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Billet de blog 22 octobre 2010

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Les banques et le nucléaire

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Où va votre argent ?

Les banques à travers le monde aiment à promouvoir leurs investissements dans les technologies vertes et les énergies renouvelables. Mais il est un investissement qu'elles aiment à laisser dans l'ombre : l'énergie nucléaire.

C'est un investissement que l'on préfère taire, car il comporte de nombreux risques : risques financiers d'une part, mais aussi risques physiques de sûreté publique, de contamination pour l’environnement, d'autre part. C'est une énergie peu sûre, génératrice de déchets dangereux... et qui n'est pas rentable sans subvention publique !

Les contrats sur de nouveaux réacteurs sont de l’ordre de plusieurs milliards d’Euros. Or, les entreprises publiques des nouvelles puissances économiques comme la Chine, l’Inde ou le Brésil, principaux nouveaux marchés du nucléaire, n’ont pas toujours les moyens d’investir de telles sommes ou ne comptent pas investir de l’argent public pour acheter des centrales étrangères...Les pays exportateurs de technologies nucléaires, dont la France, ont développé des mécanismes de soutien financier à l’exportation afin d’inciter les pays étrangers à acheter des réacteurs français.

Le réseau BankTrack sur son site Internet www.nuclearbanks.org décrypte l’implication de 45 banques internationales dans le financement de projets nucléaires ou d’entreprises actives dans le secteur nucléaire. 867 transactions financières ont été répertoriées, impliquant 124 banques internationales dans le financement de 70 entreprises, pour un montant total de 175 milliards d’euros entre 2000 et 2009.

Parmi les cinq banques qui investissent le plus dans l’atome, figurent trois groupes français : BNP-Paribas (13,5 milliards), la Société générale (9,7 milliards) et le Crédit agricole (9,2 milliards) aux côtés de la britannique Barclays (11,5 milliards) et de l'américaine Citigroup (11,4 milliards).

Un risque financier non évalué

Si les banques calculent et évaluent les risques financiers pour des projets classiques, dans le cas de construction de nouveaux réacteurs, elles ne les assument pas, et donc ne les évaluent pas : « Il ne revient pas aux banques privées de financer une centrale nucléaire.(...). Il n’est pas dans nos compétences de mesurer le risque de sécurité associé à de tels projets ». Antoine Sire, directeur de la communication du groupe BNP, en 2008.

C'est donc l'État qui garantit l'investissement en transférant le risque financier de l’investisseur privé (banque en l’occurrence) vers les fonds publics, et donc les contribuables...

En savoir plus sur la garantie d'Etat

Une activité à risques pour les banques

En finançant l’industrie nucléaire, les banques mettent en jeu leur réputation : le nucléaire est, de loin, la forme de production d’énergie la plus impopulaire auprès des citoyens. Ainsi, en consentant des prêts à cette industrie, les banques se livrent à une activité à hauts risques. D’après une étude réalisée en 2005 par l’Agence internationale de l'énergie atomique (IAEA) dans 18 pays, 59 % de la population est opposée à la construction de nouvelles centrales nucléaires. Une autre étude menée en mars 2010 par la Commission européenne révèle que 52 % des Européens estiment que les centrales nucléaires représentent un risque pour eux et pour leurs familles. Seuls 17 % des Européens sont en faveur d’une augmentation de l’utilisation du nucléaire.

Les banques doivent se rendre à l’évidence : l’industrie nucléaire est mal perçue du grand public, et le soutien qu’elles continuent d’apporter à cette forme d’énergie sale et dangereuse finira par avoir un effet rédhibitoire sur leur clientèle.

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