L' AUTORITE DE LA CONCURRENCE ACCROIT SON MONOPOLE
Alors que le projet de loi Macron allait être débattu à l’Assemblée Nationale, l'Autorité de la Concurrence (ADLC) a rendu un rapport touchant notamment à la question des professions réglementées.
L'ADLC, dont le Président Monsieur Bruno LASSERE a récemment souhaité que les compétences et le budget soient revus à la hausse, intervient de plus en plus fréquemment dans la politique française, son rôle ne se limitant plus exclusivement aux questions de concurrence.
On peut se poser la question de l'opportunité de ses interventions, et de leur bien-fondé.
UN PEU D’HISTOIRE
En 1953, un décret crée la Commission technique des ententes , qui avait pour mission de rendre des avis au ministre de l'économie sur des pratiques d'ententes et de positions dominantes.
En 1977, cet organe est devenu la Commission de la concurrence qui s'est vu confier deux attributions supplémentaires : conseiller le gouvernement sur toute question intéressant la concurrence, et donner des avis sur les opérations ou projets de concentration.
L'ordonnance de 1986, qui institue le Conseil de la concurrence, élargit les possibilités de saisine, transfère le pouvoir de sanction du ministre au Conseil et met en place une procédure garantissant davantage les droits des intéressés. La loi du 1er juillet 1996 a élargi les attributions contentieuses du Conseil aux pratiques de prix abusivement bas.
La loi NRE du 15 mai 2001 a modifié le droit de la concurrence dans le but de renforcer l'efficacité de la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles, de garantir le respect du principe d'égalité des armes , d'améliorer la coopération internationale et de contrôler les concentrations de manière plus systématique et plus transparente.
Par ailleurs, sous impulsion communautaire, le droit français de la concurrence a connu un profond mouvement de modernisation.
En particulier, le règlement (CE) n° 1/2003, entré en vigueur le 1er mai 2004, a organisé la décentralisation du droit communautaire et la "mise en réseau" des autorités nationales de la concurrence. Elle a aussi modifié les méthodes de travail du Conseil et accru ses prérogatives . Dans ce mouvement de modernisation du droit français de la concurrence, l'ordonnance du 4 novembre 2004 a complété les pouvoirs décisionnels du Conseil en les alignant sur ceux des autres autorités européennes de la concurrence. (source et citations partielles extraites du site Autorité de la concurrence)
Ainsi, le Conseil dont les attributions et les pouvoirs ont été renforcés au fil des réformes, est fortement imprégné du droit communautaire.
L'ADLC est née de la transformation, après la loi LME (Loi de Modernisation de l’économie du 4 Août 2008), du Conseil de la concurrence en une nouvelle structure aux compétences redéfinies.
A cette occasion, "l'idée maîtresse était de mettre fin à un système bicéphale devenu obsolète où l'administration, sous la houlette du Ministre en charge de l'économie, mène les enquêtes et contrôle la concurrence tandis que l'autorité indépendante décide des sanctions et régule, depuis quelques années la concurrence" (Laurence BOY : le nouveau contrôle français des opérations de concentration, une originalité regrettable ? Mars 2009)
« Jusqu’à présent en France, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) menait les enquêtes et le conseil de la concurrence instruisait et décidait des sanctions pécuniaires, du rejet ou du non- lieu. La nouvelle entité récupère la fonction d’enquêtes. En cas de fusion entre entreprises, elle sera également seule chargée des contrôles de concentration, une prérogative auparavant rattachée au ministère de l’économie, via la DGCCRF. » (Le Nouvel Observateur 28/02/2009)
Ainsi, l'ADLC regroupe les deux fonctions d'enquêtes et de sanction. Ce cumul peut être un gage d'efficacité, mais est contraire aux principes fondamentaux du droit qui posent le principe de la dissociation entre les organes d'instruction du dossier et ceux chargés de prononcer de la sanction .
LA MISSION DE L'ADLC
Le site de l'ADLC définit ainsi sa mission : « L'Autorité de la concurrence est chargée de veiller au bon fonctionnement concurrentiel des marchés, une condition sine qua non pour garantir au consommateur les meilleurs prix et le choix le plus large de produits et de services. Les pratiques anticoncurrentielles sont nuisibles au consommateur final, qu'elles privent de la liberté de choisir au meilleur prix. Mais elles portent aussi atteinte à son bien-être de façon plus diffuse, puisqu'elles sont préjudiciables à l'innovation, à l'efficacité économique et, finalement, à la croissance. C'est pourquoi la loi confie à l'Autorité la mission de préserver ou de restaurer la vitalité concurrentielle ».
A aucun moment il n’est question de la sécurité du consommateur, l’axe d’action principal (voir unique ?) étant le meilleur prix. La seule préoccupation de l'ADLC est de garantir au consommateur le choix au meilleur prix, sans aucune considération quant à la qualité du produit ou du service. Il ne s’agit pas ici de nivellement par le bas, mais de nivellement par le prix (qui de toute façon aboutit à un nivellement par le bas de la qualité des produits ou services). La concurrence s’établit sur le prix, non sur la qualité. Par principe, l’approche de l'ADLC est donc purement économique, alors qu’on aurait pu imaginer qu’elle tienne compte d’un ensemble de paramètres liés au service, aux conditions de production, à l’impact écologique, à la qualité des produits…L'ADLC est une machine à décérébrer le consommateur.
LA COMMISSION ATTALI
La loi LME était elle-même largement inspirée du rapport rendu par la commission ATTALI (Commission pour la libération de la croissance française) qui comptait parmi ses membres Bruno LASSERE, alors Président du Conseil de la concurrence et conseiller d'état, devenu depuis président de l'ADLC.
La consultation de la liste des membres de la commission ATTALI nous apprend que si celle-ci était relativement hétéroclite, puisqu'on y rencontre des économistes, des historiens, des directeurs ou anciens directeurs de grands groupes industriels ou bancaires, des représentants du monde médical, des journalistes, le monde juridique n'y avait qu’un représentant en la personne de Jean-Michel DARROIS, avocat , par ailleurs auteur du rapport éponyme.
Par contre, aucun représentant du petit commerce, de l’artisanat, ou de la culture.
Parmi les rapporteurs, on note la présence d’un certain Emmanuel MACRON (sur Emmanuel Macron, voir la note « Loi Macron, de qui se moque-t-on ? »), actuel Ministre de l'Economie porteur du projet de loi dont l'objectif initial était de redonner du pouvoir d'achat aux français.
Dans ce rapport de 2008, Messieurs ATTALI et MACRON regrettaient que la France soit pénalisée par un excès de verrous limitant sa croissance, alors que des pays tels que les États-Unis, la Grèce, l'Italie et le Portugal avaient pris les mesures nécessaires pour permettre cette croissance. Ce manque de clairvoyance aurait dû conduire les dirigeants de l’époque à prendre du recul avec les propositions contenues dans ce rapport. Il fallait en effet être particulièrement déconnecté de la réalité pour ignorer qu’à l’époque le monde entrait dans une crise économique provoquée par la crise des subprimes, crise facilitée par le manque de réglementation dans les pays anglo-saxons.
Ce ne fut pas le cas, et comme seuls les imbéciles ne changent pas d’avis, le rapport de l’IGF à l’origine du projet de loi Macron s’inspire largement du rapport ATTALI.
Alors que la commission parlementaire présidée par Mme UNTERMAIER n’avait pas encore rendu son rapport, l'ADLC fut chargée de rendre son propre rapport. Etrangement, alors que les professions réglementées sont sous la tutelle du ministère de la justice, Mme Taubira, garde des Sceaux et femme politique au caractère bien trempé, est totalement absente du débat.
LE RAPPORT DE L'ADLC
Le rapport récemment rendu par l'autorité de la concurrence semble frappé de la même pertinence que celui du rapport ATTALI, puisqu'il justifie que le projet de loi Macron devrait redonner du pouvoir d'achat aux français en réduisant les honoraires de notaire (quelques mois après que le gouvernement ait augmenté les droits de mutation de 0,7%), tout en notant que la perte de proximité des offices notariaux avec la population ne devrait pas être préjudiciable aux consommateurs, puisque ceux-ci ont peu l'occasion de se rendre chez leur notaire. On peut donc se demander pourquoi tant d'acharnement à faire baisser les honoraires de notaires, si cette baisse n’aura aucun effet réel sur le pouvoir d’achat des français.
La lecture du rapport prouve à quel point l'autorité de la concurrence méconnaît les professions dont elle prétend réglementer l’activité. Ainsi, pour les notaires, elle justifie la liberté d’installation par le nombre excessif de diplômés ne trouvant pas à s’installer, sans se poser la question de savoir s’il ne fallait pas plutôt modifier les voies de formation. Elle justifie cette position par des arguments difficilement compréhensibles : « Afin de concilier dynamisation de l’entrée et bonne administration de la justice liée à l’obligation d’instrumenter qui suppose de garantir une viabilité minimale des offices, l’autorité est favorable à la mise en place, comme le prévoit le projet de loi « croissance et activité », d’une liberté d’installation régulée pour tous les notaires….répondant aux conditions requises, en termes de qualification, d’honorabilité, de nationalité et de responsabilité professionnelle (assurance) ». Phrase difficilement compréhensible, dont la seule justification serait de rappeler l’obligation d’instrumenter, dont la compatibilité avec la liberté d’installation et le tarif négociable n’est pas évidente . Comment un notaire pourrait-il en effet être obligé de recevoir un acte sous-rémunéré, alors que les honoraires des actes compensant cette sous-rémunération seraient eux-mêmes réduits, si ce n'est en mettant en péril l'équilibre financier de son entreprise? . Le rapport de la haute autorité de la concurrence aurait-il pour seul objectif de servir de « voiture balai » du projet de loi Macron pour justifier des dispositions oubliées par ce projet ?
Concernant le tarif des actes notariés, le rapport préconise de les fixer en fonction du coût réel de production, augmenté d’une juste rémunération pour le professionnel. Mais il ne l’envisage que pour les actes rémunérés par des honoraires proportionnels, et laisse donc subsister le système actuel pour les actes rémunérés par des honoraires fixes. Le tout, en affirmant son attachement à la péréquation interne à chaque office entre les actes produits à perte et ceux permettant de compenser cette production à perte. Si l'ADLC avait une connaissance précise de la profession notariale, et si elle voulait conserver la logique qui semble diriger ses conclusions, il eut été préférable qu’elle préconise une augmentation substantielle des honoraires rémunérant par exemple les actes de notoriété après décès, pour compenser la baisse de rémunération des actes à honoraires proportionnels.
Mais au-delà de ces considérations factuelles, interrogeons-nous sur le bien- fondé des pouvoirs artificiellement reconnus à l'ADLC. Pouvoirs d’ailleurs renforcés depuis un amendement au projet de loi Macron.
LES POUVOIRS DE L'ADLC
-Un amendement passé - presque - inaperçu au projet de loi Macron, présenté par Richard Ferrand –cité supra- prévoit de renforcer le secret des affaires, en sanctionnant les atteintes qui y seraient portées. Selon Martine Orange (Médiapart, « Secret des affaires : journalistes et lanceurs d’affaires risquent d’être réduits au silence ») ce texte aurait empêché la sortie des affaires telles que celles de Médiator ou les implants mammaires s’il avait existé à l’époque.
-Un autre amendement mérite d’être noté ( source :site Nextimpact.com)
"À l’occasion des débats parlementaires sur le projet de loi pour la croissance et l’activité, le gouvernement entend rajouter une nouvelle rustine dans le Code du commerce. À l’article L. 450-3, il veut faire insérer cet alinéa : « [les agents de l’Autorité de la concurrence] peuvent en particulier se faire communiquer les données conservées et traitées par les opérateurs de télécommunications dans le cadre de l’article L. 34-1 du code des postes et des communications électroniques et les prestataires mentionnés aux 1 et 2 du I de l’article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique et en obtenir la copie. »
En pratique, cette adjonction permettra à ces fonctionnaires de réclamer les données de connexion et plus spécialement les factures détaillées établies par les acteurs des communications électroniques, opérateurs ou hébergeur. À ce jour, ce pouvoir est reconnu notamment à l’AMF, la Hadopi, l’administration fiscale et douanière...
Au fil des patchs, amendements et autres dispositions législatives, les gouvernements successifs ont considérablement ouvert les portes aux administrations pouvant se faire communiquer ces informations et documents, toujours en shuntant le juge. Ces données sont très vastes puisqu’elles concernent non seulement les factures détaillées (référence contrat, ADRESSE abonné, coordonnées bancaires...) mais également les données de connexion (depuis quel lieu tel abonné s'est connecté au réseau, à quelles dates, à quelles heures, sous quel identifiant - numéro téléphone ou adresse(s) IP, référence du terminal...). On surfe là avec des informations très sensibles qui permettent de reconstituer tout le réseau social d’une personne, et donc sa vie privée parfois avec un luxe de détails intimes. "
On le constate, l'ADLC devient une autorité que l'on veut artificiellement rendre incontournable.
LES MEMBRES DE L'ADLC
Penchons-nous maintenant sur la composition de l'ADLC. Comme pour la commission ATTALI, peu de membres issus de la société civile.
Ils sont tous nommés par décret sur rapport du ministre de l'économie, pour une durée de cinq ans (mandat renouvelable).
Les membres nommés en raison des fonctions qu'ils ont pu exercer dans des juridictions, ainsi que ceux nommés en raison de leur compétence en matière économique de concurrence ou de consommation , sont généralement issus de la fonction publique, et ont donc un parcours "administratif".
Seul représentant des professions juridiques, dans la catégorie « des personnalités exerçant ou ayant exercé leurs activités dans les secteurs de la production, de la distribution, de l’artisanat, des services ou des professions libérales » M. Olivier D’Ormesson, associé de Gide Loyrette Nouel de 1986 à 2003, puis de Linklarters Paris ;
La consultation du site de Gide Loyrette Nouel nous apprend que ce cabinet est spécialisé dans l’accompagnement des sociétés dans le cadre de la déréglementation et l’ouverture à la concurrence : « Gide a acquis, avec le mouvement de déréglementation mis en œuvre au sein de l’Union européenne, une expertise reconnue dans le traitement des problématiques liées à l’ouverture des marchés à la concurrence.
Cette expérience, développée auprès d’opérateurs historiques, conduit également nos équipes à assister ces anciens monopoles dans l’application des nouvelles règles qui accompagnent ces déréglementations..»
Quant au site de Linklaters, les choses sont encore plus claires : « Expérience
Olivier est spécialisé en droit communautaire et droit de la concurrence. Il a travaillé pendant 15 ans à Bruxelles et pendant 4 ans à New York. Olivier a une grande expérience du contrôle des concentrations françaises et européennes (particulièrement dans le cadre des procédures de Phase II très complexes), des pratiques anti-concurrentielles, des abus de position dominante et des aides d’état.
Il représente régulièrement ses clients devant la Commission européenne, l’Autorité de la concurrence française ainsi que devant les juridictions françaises et européennes.
Il est reconnu comme un des meilleurs spécialistes du droit de la concurrence, en particulier, dans les secteurs de l’industrie pharmaceutique, de l’informatique, des transports, de l’industrie automobile, des boissons et de l’énergie.
Les principales opérations sur lesquelles Olivier a travaillé au cours des dernières années sont :
...Plusieurs investigations menées par la Commission et l’Autorité de concurrence Française dans les locaux d’une entreprise pharmaceutique d’envergure mondiale et des procédures initiées par Commission à la suite de ces investigations».
La consultation de la fiche de M d'Ormesson sur le site de l'ALC nous permet de constater qu'il y est indiqué "Associé Linklaters Paris (responsable de l'équipe droit de la concurrence et droit communautaire ) depuis 2003". Cette mention laisse perplexe: il parait en effet inconcevable que M d'Ormesson exerce encore en qualité d'avocat, puisqu'il serait alors amené à plaider devant l'autorité dont il est membre. Même s'il n'est plus qu'associé, sans avoir d'activité de plaidoirie, le problème subsiste. S'il n'est plus associé de Linklaters, pourquoi alors laisser entendre qu'il l'est toujours ? Cela pourrait être un produit d'appel pour Linklaters ? Au surplus,curieuse pratique que celle de nommer pour exercer , en toute impartialité, une fonction dite indépendante , ceux-là mêmes qui ont tout intérêt à voir se développer un des aspects des dossiers qu'ils auront à traiter, à savoir la déréglementation .
Par contre, aucun membre issu de l’artisanat, contrairement à ce qui est annoncé, alors que les services de la production et de la distribution comptent à eux deux quatre représentants.
Où l’on retrouve le groupe Rotschild…………….
Au titre des mêmes personnalités , on trouve Mme Carol XUEREF, directrice des affaires juridiques et du développement de la société Essilor International SA. Laquelle société a réalisé en 2013 une opération de rachat dont on peut se demander si elle ne réduit pas la concurrence dans le domaine d’activité concerné : « 30 juillet 2013
Jones Day conseille Essilor International SA (“Essilor”) dans le cadre du rachat annoncé aujourd’hui des 51% d’actions détenues par PPG Industries (“PPG”) dans le groupe Transitions Optical (“Transitions”). Transitions est une joint-venture internationale constituée il y a 23 ans entre PPG et Essilor. Au terme de l’opération, Essilor détiendra 100% du capital de Transitions. Par ailleurs, Essilor rachètera également Intercast Inc., filiale de PPG, un fournisseur majeur de verres solaires, ainsi que certains actifs associés.
Carol Xueref, Directeur juridique d'Essilor, est en charge de l'opération.
L’équipe Jones Day est conduite par Jere Thomson et Wesley Johnson Jr. (Fusions-acquisitions, New York), Linda Hesse (Droit boursier, Paris), Joe Sims et Eric Morgan de Rivery (Droit de la concurrence, Washington et Paris), Warren Nachlis (Propriété intellectuelle, New York), et Scott Levine (Droit fiscal, Washington).
Le conseil juridique de PPG est Wachtell Lipton (Steven Rosenblum).
Le conseil financier d’Essilor est le Groupe Rothschild et le conseil financier de PPG est Goldman Sachs ».(information émanant du site Jones Day).
Une ex de Bercy pour représenter le monde de l'entreprise !
Autre membre dans la même catégorie, Sandra LAGUMINA, directrice générale de GrDF.
Les Echos,4 Juin 2013
« En interne, l'arrivée de Sandra Lagumina au poste de directrice générale n'a pas non plus étonné grand monde, tant cette brillante énarque, passée par le Conseil d'Etat, était identifiée depuis longtemps comme l'une des dirigeantes de GDF Suez appelées à évoluer au plus haut niveau.
Une carrière au pas de course
Elle a, il est vrai, mené jusque-là sa carrière au pas de course. Très tôt repérée par Laurent Fabius, elle devient son conseiller juridique alors qu'il est président de l'Assemblée nationale, puis entre à son cabinet lorsqu'il devient ministre de l'Economie en 2000. « Une expérience intense », commente-t-elle. Mais l'aventure s'arrête le 21 avril 2002. Sandra Lagumina rejoint alors les services de Bercy, à la direction juridique, jusqu'à ce jour de 2005 où elle reçoit deux coups de fil lui proposant le même job : directrice adjointe de la stratégie de Gaz de France. Elle franchit le pas. »
QUAND CONCURRENCE N'EST PAS INCOMPATIBLE AVEC GROS SALAIRES
Marie Laure de CHALON, PDG du groupe aufeminin.com, a un parcours moins « administratif » que ses collégues. Bien lui en a pris, sa rémunération s’en est ressentie : « En 2010, le salaire de Marie-Laure Sauty de Chalon était deux fois moins important qu'en 2011, s'élevant à 569 000 euros, contre près de 1,2 million lors du dernier exercice. Parallèlement, le chiffre d'affaires du site et son résultat net ont augmenté de plus de 13% en un an.
Dans le décompte, la présidente directrice générale d'Auféminin.com a reçu un salaire fixe de 500 000 euros et une part variable de 601 241 euros. Elle bénéficie également de la mutuelle et prévoyance obligatoire de la part d'auFeminin.com ainsi que d'une voiture de fonction, pour un montant de 16 078 euros.
Rémunération totale en 2011 : 1,1 million d'euros
CA 2011 de la société : 46,9 millions d'euros
Résultat net en 2011 : 9,725 millions d'euros » (source : journal du net . com, salaires-patrons-du-web)
Mais il est vrai que les hauts salaires sont plutôt appréciés pour donner des leçons de rigueur budgétaire aux chefs d’entreprise.
Quant au salaire de Bruno Lasserre, au titre de son poste de président de l'ADLC, il était de 183.486 euros en 2010 (plus une voiture avec chauffeur), les vices présidents percevant quant eux 125.967 euros, les salaires des cinq agents les meiux payés s'échelonnant entre 100.756 euros et 131.555 euros. (source Challenges 28/10/2010).
LES NOUVELLES ATTRIBUTIONS DE L'ADLC....
Le projet de loi Macron donne de nouvelles attributions à l'ADLC :
Tout d’abord, un rôle consultatif sur la fixation du tarif des professions réglementées, soit sur saisine, soit sur auto-saisine. Pour ce faire, l'ADLC devra définir le coût réel. Mais que sait l'ADLC de ce qu'est le coût réel d’un acte ? Qu’il doit intégrer non seulement les coûts de production directe (salaires, loyers, matériel…) mais également les coûts indirects, tels que coût de la garantie collective ou de la formation obligatoire ? Doit-il tenir compte des services annexes à la charge des notaires , sous leur responsabilité, par exemple dans la collecte des impôts (droits d’enregistrement, droits de successions, plus- values), et pour lesquelles ils ne perçoivent aucune rémunération alors que la perception de ces taxes a un coût induit pour eux ?
Ensuite, sur l’installation des professionnels, en proposant au ministère de l’économie les zones d’installation libres. Comment les membres de la HADLC pourront juger de l’opportunité des installations alors qu’ils ne connaissent pas le mode de fonctionnement de cette profession ? Sur quels critères vont-ils juger de la viabilité du projet d'installation?
......ET LES QUESTIONS QU'ELLE AURAIT DU ABORDER DANS SON RAPPORT
Et au-delà de ces questions, les apprentis sorciers qui ont élaboré ce projet se sont-ils posés les questions de la compatibilité de l'obligation d'instrumenter avec un tarif négociable? De la viabilité de la garantie collective (qui permet notamment de remettre le prix au vendeur immédiatement après la vente sans attendre la publication de l'acte) après la liberté d'installation? De la caution de la profession pour les jeunes qui s'installent, qui sera remis en cause notamment par la liberté d'installation? De la mise en faillite du système de retraite des notaires et de leurs employés, système indépendant du régime général et alimenté par un prélèvement sur les honoraires perçus?
Évidemment non, car ces questions, si elle vous paraissent cruciales, ne le sont pas pour les concepteurs de ce projet : seule les intéresse la concurrence, non sur la qualité, mais sur le prix.
Et pour être certaine d'avoir toujours raison, l'ADLC utilise tous les moyens pour accroître son domaine de compétence, en excluant tout concurrent qui pourrait se présenter.
La délégation de pouvoirs à l'ADLC, pour fixer les tarifs et superviser la liberté d'installation des professions réglementées a en effet de quoi surprendre, et pourrait s'apparenter à une véritable prise de pouvoir. Ces professions, parce qu'elles sont une émanation de l'Etat, sont en principe soumise à la tutelle du ministère de la Justice. En déplaçant leur contrôle vers une autorité économique, on dénature leur fonction et, parce que précisément elles détiennent une parcelle de l'autorité publique, on dénature cette autorité publique. Une forme de suicide sociétal.
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En complément, une affaire ayant été menée par M Macron, alors qu'il était associé chez Rotschild, après être passé par l'IGF (dont on ne sait si à l'époque il était détaché par suite de sa mise en disponibilité) et participé au fameux rapport ATTALI, qui lui avait permis de rencontrer Bruno Lasserre, président de l'autorité de la concurrence ayant été amenée à autoriser cette opération.
« Le géant de l'alimentaire Nestlé a annoncé lundi 23 avril l'acquisition de la branche nutrition du groupe américain Pfizer pour 11,85 milliards de dollars (8,98 milliards d'euros).
Le groupe suisse a estimé réaliser par cette opération "un pas stratégique pour renforcer sa position mondiale en nutrition infantile", un secteur dans lequel il est déjà fortement implanté. Environ 85 % des ventes de Pfizer Nutrition sont réalisées dans les pays émergents à forte croissance, permettant ainsi à Nestlé de parfaitement "compléter [ses] affaires existantes de nutrition infantile", selon le directeur général Paul Bulcke.
"HAUTE VALEUR"
Le rachat, qui doit encore être approuvé par les autorités de la concurrence, "contribuera de manière positive au modèle Nestlé, à la fois pour la croissance et les marges", a souligné le groupe. Nestlé a estimé le chiffre d'affaires 2012 de Pfizer Nutrition à 2,4 milliards de dollars. Selon le groupe de Vevey, "la nutrition infantile est une catégorie de haute valeur" que les marques de Pfizer viendront compléter.
Depuis plusieurs semaines, les médias faisaient état d'une transaction imminente, que le Wall Street Journal avait chiffré à plus de 9 milliards de dollars. Les analystes de la banque Vontobel avaient estimé qu'une telle acquisition augmenterait le bénéfice par action de Nestlé de 1,5 % en 2013. Le numéro un mondial de l'alimentation dispose, depuis la vente en 2010 d'Alcon à Novartis pour 51,6 milliards de dollars, d'importantes liquidités lui permettant de réaliser des acquisitions. »
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/04/23/nestle-debourse-pres-de-9-milliards-d-euros-pour-racheter-pfizer-nutrition_1689625_3222.html#PdYB1DVsFyWz5L3p.99