
On peut railler sa grandiloquence, on peut se féliciter avec condescendance de sa progression microcoscopique dans des sondages qui n'ont pas de sens, on peut remettre en cause ses chances et sa stratégie qui est de ne pas en avoir. Peu importe, finalement. Montebourg a déjà gagné. Parce que ce sont ses idées qui ont seules fait pencher le débat à gauche. C'est lui qui est identifié aux valeurs de gauches. La répétition permanente de Valls, "pour moi être de gauche c'est...", n'a pas lieu d'être chez Montebourg. Il n'a pas à se justifier d'être de gauche : il l'est naturellement.
En remettant clairement en cause les dogmes libre-échangistes, par la démondialisation, il a expliqué à des millions de Français que les Européens sont les seuls au monde à accepter la concurrence déloyale et le dumping social sans réaction. Il a expliqué, face à la crise de l'Europe, que les réponses économiques seront toujours insuffisantes car la solution est politique. Derrière les accents grandiloquents, on entend aussi des accents gaulliens qui font renaitre l'essence de notre république, notre chose commune.
Dépassant les débats de chiffres, il est le seul à proposer une alternative à l'échec scolaire. Il défend un projet novateur et révolutionnaire pour l'école, seule capable de rétablir le pacte républicain(télécharger le Projet pour l'école en pdf). Aux moyens, il ajoute les idées, et des idées d'égalité. L'égalité retrouvée à l'école, l'égalité face à la santé, l'égalité des territoires... le retour de l'Etat capable de d'assurer l'ordre social et républicain, capable de garantir l'éducation, les soins et la sécurité par le droit et non plus par l'argent.
Il n'a plus de preuves à faire en matière de lutte contre la coruption : de Chirac à Guerrini, il a été de tous les combats. Il n'a pas à s'aligner sur les standards des autres candidats, ils s'opposent tous à ses options. Il se rapproche nettement plus du Front de Gauche que des options de gouvernance social-démocrates de la ligne centriste incarnée par François Hollande ou indifférement par Martine Aubry.
Il porte, depuis longtemps déjà, la rénovation des institutions avec le projet de sixième république. Il fait la synthèse des besoins de changement qu'expriment les classes populaires, une république nouvelle batie sur la confiance et la primauté de la solidarité. Les coopératives sont une piste nouvelle d'organisation du travail et de répartition de la richesse.
Arnaud Montebourg a donc gagné les primaires, les élections. Peu importe le score, il emporte l'adhésion de la gauche et préfigure le gouvernement dont la France a besoin. Le rêve est revenu en politique, que le réalisme ou le carriérrisme sont tristes face à cela.
Dans nos rêves, Montebourg a gagné, depuis 1848.