hommelibre (avatar)

hommelibre

John Goetelen: Auteur de "Féminista: ras-le-bol!", www.atypic.ch.

Abonné·e de Mediapart

593 Billets

0 Édition

Billet de blog 4 octobre 2010

hommelibre (avatar)

hommelibre

John Goetelen: Auteur de "Féminista: ras-le-bol!", www.atypic.ch.

Abonné·e de Mediapart

Bertrand Cantat, la rédemption et les féministes

Le chanteur de Noir Désir est remonté sur scène hier samedi à Bègles. Son retour annoncé a été longuement ovationné. La sécurité avait été renforcée. Son retour ne fait pas l’unanimité. Des féministes en particulier estiment qu’il n’a pas payé assez et qu’il devrait se taire, même sa dette payée. Mais la prestation de Cantat ne vaut pas cette indignation opportuniste.

hommelibre (avatar)

hommelibre

John Goetelen: Auteur de "Féminista: ras-le-bol!", www.atypic.ch.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le chanteur de Noir Désir est remonté sur scène hier samedi à Bègles. Son retour annoncé a été longuement ovationné. La sécurité avait été renforcée. Son retour ne fait pas l’unanimité. Des féministes en particulier estiment qu’il n’a pas payé assez et qu’il devrait se taire, même sa dette payée. Mais la prestation de Cantat ne vaut pas cette indignation opportuniste.

Deux choses sur ce retour.
D‘abord, anecdotique cette réaction des féministes. Anecdotique parce qu’en liant le crime de Bertrand Cantat aux violences faites aux femmes elles capitalisent le sang et la mort, en font un territoire exclusivement masculin et transpirent le désir de vengeance contre les hommes. L’appel aux lois d’exception discriminant le genre masculin n’est pas loin. On sait d'ailleurs que ces lois anti-genre existent déjà. Il y a une charrette d’années qu’à cause de ce féminisme-là, la démocratie et l’égalité sont mortes.
Elles seraient plus crédibles à nettoyer leurs propres poubelles. Dans les meurtres ou assassinats d’hommes par leur conjointes, celles-ci sont systématiquement moins condamnées que les hommes. A crime égal les meurtrières sont avantagées. Ainsi la dame russe qui a tué son mari de 48 (48!) coups de couteau en 2003 à Genève a été condamnée à 6 ans de prison. Pourtant, 48 coups de couteau démontrent qu’elle avait l’intention de tuer, qui plus est par crainte d’être déshéritée pour cause de risque de divorce. Elle a été mise au bénéfice d’une responsabilité restreinte et d’un repentir sincère...
Bertrand Cantat ne reçoit pas les mêmes égards: pour lui la double peine, la prison et le silence. Condamné à perpétuité en quelque sorte. J’ai recherché d’autres exemple de meurtrier ayant purgé sa peine et redevenu une personnalité publique. Henri Charrière, dit Papillon, avait écrit un livre sur ses années de bagne après sa condamnation pour meurtre. Mais lui a toujours nié avoir tué. A l'époque il avait donné de nombreuses interviews et un film avait été tiré de son livre. Cela n'avait choqué personne.

Je comprends combien un tel crime est difficile à digérer pour une société. Quelle place faire à ceux et celles qui l’ont mise en danger? Comment les accueillir à nouveau?


Cantat n’a pas nié sa responsabilité. Il n’a pas fait appel du jugement. Il a accompli sa peine et s’est tu tant que cela lui a été imposé. Il reprend maintenant son métier. Que devrait-il faire d’autre? Pourquoi devrait-il se taire encore?

Il y a eu crime, il y a eu châtiment. La dette est pénalement payée. Mais pas éteinte. Il sera socialement toujours un ex-meurtrier. Ses fans fidèles lui ont pardonné - peut-être n’ont pas pris la mesure de la gravité d’un meurtre. D’autres ne lui pardonneront jamais. Dont celles qui nourrissent leur idéologie du sang des victimes. Ce féminisme a fait du tort à Marie Trintignant en lui volant sa mort à son profit. Il fait du tort à Bertrand Cantat en lui refusant un pardon sans lequel il continuera à subir la double peine. La violence conjugale ne doit pas être considérée comme un crime aggravé, qui plus est dont seuls les hommes porteraient la charge. On sait que cela est faux.
La voie qui se présente à lui est celle de la rédemption. Hors religion cette notion garde sa valeur: le rachat de ses fautes. Par un comportement et des actions plus méritoires que la moyenne des gens. Par pour plaire aux gens. On s’en fout bien de plaire aux gens. De toutes façons les foules sont infidèles et versatiles: vouloir leur plaire est entrer en enfer. Non, c’est pour lui-même. Car j’imagine que l’on ne doit pas être le même après avoir tué qu’avant, même si c’était sans intention .
Les chansons qu’il a reprises hier soir sont dans la ligne du Cantat d’avant. Je me demande s’il va ensuite créer autre chose, quelque chose de porteur de son expérience, porteur de signes vers le monde.
Si, ayant tué, il continue à chanter son propre mal-être ou ses chansons d’avant, alors il n’aura rien à apporter au monde. Franchement, son mal-être d’ado, rien à cirer. Ça ne vaudra même pas la peine d’acheter ses disques.
J’écris ceci parce qu’ayant vu et entendu 3 vidéos de ce qu’il a chanté je reste perplexe sur le personnage: la profondeur qu’il aurait pu gagner par l’acte qui lui a valu châtiment n’est visiblement pas au rendez-vous. On dirait qu'il ne s'est rien passé dans sa vie. Le même style ado attardé, la même gestuelle narcissique sur scène, la même violence rock cultivée pour vendre, les mêmes chansons aux textes désolants d’immaturité, le même Temps des cerises vaguement destroyé punky. Secouer la tête ou hurler en se roulant à terre ça ne fait pas un artiste à mes yeux. Ça ne fait pas non plus une rédemption.
Pauvre Bertrand, qu’en d’autres temps j’avais défendu contre le féminisme prédateur sans pour autant minimiser son acte. Peut-être n’a-t-il au fond aucune exigence intérieure. Ou bien a-t-il des factures à payer.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.