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Billet de blog 3 mars 2013

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L’ours égyptomaniaque de Berlin

L’ours est la mascotte de Berlin depuis des siècles. Cette ville est aussi la première à avoir organisé en 2002 une exposition sur le thème des United Buddy Bears.

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L’ours est la mascotte de Berlin depuis des siècles. Cette ville est aussi la première à avoir organisé en 2002 une exposition sur le thème des United Buddy Bears.

Il s’agit d’une création artistique internationale simultanée à partir du même artefact, une figure moulée toujours identique. L’opération, patronnée par les Nations Unies, vise à promouvoir la tolérance et la coopération entre les peuples et les religions. Venu de chacun des pays participants, un artiste sélectionné par l’ambassadeur peint un ours bonasse de deux mètres de haut aux couleurs de sa nation.

L’exemplaire qui se trouve dans le jardin de l’ambassade d’Egypte rue Stauffenberg, a été décoré par la peintre allemande Johanna Koch. Comme l’ours n’existe pas en Afrique, elle a opté pour l’égyptomanie populaire dans l’air du temps. L’artiste a retenu quelques symboles pharaoniques évoquant le pays du Nil, en s’inspirant d’œuvres célèbres toutes présentes dans le Musée du Caire bien connu des touristes.

La tête du plantigrade arbore le masque funéraire de Toutankhamon, aux couleurs de l’or, du lapis-lazuli bleu et de la cornaline rouge. Les yeux sont soulignés en bleu, selon le dessin de l’oudjat, symbole protecteur d’Horus. Les pieds et les mains de la créature sont recouverts d’or. Les bras levés portent le signe de vie ânkk. Sur les chevilles alternent des bovins aux robes noires et blanches, évocations de la déesse Hathor ou du taureau Apis. Sur les cuisses, des danseuses déhanchées agitent leur longue chevelure comme celles représentées sur les parois des tombes.

Sur le ventre rebondi du débonnaire animal on trouve encore une déesse à genoux, juchée sur une sorte de tabouret. Il s’agit d’Isis, la « Grande de magie », qui porte son hiéroglyphe sur la tête, sous la forme du trône qui lui donne son nom. Elle tient devant elle l’anneau chen qui incarne la plénitude de l’espace et du temps. L’objet sur lequel elle est posée est le signe hiéroglyphique nebou qui désigne l’or. Cette scène rituelle figure sur les sarcophages des pharaons afin de protéger la momie.

Au verso, sur le dos de l’animal, Johanna Koch a peint un énorme cartouche royal, censé porter le nom du Pharaon en hiéroglyphes. Mais ici en réalité, il s’agit de signes approximatifs ou même fantaisistes supposés exprimer une phrase profonde sur l’art, du genre « aucun artiste ne peut prétendre à la perfection ». Tant pis s’il n’existe pas de mot pour désigner l’art ni les artistes dans l’Egypte ancienne !

Les  Buddy Bears représentent à l’évidence un type formaté et répétitif d’expression artistique proche du degré zéro que l’on peut facilement dénigrer. Mais on verra prochainement dans cette chronique que l’art contemporain utilise souvent l’égyptomanie de façon plus subtile, avec un renouvellement bénéfique de ses thèmes.

Pour conclure, notons que l’ours commandé par l’Egypte évoque à Berlin la civilisation pharaonique plutôt que la société musulmane. En outre, dans les années qui ont suivie l’exposition, la télévision égyptienne a diffusé une série d’émissions pour les enfants mettant en scène l’ours aux couleurs de l’égyptomanie…

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