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Billet de blog 18 octobre 2010

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EDWY PLENEL ET LE DÉSESPOIR

  Je viens de déplorer, dans mon blog "etaussi.fr", l’absence générale, en ce moment, de l’indignation, genre Badinter au Val’ d’Hiv, ou Mitterrand aux obsèques de Beregovoy. Je me demandais où sont passés les hommes en colère.

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Je viens de déplorer, dans mon blog "etaussi.fr", l’absence générale, en ce moment, de l’indignation, genre Badinter au Val’ d’Hiv, ou Mitterrand aux obsèques de Beregovoy. Je me demandais où sont passés les hommes en colère.

Et voilà que je tombe, ce samedi soir à la télé, sur Edwy Plenel venu parler du livre consacré, par le Mediapart dont il est le patron, à l’affaire Bettencourt.

Sont présents sur le plateau: un politologue, un critique littéraire, un humoriste, deux écrivains, un auteur chanteur. Tous bien connus et reconnus du public et des médias.

Plenel dans son fauteuil d’invité dénonce, outré, la connivence du pouvoir actuel avec l’oligarchie financière. Dans son livre il en apporte des preuves irréfutables confirmé par le tribunal. Les faits qu’il rapporte mettent en évidence le bafouillage éhonté des règles républicaines, du contrat social constitutionnel de notre république.

Plenel n’a pas le tempérament d’un Badinter ou d’un Mitterrand. Plenel journaliste rapporte les faits qui parlent eux même. « Si l’on ne tombe pas de son fauteuil à la lecture de ce livre, c’est à désespérer de notre République » dit-il.

Eh bien les mêmes faits ne disent manifestement pas la même chose à tout le monde.

Car le politologue se moque ouvertement de lui en le taxant d’ayatollah trotskiste ringard bien identifié qui depuis longtemps se tromperait de l’époque.

Le critique littéraire lui reproche de vouloir faire son Watergate sans en avoir des moyens.

L’humoriste lui reproche de s’attarder sur l’état de chose que tout le monde sait, et admets gaiment.

L’écrivain lui reproche de perdre son temps à des choses insignifiantes au lieu de s’attaquer aux choses plus profondes…

Tout le monde sur le plateau s’accorde à reconnaitre au pouvoir actuel sinon le droit à mentir, escroquer, abuser, tromper, au moins le droit à l'indulgence… Puisque c'est humain, puisque de toute manière, tout le monde ment, escroque, abuse, trompe, il serait vain de passer son temps à relever cet aspect de la faiblesse humaine qui en devient un lieu commun. L’assemblée préconise de laisser le Président travailler tranquille.

Il est pourtant improbable que la même assemblée soit encline à admettre et à traiter avec la même indulgence d'autres clichés comme ceux à l'endroit de Juifs, des Noirs, des homos, des Tziganes. Nul doute qu’elle dénoncerait aussitôt, haut et fort, la xénophobie, le racisme, l’antisémitisme, la homophobie, comme si là, la faiblesse humaine n'était plus admissible.

Touche pas à mon pote, oui, mais notre République, notre contrat de vie en commun, on va pas en faire tout un fromage…

Et ce n’étaient pas les représentants des bas fonds de la population, privés d’accès au savoir, à l’éducation, à la culture, que nous avions sur le plateau mais, au contraire, plutôt le dessus de la moyenne de notre société d’aujourd’hui !

Comment alors ne pas désespérer de notre République?

À moins de se dire que notre République a assez duré et qu'il est temps d'inventer autre chose à la place.

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