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Billet de blog 16 février 2015

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Evasion fiscale, évasion des valeurs

La fraude et l’évasion fiscale sont triplement d’actualité en ce début de mois

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La fraude et l’évasion fiscale sont triplement d’actualité en ce début de mois, avec la sortie du film-documentaire « Le prix à payer », qui montre comment l’évasion fiscale pratiquée par les grands groupes mine la démocratie, la publication par le quotidien « Le Monde » d’une vaste enquête décortiquant les mécanismes de fraude fiscale proposés par la banque HSBC à ses clients fortunés, et la fin de non-recevoir opposée le 5 février dernier par les principaux groupes politiques du parlement européen à la proposition des écologistes et de la Gauche unitaire de créer une commission d’enquête sur les pratiques d’évasion fiscale mise en œuvre au Luxembourg. Parallèlement, un rapport de l’association Oxfam montre une concentration des richesses entre quelques mains, 1% de la population mondiale détenant aujourd’hui 50% des richesses mondiales. On voit par-là qu’en France et partout dans le monde, non seulement les riches sont de plus en plus riches, mais qu’ils se débrouillent pour le rester en échappant à l’impôt. Conséquence : la dette des Etats s’accroit, la pauvreté gagne du terrain et le monde marche sur la tête. Ainsi, les PME/PMI, qui créent des emplois et font vivre les territoires, paient plus d’impôt que les multinationales qui délocalisent vers les pays les moins respectueux des droits des travailleurs. Ainsi, les universités publiques françaises, et notamment Paris-Dauphine, dispensent une formation de qualité qui pourra être utilisée pour créer des schémas d’évasion fiscale, au détriment des services publics et, parmi eux, des universités. L’évasion et la fraude fiscales ne sont pas des dysfonctionnements du système, mais sont bien au cœur du fonctionnement économique qui n’est plus guidé que par la recherche frénétique du « toujours plus » de fric. Elles ne posent pas seulement un problème budgétaire aux Etats qui en sont victimes, mais plus profondément, des questions liées aux finalités et à la morale. Qu’est-ce qui fait société ? Peut-on profiter des biens communs et des services publics sans participer à leur financement ? Quelles sont les responsabilités de ceux qui ont beaucoup vis-à-vis de ceux qui ont peu, ou rien au point de ne pouvoir vivre dans la dignité ? A l’heure où l’on promeut les cours d’éducation civique dans les écoles, il serait pertinent de prévoir également une formation continue pour rappeler à certains adultes, et particulièrement les plus fortunés, les règles élémentaire du civisme et du vivre-ensemble… Mais on devrait aussi – et il y a urgence – prendre des mesures concrètes pour mettre un terme à ces pratiques inqualifiables.

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