Douglas Carswell et David Farage © Oli Scarff/Getty Images
En ce 9 octobre 2014, David Cameron, le premier ministre britannique, aura quarante-huit ans, mais cet événement personnel ne lui laissera aucune possibilité de célébration sereine car il sera largement éclipsé par un autre d’ordre politique, l’élection partielle de Clacton-on-Sea, dans le comté d’Essex, à environ 150 kilomètres au nord-est de Londres. Circonscription créée en 2010, Clacton-on-Sea fut un port industriel florissant à partir de la révolution industrielle qui est désormais à l’abandon, avec une population vieillissante et un taux de chômage très élevé. Lors des élections législatives de 2010 donc, c’est un conservateur, Douglas Carswell qui a été élu avec 53% des suffrages exprimés et plus de 12.000 voix d’avance sur le candidat travailliste, Ivan Henderson. Mais Carswell est, depuis son élection, un eurosceptique qui veut que le Royaume-Uni quitte l’UE et le fait savoir très régulièrement.
Considérant que son premier ministre tergiversait beaucoup trop, à son goût sur ce sujet et ne donnait pas écho à sa suggestion, Douglas Carswell a lancé une véritable bombe dans le petit monde politique de Westminster, en annonçant au mois d’août qu’il quittait le parti conservateur, qu’il démissionnait de son poste de député de l’Essex, et qu’il se représentait aussitôt à l’élection partielle ainsi engendrée, mais sous les couleurs de UKIP, United Kingdom Independent Party. Carswell est très populaire dans sa circonscription de Clacton et l’engouement pour UKIP est d’autant plus grand que la panique et l’empressement frénétique, avec lequel les Tories, le Labour et les LibDems ont abandonné leur habituel théâtre feutré de la Chambre des Communes pour partir combattre le « oui » au référendum écossais, ont plongé l’Angleterre profonde dans la plus totale perplexité vis-à-vis des présumés grand partis.
Le dernier sondage donne Carswell élu avec 64% des suffrages, résultat qui serait supérieur à celui de 2010, et qui constituerait un impressionnant pied-de-nez non seulement à Cameron, mais aussi à tout l’état-major des Tories. Lesquels ont été très partagés sur l’attitude à adopter. Un certain nombre, dont le porte-parole est Nigel Evans, député conservateur de la circonscription de Ribble Valley dans le Lancashire, a émis l’idée, comme l’a rapporté le Guardian, de ne pas présenter de candidat Tory face à Carswell afin de minimiser d’une part la défection brutale de Carswell, d’autre part l’inéluctable montée en puissance de UKIP. Scénario qui n’a pas été retenu puisqu’il y aura un candidat Tory, Giles Watling, dont Boris Johnson, le maire conservateur de Londres, a fait mine d’avoir oublié le nom au cours d’une émission radiophonique, ce qui montre toute l’hypocrisie des Tories face à la suggestion de Nigel Evans. Il y aura sept autres candidats à cette même élection partielle dont on peut découvrir les visages sur ce lien de la BBC.
Cette élection partielle de Clacton-on-Sea ne va rien changer, dans l’immédiat, mais revêt une apparence symbolique, car l’arrivée de UKIP aux Communes est un embarras supplémentaire pour David Cameron et le parti conservateur, et un souci majeur dans l’optique des législatives qui doivent avoir lieu au printemps 2015.