Jacques DEBOT (avatar)

Jacques DEBOT

Écrivain tsigane, ni coupable, ni victime, pas innocent pour autant.

Abonné·e de Mediapart

87 Billets

0 Édition

Billet de blog 11 janvier 2015

Jacques DEBOT (avatar)

Jacques DEBOT

Écrivain tsigane, ni coupable, ni victime, pas innocent pour autant.

Abonné·e de Mediapart

Romstorie : Le harcèlement des Roms en France - Hounding the Roma in France

Jacques DEBOT (avatar)

Jacques DEBOT

Écrivain tsigane, ni coupable, ni victime, pas innocent pour autant.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le New York Times, quotidien new-yorkais distribué internationalement, l'un des plus prestigieux journaux américains s’inquiète du harcèlement que subissent les Roms en France.

Nous remercions Andréas Relieur, blogueur et contributeur sur le site Facebook « Contact Roms », site animé par Catherine Raffait, de nous avoir signalé l’article paru le 7 janvier dernier dans le New York Times : Hounding the Roma in France.

En ce qui concerne l’évènement proprement dit, cet article ne nous apporte rien de vraiment nouveau, il contextualise et relate les diverses péripéties de l’affaire ayant trait au refus du maire de Champlan d’accorder une sépulture à Francesca, petite enfant rom décédée à deux mois et demi.

Pourtant, cet article est déjà très intéressant par son titre à la traduction complexe : Hounding the Roma in France – Le harcèlement des Roms en France.  Le nom hound désigne un chien, et plus précisément, un chien de race utilisé pour la chasse, a dog of a breed used for hunting, un chien caractérisé par sa persévérance à traquer le gibier. Le verbe hound signifie traquer, poursuivre sans répit, faire passer un sale quart d’heure à quelqu’un.

Les chiens sont lâchés, c’est l’analyse qu’on va retrouver dans le texte. Le journal américain s’inquiète de la tolérance des autorités françaises envers les propos et les actes discriminatoires que subissent les Roms. Les déclarations maladroites du Premier ministre à l’égard des Roms alors qu’il était ministre de l’Intérieur en 1993 sont malicieusement rappelées. Le quotidien n’hésite pas à écrire que, face au maire de Champlan, son « indignation vertueuse » sonnerait creux (ring hollow), même diffusée sur Twitter.

La continuation par le gouvernement socialiste de la politique répressive de Nicolas Sarkozy, l’intensification des destructions d’habitation, la politique d’expulsions du territoire sont qualifiées de politiques inacceptables, (unacceptable policies), de triste réalité (sad fact).

Cette traduction révèle l’utilisation dans notre pays, à notre insu, de litotes, d’une novlangue, d’un patois de circonstance, un langage de communiquant dont les Américains ne se servent pas. Alors que chez nous, la presse et le gouvernement utilisent les termes de démantèlement de camps, la presse anglo-saxonne parle de Roms « evicted from their improvised homes », c’est-à-dire expulsés de leur foyer improvisé, expression concrète et chargée de sens. A contrario, pour les expulsions du territoire, les reconduites au pays d’origine, l’anglais ne semble pas disposer d’autre terme que le mot déportation dont la traduction littérale serait abusive chez nous en dehors de la guerre.

C’est ce miroir que tend le New York Times à notre gouvernement. Un miroir sans concession où la France n’est pas la plus belle. Le journal rappelle que notre pays va bénéficier de fonds européens importants dont une partie devra servir à financer des initiatives concernant les Roms, la lutte contre la pauvreté, la discrimination et l'exclusion sociale, ce qui obligera le Président de la République à mettre en accord ses actes et ses paroles, car pour bénéficier de cet argent, le New York Times pense qu’il faudra impérativement faire cesser le harcèlement et mettre fin aux discriminations…Ce n’est malheureusement pas tout à fait certain.

Dans le fonctionnement de nos institutions, le circuit des fonds structurels et l’encadrement de leur utilisation, leur mise en œuvre sont de la compétence des ministères concernés, en lien avec les préfets, les élus des régions et départements. Pourtant, c’est le Président de la République lui-même qui est interpellé par le New York Times, en tant que « père de la nation », comme arbitre suprême d’institutions qui n’auraient pas été suffisamment à la hauteur du rôle qu’elles devaient jouer.

Cette mauvaise image de la France que donnent les gouvernements successifs deviendra intenable à court terme. Les mises en garde, les rappels à la modération venus des instances européennes sont traités avec le sourire. La maltraitance des Roms ne faiblit pas, leurs droits fondamentaux sont négligés, les discriminations, la violence, le mépris de la loi sont hélas couramment le fait des élus et des autorités de la République.

Dans un article paru le 7 janvier 2015, journée noire pour la presse et notre pays, le New York Times, quotidien new-yorkais distribué internationalement, l'un des plus prestigieux journaux américains, sous une forme aigre-douce et cependant diplomatique, envoie aux autorités françaises un appel à la modération, lui suggère de veiller au respect élémentaire des populations roms, présentes sur notre sol.

Le New York Times pose le même constat et va dans le même sens que les institutions européennes qui ne voient pas s’améliorer la situation des Roms en France malgré les aides financières et les expertises apportées. Au contraire, les conditions de vie de ces populations, peu nombreuses en nombre, sont aggravées par les politiques de harcèlement et de discrimination.

Le partenariat avec les Roms, (il en existe quelques-uns qui savent lire, écrire, comprendre une directive…) le dialogue et la considération, la prise en compte objective de la situation dans laquelle se débattent ces laissés-pour-compte européens seraient des réponses plus humaines et surtout plus efficaces que l’envoi systématique des pelleteuses, ces tanks civils.

Les problèmes qui engluent les Roms dans la misère ne viennent pas que des Roms, ils viennent aussi et surtout de cet interminable et cruel hounding qui dure depuis si longtemps.   

Jacques DEBOT, Rom de France

Hounding the Roma in France – Le harcèlement des Roms en France

Traduction de l’article paru dans le New York Times le 7 janvier 2015 sous le titre : Hounding the Roma in France.

http://www.nytimes.com/2015/01/08/opinion/hounding-the-roma-in-france.html?_r=0

Le refus d'un maire divers-droite d’autoriser l'inhumation d'un enfant rom dans sa ville a suscité l'indignation en France. Le Défenseur des droits Jacques Toubon, s’est déclaré  "choqué et abasourdi" par l’incident et a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les faits en question. Le Premier ministre Manuel Valls a déclaré sur Twitter que « le refus d'un lieu de sépulture à un enfant en raison de son origine était une injure à ce qu’est la France. » Même la présidente du Front National, Marine Le Pen, coutumière de propos incendiaires à l’égard des étrangers, a déclaré que c’était faire preuve d’un manque d’humanité que refuser d'enterrer  un enfant.

Ces cris d’indignation vertueuse sonnent creux. Les propos et les actes discriminatoires sont de plus en tolérés en France. Monsieur Valls lui-même, alors qu’il était ministre de l’Intérieur en 2013 déclarait que les Roms de Bulgarie et de Roumanie ne pourraient jamais s’intégrer dans la société française et devaient retourner dans leur pays d'origine.

La triste réalité est que le gouvernement socialiste du président François Hollande a poursuivi les mêmes politiques inacceptables d'expulsions forcées et de déportations des Roms que son prédécesseur de centre-droit M. Nicolas Sarkozy. La France a expulsé plus de 19 000 Roms de leurs logements improvisés en 2013 - deux fois plus qu’en 2012 – et en a déporté à peu près 11000.

La famille du bébé de 2 mois, Maria Francesca, qui a succombé au syndrome de mort subite du nourrisson le 25 décembre, a vécu dans un bidonville, sans eau courante, ni électricité ni collecte des ordures. Leur communauté rom de Champlan avait déjà été expulsée par les communes voisines de Massy et Wissous. Le maire de Champlan, Christian Leclerc, a fait valoir que le cimetière était réservé aux contribuables locaux et que la famille rom, n’étant pas considéré comme résidente, ne pouvait prétendre à un emplacement. Ensuite, M. Leclerc a présenté ses excuses à la famille. Maria Francesca a été enterré lundi à Wissous.

L'Union européenne devrait allouer près de 16 milliards d'euros à la France entre 2014 et 2020, en partie pour aider à financer des initiatives concernant les Roms, y compris la lutte contre la pauvreté, la discrimination et l'exclusion sociale. Le gouvernement de M. Hollande devra mettre en accord ses actes et ses paroles, cesser le harcèlement et mettre fin aux discriminations.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.