Rassurez-vous, c’est une histoire de rétine, pas un coup de sang.
Une vieille histoire de focale et de profondeur de champ qui me trotte dans la tête depuis des lustres et qui m’encombre.
Alors pour m’en débarrasser, je vous la raconte et comme ça on n’en parlera plus… enfin JE ne m’en parlerai plus.
Merci d’avance.
C’est une histoire d’optimisme,
de volontarisme optimiste,
ou de résignation à l’optimisme.
Je ne sais plus.
On ne sait plus.
Et c’est justement ça cette histoire… savoir.
Savoir pour dire, pour prendre, reprendre la parole.
Et les renvoyer aux oubliettes de l’histoire d’où ils n’auraient jamais du ressortir.
Ça fait un bail maintenant que nous nous shootons aux endorphines et que nous divaguons…, un peu hagards…, de présidences ambigües en cohabitations improbables jusque dans nos refuges féodaux illusoires.
Presque 30 ans.
30 ans d’anesthésie, et de dérive dans le flot tumultueux des décisions à prendre, vite, et à assumer, longtemps ; ou plutôt 30 ans de ballotage, oui de ballotage au grès du flux et du reflux de succès et d’échecs misérables, comme autant de minuscules bouées sur un océan déchaîné.
Ça commence à devenir long 30 ans. Vous trouvez pas ?
Et puis voilà tout d’un coup qu’un énergumène se pointe… et vocifère, susurre, sous-entend, ordonne, se gausse et nous submerge d’un flot, d’un tsunami.
Il dit.
Il dit.
Il n’arrête pas de dire.
Et c’est comme un réveil de mauvais lendemains. Si, si vous savez bien…, le troupeau de bisons entre les oreilles.
Arrêtez les bisons ! Faites le taire !
Le bison est un animal dangereux, une fois lancé.
A l’arrêt aussi, mais moins.
En fait tout dépend de votre capacité d’esquive.
Tout ça nous pousse un peu vers la tauromachie, mais c’est justement où je voulais en venir.
La tauromachie et son chiffon rouge qui s’agite… comme l’autre.
Le regard embué de douleur.
La vue troublée par l’hypnotique balancement.
Et bientôt la dépouille trainée sur le sable et dans son sang…
L.U.C.I.D.I.T.E.
Zoom arrière,
Priorité à l’ouverture,
Fermeture du diaphragme,
Profondeur de champ,
Temps de pose… certain.
Yesss ! il faut un certain temps de pose.
…
…
Au fond, là bas, on distingue un cri.
- « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit » - 1789
Puis un autre.
- « Le suffrage est direct et universel. Le scrutin est secret.» - 1848
Puis un autre.
- « La République assure la liberté de conscience... - La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte... » - 1905
Et encore deux.
- « Les femmes seront électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes.» - 1944
- « L'Assemblée Générale proclame la présente Déclaration universelle des droits de l'homme comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations…, par l'enseignement et l'éducation… Article premier - Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. - 1948
Et toujours.
- « Les États parties s'engagent à respecter les droits qui sont énoncés dans la présente Convention et à les garantir à tout enfant relevant de leur juridiction, sans distinction aucune, indépendamment de toute considération de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou autre de l'enfant ou de ses parents ou représentants légaux, de leur origine nationale, ethnique ou sociale, de leur situation de fortune, de leur incapacité, de leur naissance ou de toute autre situation. … » - 1989
Tendez mieux l’oreille.
En fait de cris, se sont les notes d’une petite musique qui enfle. Entrecoupée de grands silences blancs ou submergée de vacarmes de fer assourdissants, elle est presque inaudible. Il faut être attentif.
Recoller les morceaux.
C’est pas facile. Surtout quand surgit tout d’un coup, un singe hurleur qui vocifère dans vos oreille ; qu’il se transforme sans vous prévenir en sirène charmeuse et vous la joue complice ; et qu’enfin il se met au diapason pour un plagiat en trompe l’œil.
Dur en effet d’y retrouver ses petits.
- Tendre l’oreille ou ajuster sa rétine… il faudrait savoir ?
- Les deux mon capitaine.
- Et alors, ta mise au point… elle donne quoi ?
- Il semblerait qu’en ce moment le singe foire.
- Un singe de foire ?!
- Euh… si tu voulais bien être attentif à ce qu’on te dit…
- Et la sirène ? elle est où la sirène ?
- Ben… justement, la sirène hurle et le singe foire. C’est bien ce que je te disais.
- Alors ça veut dire qu’on comprend plus rien ?
- Ouais, je crois bien. Tout le monde se bouche les oreilles et se précipite aux abris à cause de la sirène, les grimaces du singe ne charment plus grand monde et y a plus personne pour s’occuper de la musique. Ils pensent tous qu’à faire des trémolos en solo…
- Ils ont du perdre la partition ?
- Non, non, c’est pas ça. En fait c’est comme si c’était pas les vrais musiciens… ça joue, mais au diapason du plagiat.
- Ah oui, alors ça ! c’est pas normal ! On avait bien dit que c’était le plagiat qui se mettait au diapason de la musique, pas l’inverse. Y a de la triche dans ton machin ! Au bout du compte tout ça doit jouer faux ?
- Sauf que je te dis que c’est pas les bons musiciens. Et puis d’abord y a que des solistes, en fait y a pas d’orchestre. Tu sais comment c’est les solistes… briller, briller… la musique… ils s’en servent plus qu’ils ne la servent. La partition, en fait, ils ne l’ont pas perdue, ils l’ont oubliée ! Trop occupés à courir après le plagiaire.
- Alors ça veut dire qu’il faut remonter un orchestre ?
- Eh ! ça ce pourrait bien pardi !
- Et recommencer les répétitions à zéro ?
- Toi… t’as été au cinéma ?
- Oui
- Et t’as rien vu ?
- ???
- T’as pas vu qu’à la fin ils jouent sans avoir jamais répété ?
- Ah oui, c’est vrai.
- Ben là, c’est pareil. Si t’écoutes bien cette musique, tu verras. Ça se répète pas ce genre de machin. Ça te choppe, ça te lâche plus jusqu’à la fin et à la fin t’as joué le concert. Le plus difficile, c’est de retrouver la première note dans tout ce brouhaha.
- Faudrait les faire taire !?
- Ouais faudrait… on peut toujours rêver.
- Ou les mettre dans un caisson ?
- Ah Oui ! c’est ça, dans un caisson acoustique ! C’est bon ça, ça va marcher. Suffit d’attendre... Attendre, qu’ils entrent touts seuls, un après l’autre dans leur caisson.
- A mais… il est déjà là le caisson ?
- Ben… oui. Tu le vois pas ?
- Non
- Mais si ! le caisson de leur « société du spectacle ». C’est une espèce de multinationale. Parait même qu’elle est tentaculaire !
- Ah bon !?
- Et oui, c’est Michel Serres qui disait le jour de Noël, sur France Culture : « … la politique est immobilisée par la société du spectacle… il faut bien le dire. »
- Alors… si Michel Serre le dit… le jour de Noël ... Finalement t’avais peut-être bien raison, c’est qu’une question de mise au point. Zoom arrière… priorité à l'ouvert... ?!?!
A vos lorgnons !
Et très bonne, excellente année à tous.
Billet de blog 1 janvier 2010
Pour bien commencer l’année : MISE AU POINT !
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.