Jean-Lucien HARDY (avatar)

Jean-Lucien HARDY

retraité de la fonction publique internationale

Abonné·e de Mediapart

626 Billets

0 Édition

Billet de blog 16 mai 2015

Jean-Lucien HARDY (avatar)

Jean-Lucien HARDY

retraité de la fonction publique internationale

Abonné·e de Mediapart

Ah! Si Alain Prost découvrait la voiture à hydrogène !

De passage à Luxembourg, je trouve par hasard dans un restaurant le numéro de février 2015 d'un magazine local avec en couverture, un Alain Prost grisonnant et tout souriant.

Jean-Lucien HARDY (avatar)

Jean-Lucien HARDY

retraité de la fonction publique internationale

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je survole rapidement l'article concernant Prost (que j'ai trouvé ensuite sur internet) pour savoir s'il est question d'hydrogène. Pas du tout! Dans cet article de 7 pages, le mot "hydrogène" n'est pas mentionné.

Le nom du magazine est "Luxuriant". A priori, plus subversif que ça tu meures 😕! Sur le site du magazine, on peut lire: Depuis sa création en 2008, Luxuriant s'est installé sur le marché des médias du Grand-Duché comme la référence et le reflet de la culture et du lifestyle Luxembourgeois.

En fait, Prost était à Luxembourg pour s'occuper de son écurie e.dams de voitures de course électriques appelées "Formule E" qui selon Prost devrait représenter le nec plus ultra de la motorisation électrique.

Prost met surtout en avant le fait que la voiture électrique de course ne fait pas le bruit. Il confie : Après 40 ans de course, je supporte moins le bruit et ce capharnaüm me casse les oreilles en précisant l'avantage que cela représente selon lui : ça permet de faire de magnifique courses en plein centre de grandes métropoles. Ben voyons! Ceux qui n'aiment pas les courses de voitures n'auront qu'à faire des séjours forcés à la campagne ou ailleurs pour échapper aux courses qui bloquent la circulation au centre de leur ville!

Luxuriant: Au fait, vous roulez en électrique au quotidien ?

Alain Prost: Il faut être honnête, j'ai besoin d'autonomie, enfin beaucoup plus que 150 km, mais c'est super d'une avoir une en tant que deuxième voiture par exemple.

Là, ceux qui ont entendu parler des voitures à hydrogène se disent qu'Alain Prost est en retard d'une guerre. De fait, une voiture électrique à hydrogène a une autonomie de 500 km ou plus.

Prost aurait pu déplorer aussi le temps de rechargement prohibitif des voitures électriques à batteries, alors que la voiture à hydrogène fait le plein en moins de 5 minutes, comme n'importe quelle voiture à essence ou au gasoil.

Ignorant l'hydrogène, Prost a pourtant la prétention d'être en avance d'une guerre.

Luxuriant: Vous avez une mission de recherche et développement ?

Alain Prost: Totalement! (...) Lors des compétitions, les constructeurs vont vouloir montrer qu'ils sont les meilleurs avec des avancées technologiques révolutionnaires qui, dans deux ou trois ans, pourront être adaptées aux voitures de série.

Là, les aficionados de l'hydrogène énergétique comme moi se disent que Monsieur Prost est "totalement" décalé et que son entourage l'a enfermé dans une bulle auréolée d'auto-congratulations.

Non seulement les voitures électriques à hydrogène qu'il semble "totalement" méconnaître représente un progrès technologique grandiose par rapport aux voitures électriques à batteries, mais en outre l'hydrogène est déjà adapté aux voitures de série. Des constructeurs comme Hyundai et Toyota n'ont pas attendu la compétition pour lancer la commercialisation en série de voitures à hydrogène. Par chance, le PDG de Toyota n'a pas demandé l'avis de Prost pour mettre tout son poids dans le marketing de lancement de sa première voiture à hydrogène dont le nom "Mirai" signifie "futur "en japonais.

Alain Prost démontre dans cet interview "luxuriante" qu'il passe à côté de ce qui est sans doute la plus grande innovation technologique en matière automobile depuis la création de l'automobile, à savoir la motorisation à hydrogène. De nos jours, c'est inouï de lire l'interview d'un champion automobile qui prétend encore être à la pointe du progrès, mais qui ne parle pas de la voiture à hydrogène et semble ne pas savoir que ça existe.

Au plan de la R&D, on peut même se demander si ce n'est plutôt la F1 qui pourrait contribuer à perfectionner/diversifier la technologie de l'hydrogène avec des voitures à combustion d'hydrogène (utilisant par exemple deux réservoirs, l'un pour l'hydrogène et l'autre pour l'oxygène).

Il est permis de penser que Prost fait preuve aussi d'un manque de vision pour le Grand-Duché de Luxembourg, là où il donne l'interview au Luxuriant! Dans ce pays, bien des habitants fortunés pourraient s'offrir des voitures à hydrogène en avant-première, montrer l'exemple et aider les industriels qui sont pionniers en la matière.

Le Luxembourg compte sur son territoire les stations service qui ont le plus grand débit en Europe. L'hydrogène risque de priver le Luxembourg des revenus du pétrole. Mais l'intelligentsia financière qui dirige les politiques du Luxembourg pourrait anticiper que les taxes sur l'hydrogène remplaceront un jour les taxes sur le pétrole. Dès lors, le Luxembourg pourrait continuer à jouer le même jeu de différentiel fiscal pour continuer d'inciter les automobilistes qui traversent leur pays à faire le plein en hydrogène chez eux plutôt que dans les pays voisins. En l’occurrence, le Luxembourg aurait un rôle de pionnier européen.

Il ne faut pas oublier aussi que la France a placé une centrale nucléaire (Cattenom) à quelques encablures de la frontière luxembourgeoise. Promouvoir l'hydrogène comme moyen de stockage de l'énergie, c'est aussi œuvrer pour la disparition d'une énergie qui a déjà démontré son potentiel apocalyptique.

Si Prost était informé des voitures à hydrogène, il pourrait utiliser son image héroïque pour promouvoir les voitures à hydrogène au Grand-Duché de Luxembourg et en France.

A vot' bon cœur, Monsieur Prost ! Montrez l'exemple! Passez à l'hydrogène ! La planète et les générations futures vous en seront reconnaissantes !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.