Le 16 septembre, lors d'une session de l'Assemblée nationale, la start-up McPhy a fait des propositions pour le développement de la filière hydrogène renouvelable.
Il est rassurant de constater que McPhy (dont il fut question dans un billet précédent) devient un interlocuteur incontournable de l’innovation en matière d’hydrogène renouvelable* en France.
Les idées innovantes présentées par Monsieur Adamo Screnci au nom de McPhy sont passionnantes et méritent toute l’attention des décideurs politiques.
McPhy a identifié 3 marchés :
les véhicules électriques à l’hydrogène qui peuvent concurrencer les véhicules au diesel.
le power to gaz, où l'hydrogène renouvelable se trouve injecté dans le réseau de gaz, une solution pour stocker les surplus d’énergies électriques.
l’industrie de l’hydrogène qui produit 60 millions de tonnes d’hydrogène, occasionnant 800 millions de tonnes de CO2.
A propos du 3e marché, Adamo Screnci explique qu’actuellement l’hydrogène massivement utilisé par l’industrie est produit à partir de gaz naturel ou d’hydrocarbures. Ce n’est pas de l’hydrogène renouvelable.
Aujourd’hui, produire 1kg d’hydrogène, c’est générer 10 kg de CO2, sans compter le transport de cet hydrogène (5 kg de CO2 en plus). Dès lors, passer à l’hydrogène renouvelable, ce n’est pas seulement une nouvelle manière de stocker de l’électricité. Ce n’est pas seulement faire en sorte que les voitures électriques de demain soient propres. C’est aussi éviter de polluer pour produire l’hydrogène nécessaire pour répondre aux besoins industriels d’aujourd’hui. Selon Adamo Screnci, ce sont 800 millions de tonnes de CO2 qu’on pourrait éviter en passant à l’hydrogène renouvelable dans l’industrie.
Avec 1 kg d’hydrogène, une voiture électrique fait 100 km. A l’heure actuelle, une voiture à l’hydrogène produit environ 150 grammes de CO2 aux 100 km. En passant à l’hydrogène renouvelable, on pourrait prétendre atteindre le 0 gramme de CO2 au 100 km.
S’adressant à l’Assemblée nationale, Monsieur Screnci fait les propositions concrètes suivantes pour amorcer le déploiement de la filière hydrogène :
- déployer des bornes pour les véhicules à hydrogène dans les stations service. Il s’agirait d’équiper
- à court terme (2015), une dizaine de stations
- à moyen terme (2020), une centaine de stations
- à long terme, un millier de stations (sachant qu’il y a environ 12000 stations d’essence en France)
- un bonus de 3€/kilo pour l’hydrogène renouvelable, afin de le rendre concurrentiel comme carburant pour les véhicules.
- un bonus de 50€/MWh pour le stockage de l’électricité renouvelable sous forme d’hydrogène, afin de rendre ce stockage concurrentiel.
Un léger correctif s'impose par rapport aux explications de Monsieur Screnci qui explique que la voiture à hydrogène est une voiture électrique. En fait, il existe deux types de voitures à l'hydrogène: les voitures à explosion et les voitures électriques, ces dernières foncitonnant grâce à une pile à combustible. Ainsi, BMW qui est un précurseur dans le domaine des voitures à hydrogène avait opté d'abord pour un moteur à explosion. Il est vrai que c'est probablement les voitures de demain seront sans doute des voitures électriques à l'hydrogène, étant donné qu'un moteur électrique est nettment plus simple qu'un moteur à explosions.
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*Au plan du vocabulaire, Adamo Screnci n’utilise pas l’expression hydrogène renouvelable qui me semble utile pour désigner simplement l’hydrogène produite, sans émission de CO2, à partir de sources d’énergies renouvelables, c'est -à-dire
- à partir d’électricité photovoltaïque ou éolienne, essentiellement,
et non pas
- à partir du gaz naturel, d’hydrocarbures ou d’électricité nucléaire.