Lorsque Dominique Conil a envoyé son message à plusieurs d’entre nous pour nous informer de la publication de L’Impossible, la première tâche sérieuse a été de trouver le nouveau mensuel. Or, Besançon a beau n’être qu’à 2h35 de Paris par TGV – incidemment la SNCF persiste à prendre ses usagers pour des attardés mentaux, puisqu’elle vante les mérites du nouveau TGV qui met Paris à 2h, mais pour rejoindre la nouvelle gare TGV en-dehors de la ville, il faut une bonne demie heure… – c’est quand même le début de la province profonde. Donc en ce 14 mars je ne m’attendais pas à trouver immédiatement L’Impossible. En ce sens je n’ai pas été déçu, puisqu’après avoir passé en revue une maison de la presse et trois bureaux de tabac, L’Impossible correspondait à son titre, avec au passage un buraliste tout droit sorti d’une bd des Bidochons et qui m’a répondu : « L’Impensable ? Jamais entendu parler ! »
Donc deux jours plus tard j’avais entre les mains l’objet recherché. Le format est agréable, pratique puisqu’on peut le garder près de soi et s’y replonger à tout moment. Le contenu est exaltant et après lecture et analyse, à la faveur d’un week-end maussade, ma conclusion est simple : achetez L’Impossible L’autre journal et surtout faites le connaître. Vous y trouverez un article de Dominique Conil en forme de carte postale de Russie, Les Indifférents, sur fond de nostalgie. Chacun, ici, connaît le talent et le style de Dominique, c’est à savourer. Il y a aussi les variations de Michel Butel, rédacteur en chef et directeur de la revue, sur les variations de définitions possibles de l’impossible, avec, en prime une injonction qui me plaît beaucoup « Ne respectez plus les puissants de ce monde, admirez des plus impressionnantes personnes . »
On y trouve aussi un portrait proprement époustouflant d’Asmaa el-Ghoul intitulé Femme Libre de Gaza. Asmaa est palestinienne, écrivaine, bloggeuse. Son courage est tonifiant. Asmaa combat, bien évidemment, ce qu’elle appelle « l’occupation extérieure d’Israël », mais dénonce avec la même vigueur « l’occupation intérieure du Fatah et du Hamas ». Asmaa se définit douloureusement comme laïque et féministe. De ce portrait, j’ai retenu ce passage terrible : « Nous subissons un siège beaucoup plus important que le siège aux frontières, le blocage des médicaments ou de la nourriture…Gaza est l’une des villes au monde qui produit le plus de diplômés et qui connaît en même temps la plus forte proportion de crimes d’honneur, d’interdits concernant les femmes. On nous empêche même de faire sécher nos sous-vêtements à l’air libre. »
Outre un excellent article de Yann Moulier Boutang L’Impossible est en cours, on croise une bd insolite et drôle, Travail Impossible, un dialogue décapant signé Delfeil de Ton entre le clown Palomar et le clown Zigomar, une série de photos magnifiques de Gilles Coulon sur la Tunisie, une petite annonce surgie de nulle part et bien d’autres choses encore. 5 euros, c’est peu pour lire et relire des signatures talentueuses, et franchement ce n’est pas impossible…