Fondateur du Théâtre aux mains nues, Alain Recoing vient de décéder à Paris. Philippe Foulquié, ex-directeur du théâtre Massalia à Marseille, rend hommage à celui qui a donné toute sa noblesse à l’art de la marionnette.

Fondateur du Théâtre aux mains nues, Alain Recoing vient de disparaître, le 15 novembre. Un dernier hommage lui sera rendu mercredi 20 novembre à 11h45 au crématorium du Père Lachaise.
Né en 1924, Alain Recoing avait commencé sa carrière avec Gaston Baty en 1948. Au fil d’une vie artistique particulièrement remplie, il avait notamment créé à la télévision l'émission Martin-Martine (146 émissions) et plusieurs grandes dramatiques, notamment avec Jean Christophe Averty, Jean Paul Carrère et Pierre Tchernia. En 1957, il fonde sa propre compagnie, le Théâtre aux mains nues, et crée La Petite Clef d'Or d'Alexis Tolstoï, au Théâtre du Vieux Colombier, dont Antoine Vitez réalise l'adaptation et la co-mise en scène. Ce sera le début d'une longue collaboration au Théâtre des Nations, au Théâtre Quotidien de Marseille, au Théâtre des Quartiers d'Ivry puis au Théâtre National de Chaillot. En 1995, le Théâtre aux Mains Nues a ouvert des ateliers de formation professionnelle de l'acteur marionnettiste ; la salle d’art et d’essai du Théâtre aux Mains Nues ouvrant ses portes en 2001 à Paris, dans le quartier Saint Blaise.
Philippe Foulquié, ex-directeur de Système Friche Théâtre et du théâtre Massalia à Marseille, lui rend ce bel hommage :
« J'ai eu trois grandes occasions de fréquenter Alain. Je voudrais saluer l'artiste, le président et l'homme.
Comme artiste j'ai eu l'honneur d'accueillir son merveilleux Faust produit au Carré Silvia Monfort, il y a quarante années. Souvenir marquant d'une grande œuvre exigeante diffusée dans une salle un peu catastrophique à Argenteuil, dont nous avions surmonté le sous-équipement à force d'acharnement partagé avec son équipe.
Plus tard, comme Président, il m'a accueilli et embauché au Centre National des Marionnettes où j'ai tant appris de l'Art des Marionnettes et de sa vitalité en France et à l'étranger, où j'ai vécu des expériences artistiques riches et souhaitables à tout le monde.
A Massalia, enfin, où j'ai pu soutenir son "la poudre d'Intelligence" du grand Kateb Yacine auprès de Marcel Maréchal qui a accepté de le coproduire au moment où l'insondable crétinerie bureaucratique décidait de supprimer la subvention d'Etat du Théâtre aux Mains nues.
Et puis enfin, ce superbe hommage à Antoine Vitez, Vitez en effigie, que j'ai accueilli pour trois représentations, série modeste et pourtant unique en France . Ce magnifique spectacle tout en virtuosité et en respect du grand Antoine, avec Jeanne Vitez et Cyril Bourgois, où Alain faisait une intervention superbe de hiératisme, comme en hommage à la Gaine.
Dans ce pays où tant de salles et de théâtres portent ce nom d'Antoine Vitez, ce spectacle va-t-il connaître une belle reprise en duo avec le Théâtre sans Toi ? Il le faut. Absolument.
Pour ce grand artiste auquel la Marionnette doit tant, un grand président qui a combattu toute sa vie pour son art et pour ses praticiens, pour ses principes. Il restera pour moi une référence artistique et éthique.
Je salue Maryse son épouse et collaboratrice de tant d'aventures. J'adresse mon amitié à ses fils. »