Hubert Huertas (avatar)

Hubert Huertas

Journaliste à Mediapart

308 Billets

1 Éditions

Billet de blog 11 juillet 2012

Hubert Huertas (avatar)

Hubert Huertas

Journaliste à Mediapart

Hollande: bonne séquence mais ça sent le gaz

Tout va bien, mais ça ne gaze pas. Telle est la tendance de l’été, pour François Hollande. Une tendance forte, qui se conclura par une intervention télévisée le 14 juillet.

Hubert Huertas (avatar)

Hubert Huertas

Journaliste à Mediapart

Tout va bien, mais ça ne gaze pas. Telle est la tendance de l’été, pour François Hollande. Une tendance forte, qui se conclura par une intervention télévisée le 14 juillet.

       Cette séquence a installé l’exécutif dans son action et dans son style. Une sorte d’antisarkozysme comme il y a de l’antimatière. Le contraire du flambeur de 20 heures, l’inverse du « vous allez voir ce que vous allez voir », l’opposé du roulement de tambours, dans l’ambiance « Odyssée de l’Espace ».

       Hollande ne fait pas de bruit, c’est un chat, on ne le voit pas venir, on le cherche, on ne le trouve pas, mais il est toujours là, installé sur le bon radiateur, ou le meilleur coussin. Et Jean-Marc Ayrault est un austère qui se marre pas, et que ses ministres, tenus en laisse courte, ne doivent pas trouver rigolo tous les jours.

       Mais l’attelage fonctionne plutôt bien. A l’extérieur, hier, « Hollande la petite blague » a même imposé l’humour british à l’Anglais Cameron qui n’avait pas voulu le recevoir quand il était candidat, et qui a été contraint d’apprécier. Et à l’intérieur, la conférence sociale a accrédité l’idée que le coup d’éclat du Chef n’était pas forcément synonyme de coup de pied au derrière pour les partenaires sociaux.

       Les sondages de Juillet seront probablement meilleurs que prévu.

       Mais… Mais cet art de gouverner, sans doute plus conforme à la dureté de l’époque, parce que moins anxiogène, s’en tient pour l’heure à la communication. Pour l’action il faut du temps, et les indices qui s’accumulent laissent, au minimum, persister un doute majeur.

       Les nouvelles du front économique sont mauvaise, la courbe du chômage ne devrait s’inverser, si elle s’inverse, que vers la fin 2013, les chantiers envisagés par la conférence sociale vont impliquer des choix qui se paieront sous forme de CSG, c’est à dire d’impôt supplémentaire payés par tous.

       Et toutes ces inquiétudes ont trouvé un symbole. Le prix du gaz. Un poison pour les ménages, des factures infernales qui rongent le pouvoir d’achat.

       Or sur ce terrain ultrasensible, l’habile M. Hollande et le très sérieux M. Ayrault sont doublement piégés. Premièrement ils vont devoir honorer, sur décision du Conseil d’état, les augmentations reportées le temps d’une campagne présidentielle par leurs prédécesseurs. Deuxièmement le blocage à 2% qu’ils avaient eux-mêmes annoncé sera sans doute retoqué comme le blocage de François Fillon, pour les mêmes raisons juridiques.

       Le couple exécutif est donc coincé. Sa seule issue serait de laisser filer, ce qui serait ressenti comme de l’impuissance. Ou de passer en force, d’une manière ou d’une autre. Or le passage en force est le contraire du Hollandisme.

      Autant dire que le Président a fini son déménagement, qu’il est bien installé, qu’il ronronne, mais que ça sent le gaz dans ses appartements, et qu’il va falloir appeler les pompiers…

       France Culture 7h36, France Musique 8h07, Twitter : @huberthuertas