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Billet de blog 15 août 2010

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Outreau: un troisième round?

L’experte nommée à l’époque par le juge d’instruction Fabrice Burgaud a commis un livre publié l’an dernier: «Outreau, la vérité abusée». «Dans un souci de réhabilitation du rôle de l'expert, elle décrypte avec minutie dans son ouvrage l'approche méthodologique "très codifiée et très expérimentée des expertises, avec plus de quarante critères de validation", qui lui a permis de retenir comme crédibles les traumatismes racontés pour 15 des enfants.»«... la psychologue revient sur "le rôle dévastateur" qu'ont joué, selon elles, les avocats de la défense "en utilisant pour stratégie la démolition du travail des experts. Nous étions les monstres à abattre, et moi la première.»

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L’experte nommée à l’époque par le juge d’instruction Fabrice Burgaud a commis un livre publié l’an dernier: «Outreau, la vérité abusée». «Dans un souci de réhabilitation du rôle de l'expert, elle décrypte avec minutie dans son ouvrage l'approche méthodologique "très codifiée et très expérimentée des expertises, avec plus de quarante critères de validation", qui lui a permis de retenir comme crédibles les traumatismes racontés pour 15 des enfants.»

«... la psychologue revient sur "le rôle dévastateur" qu'ont joué, selon elles, les avocats de la défense "en utilisant pour stratégie la démolition du travail des experts. Nous étions les monstres à abattre, et moi la première.»

, responsable d’une structure d’accueil aux victimes" à Hazebrouck (Nord) : "nous disposons d’une méthodologie fiable pour déterminer si un enfant dit la vérité.»
Or:
«Le procès en appel des six personnes condamnées en première instance s'est tenu en la Cour d'assises de Paris. ... Durant l'audience, les expertises psychologiques ont également été remises en cause, tant elles ont paru biaisées et peu sérieuses. Les dénégations de deux enfants qui ont reconnu avoir menti ont également participé à affaiblir l'accusation. Jean-Luc Viaux, expert psychologue, avait déclenché une polémique par ses déclarations sur le tarif des experts comparables à ceux pratiqués par les femmes de ménage, produisant "des expertises de femme de ménage.»
«Les acteurs sociaux sont également mis en cause, notamment les experts psychiatriques et les professionnels (assistants sociaux, etc.) ayant recueilli la parole de l'enfant, mais aussi les associations de protection de l'enfance accusées de faire du lobbying et d'exercer une forte pression sur les juges en dressant le spectre du scandale.»


A propos de Madame Gryson voici ce que l’on peut lire:
«Désignée par le juge d'instruction Fabrice Burgaud, Marie-Christine Gryson avait examiné 16 mineurs victimes, dont 11 toute seule, et avait souligné leur crédibilité.»
Mais elle était liée à la partie civile:

«En clair, Marie-Christine Gryson, omniprésente dans le Pas-de-Calais, n'aurait pas dû intervenir dans le dossier d'Outreau. « Ce choix n'était pas le meilleur que pouvait faire le juge Burgaud », ironise Me Hubert Delarue, conseil de l'accusé Alain Marécaux, rappelant que le conseil général avait prudemment souligné sa « proximité » avec cette psychologue...»
«La défense reprochait également à l'experte son comportement à la barre. « Il ne s'agit pas seulement d'être impartial, il faut en donner l'apparence », précise Me Berton. Aux yeux de la défense, la psychologue s'est montrée « passionnée » et « militante » en exposant le fruit de ses rencontres avec les petites victimes présumées. Elle se serait trop impliquée personnellement, trahissant cet investissement en appelant avant-hier encore les parties civiles « mes enfants .»

Quant à l’expert M. Viaux, auteur de copiés-collés:
«L'expert a finalement mis en cause une confrère avec qui il a signé le rapport, Marie-Christine Gryson.
...

Sur une question de la défense, Jean-Luc Viaux a ensuite reconnu avoir recopié pour les quatre enfants expertisés les mêmes conclusions, au mot près et à la faute de frappe près. "Sont (sic) témoignage reste mesuré", lit-on dans son rapport à quatre reprises.
Dans les couloirs, l'expert, furieux, a expliqué à la presse que son travail était médiocre en raison d'une rémunération médiocre. "Quand on paie des experts aux tarifs d'une femme de ménage, on a des expertises de femme de ménage", a-t-il dit.»

Il apparaît ainsi que si le magistrat instructeur a ignoré les liens de cet expert avec les parties civiles au procès, ni le magistrat du parquet, qui selon Mme Marie-Christine Gryson-Dejehansart connaissait les activités de son association ni le juge des enfants ne l'ont informé de ce risque de confusion d'intérêts.
En tout état de cause, il revenait à Mme Marie-Christine Gryson-Dejehansart de renoncer à cette mission.»

En ce qui concerne la notion de crédibilité des personnes expertisées, il faut une fois pour toutes être extrêmement clair: La notion de crédibilité en psychiatrie signifie que la personne n’est pas une affabulatrice pathologique. C’est tout. Cela ne donne aucune véracité aux faits supposés, car la personne peut inventer ou mentir sans être une personne pathologique. Aucun expert sérieux ne peut se substituer à la justice et déclarer vrais les faits supposés. L’expert n’y était pas. La Commission parlementaire le rappelle explicitement:
«Le principe est clairement posé : aussi élevé que soit un degré de crédibilité, nul ne peut en déduire une vérité.»
«En entretenant une proximité illusoire avec la notion de véracité, cette hyperbole (de Mme Grison, ndlr) a donné une assise à l'argumentation du réquisitoire définitif du procureur de la République, de l'ordonnance de mise en accusation et de l'arrêt de renvoi de la chambre de l'instruction.»

«Comprise de cette manière, la crédibilité est mentionnée dans le corps même des attendus de certaines décisions. Par exemple, il y est fait référence dans une ordonnance rendue par le juge d'instruction M. Cyril Lacombe, le 31 décembre 2002, relative à une saisine du juge des libertés et de la détention suite à une demande de mise en liberté de M. David Brunet : « attendu [...] que tant les mis en examen qui reconnaissent les faits que les enfants de M. et Mme Delay ont été reconnus crédibles par les experts [...] » La crédibilité est ici utilisée comme un élément suffisamment probant pour argumenter une demande de maintien en détention.»

Ainsi, Madame Gryson peut écrire tous les livres qu’elles veut: tant qu’elle confond crédibilité et véracité du récit, elle se trompe lourdement et déroge à sa qualité d’expert, comme elle y a dérogé en ne se récusant pas d’elle-même alors qu’elle ne présentait pas les qualités d’impartialité indispensables. On ne peut voir cette thèse (crédibilité = véracité) être étalée sans rappeler un principe fondamental à ce sujet.
De plus c’est une aberration de nommer un seul expert pour l’ensemble des enfants. Comme de lui laisser lire le dossier avant les expertises. Dans de telles circonstances, comment ne pas se construire une histoire dans sa tête et finir par y croire?
Ayant reçu deux commentaires de sa part
sous un de mes billets, où elle annonce le tournage d’un film d’après son livre, j’ai estimé nécessaire de faire cette mise au point.
On peut comprendre qu’elle tente de se réhabiliter, mais elle ne peut continuer à mélanger crédibilité et véracité ni à défendre sa partialité.

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