais, surtout, n'écoutez pas les mauvais démocrates, ceux qui vous disent : "Ne votons pas, ne participons pas aux jeux du cirque électoral, faisons de la politique.""
Les bons démocrates, les défenseurs autoproclamés d'une démocratie au rabais, tentent de ridiculiser les "abstentionnistes" : "Ils sont isolés" ; "ils n'aiment pas les autres" ; "ils sont dégoûtés de tout" ; "ce sont des égoïstes"...
Mais qui sont les isolés ?
Voter, c'est ne rien faire... d'autre que voter. C'est s'isoler. Le Grand Isoloir réunit tous les isolés de la bonne démocratie dans la communion d'un être-ensemble fictif, issu de la propagande capitalo-parlementaire. Voter, c'est se laisser gagner par la (fausse) sensation de participer à une grande chose, une élection, un choix, qui exprime sa propre voix... Faiblesse, inaudibilité d'une telle voix. Misère du vote.
Faire de la politique, c'est autre chose.
Seule l'Idée communiste.
A suivre.