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Billet de blog 20 mars 2011

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C'est la révolution libyenne qui le demande !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tous les dogmatismes pavloviens de la gauche de la gauche se déchaînent en refusant l'intervention militaire en Libye. Ce qui me semble un peu léger quand même non seulement eu égard à la situation mais à autre chose aussi :

Ils omettent un fait dans le confort de leur indignation toute théorique : ce n'est pas Bush et ses pétroliers qui décident de "libérer" un peuple de son tortionnaire, c'est une révolution qui demande l'intervention internationale pour éviter son écrasement sanglant et la terreur sur son peuple.

Cela mérite réflexion quand même. Peut-on d'un côté saluer à tire larigot les révolutions arabes en lançant des youyou de solidarité sur nos places et dans nos rues, et rester sourds quand l'une d'elle acculée à crever sous les bombes, demande une intervention internationale de salut public ?

Ce régime monstrueux que combat la révolution, ce sont les (monstrueux) impérialismes qui l'ont suscité, légitimé, armé surtout. Ce sont leurs armes qui écrasent actuellement une révolution et sont en passe de créer un nouveau Guernica ou un Ghetto de Varsovie. Ils n'ont de légitimité à intervenir que celle de Frankenstein à tuer sa créature. Et ils portent, ce qu'il faut dire et redire sans mêler nos voix aux Kouchner et autres BHL, la responsabilité de ces crimes par leur complicité avec le tyran. Les mêmes qui le recevaient en grande pompe pour quatre barils de plus, vont le désarmer aujourd'hui des armes qu'ils lui ont vendues ?

Et oui, la révolution leur demande, en désespoir de cause, de détruire ces armements dont ils ont doté le tyran, pourquoi pas ? Quelle autre solution? Est-ce à nous de refuser cette intervention demandée par les révolutionnaires et leur peuple acculés, au nom, certes, de justes principes et de la lucidité sur la duplicité impérialiste ? Alors que l'absence d'intervention, ne nous payons pas de mots sur les avancées et reculs des révolutions, les défaites puis les victoires à venir, entrainera à court terme l'éradication sanglante de l'espoir révolutionnaire dans ce pays avec certainement des conséquences de démoralisation sur les autres processus en cours ?Même si, part ailleurs, l'intervention internationale menée par les impérialisme brouillera les choses.

Un peuple soumis à une terreur après une révolution écrasée et ses leaders massivement supprimés, ne se relève pas avant une génération. Serions-nous des partisans de la "destruction créatrice".

Il est évident que cette demande désespérée est aussi pour eux un piège : les "libérateurs" demanderont le prix de leur intervention sur le pétrole et le futur régime libyens, et tenteront de faire de cette intervention un moyen de pression sur les autres révolutions. Ceci nous devons le dénoncer aujourd'hui comme nous devons dénoncer l'hypocrisie de ces intervenants qui ont nourri, légitimé, armé le tyran qu'ils prétendent condamner.

A nous de nous mobiliser dès maintenant pour exiger que la révolution soit dotée d'armements, pour qu'aucune occupation du territoire libyen ne s'installe, pour que l'indépendance de la révolution libyenne soit respectée, pour que ce peuple se choisisse son destin après avoir obtenu l'effondrement du système dictatorial qui est en passe de l'écraser, bref pour que le processus se poursuive.
Ce qui n'est pas gagné.

Certes ce serait plus simple si nous avions la force de faire passer armes et brigades internationales à Benghazi. Si nous avions un gouvernement de gauche que nous puissions contraindre à porter secours en se mettant au service des révolutionnaires. Les forces internationales ne se mettront pas au service, c'est sûr, elles se serviront. Mais pour l'avenir révolutionnaire lui-même, il vaut mieux un peuple délivré du tyran et des révolutionnaires vivants, qu'un peuple terrorisé et des révolutionnaires éradiqués.

Pouvons nous nous la jouer Ponce Pilate en combattant toute intervention alors que d'une part elle est demandée en désespoir de cause par les révolutionnaires acculés, en passe d'être écrasés, et que d'autre part elle peut enrayer le crime sanglant que les troupes khadafiennes sont en train de mener à son terme. Non. Que les frankenstein qui ont accouché le régime assassin de Khadafi, en soulagent les Libyens, mais ce que nous pouvons faire pour soutenir les révolutionnaires et préparer l'avenir c'est crier dès maintenant : bas les pattes sur la Libye, pas d'occupation, indépendance pour la révolution, liberté pour le peuple.

Ah c'est moins simple que de crier, en se bouchant les oreilles sur les appels des révolutionnaires libyens, et les yeux sur les crimes contre révolutionnaires : pas d'interventions en Libye ! Plus simple et ça prendra moins de temps : Khadafi règlera vite la question.

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