La dette atteindrait 85,4 % du produit intérieur brut fin 2011. Ce sont les nouveaux chiffres publiés par le gouvernement et assortis d'un plan de réduction de la dette (qui devrait donc commencer à baisser, on le promet, c'est sur, dès 2013).
En attendant, cela fait toujours 85,4% d'environ 2500 milliards d'Euro, le PIB français. Si celui continue à baisser (- 3,8% entre 2009 et 2010, soit près de 100 milliards), toutes les prévisions de réduction de la dette seront d'ailleurs totalement intenables : gagner moins et rembourser plus ne permet évidement pas de s'enrichir.
Le taux d'endettement des ménages qui sert à définir leur solvabilité est fixé par les banques au tiers des revenus disponnibles. Certains sont au-delà, en particulier à cause d'un recours mal contrôlé aux crédits à la consommation, mais la règle existe. Pour les Etats, il en va autrement : ce sont encore eux, en partie, qui fixent les règles. On pourra comparer la France au Japon, endetté à plus de 150% de son PIB et dont l'économie continue de tourner, mais on peut aussi se demander si le fardeau d'une telle dette ne grève pas tout le potentiel d'action de la puissance publique. Les tensions sociales et économiques du Japon seraient certainement insupportables aux Français : la Géographie et l'Histoire du Japon porte une culture de l'abnégation dont le tsunami récent est une nouvelle illustration.
Le dette grecque s'élève aussi à plus de 150% du PIB. Sauf que personne ne fait confiance aux Grecs pour la rembourser : contrairement aux Japonais, les Grecs n'ont pas une industrie puissante et compétitive, ils n'ont pas des banques qui ont investi dans le monde entier et ils n'ont pas non plus la maitrise de technologies innovantes leur garantissant la conquête de marchés futurs dans de nombreux domaines. On ne prête qu'aux riches. La situation de la France est loin d'être celle du Japon : le déclin de l'industrie se confirme chaque année, même le secteur tertiaire se met à délocaliser en masse, l'avantage comparatif de l'énergie nucléaire est en train de devenir une impasse... On nous fait souvent miroiter le fait que la France reste la cinquième économie du monde, en oubliant que la désindustrialisation du pays finit par nous rapprocher de plus en plus de la Grèce que du Japon. Après, le taux d'endettement est quelque-chose de très relatif : ce n'est pas le montant que vous devez ou les revenus que vous dégagez qui comptent, mais bienà partir d'un certain stade, le taux d'intérêt auquel on vous prête qui compte.
Les Grecs, notés CCC, ne sont plus considérés comme solvables. Mais, chose encore impensable il y a peu, les Etats les plus puissants, comme le Japon et les Etats-Unis, ont également de plus en plus de mal à lever des fonds. Les financiers sentent que, malgré les intérêts attractifs, les emprunts d'Etat apparaissent de plus en plus comme des puits sans fond. Ils ont compris qu'ils risquaient fort de ne jamais retrouver leur capital et qu'une restructuration risquait de créer une hyppothèque sur la rente qu'il représentait.
Le crédit fait tourner l'économie mondiale. Les Etats ont utilisé cette manne pour financer les dépenses courantes et les politiques électoralistes (vis à vis des plus riches en France, mais aussi des classes moyennes supérieures), et non pas pour développer des investissement d'avenir. Le "grand emprunt" en France est l'exemple type de cette politique : on avoue que l'emprunt courant sert à fonctionner en affirment que cette dette supplémentaire sera, elle, bien utilisée. Derrière des mesures cosmétiques de suppression des postes de fonctionnaires (qui obligent à recruter en masse des contractuels finalemnt plus chers) ou de baisses des garnties sociales qui ne garantissent en rien l'équilibre des comptes sociaux, l'Etat s'évertue depuis des années à publier des prévisions économiques erronées.
Ce manque de clarté dans les comptes est plus qu'inquiétant. C'est cette démarche qui a conduit la Grèce à perdre toute crédibilité sur les marchés financiers. La France est dans la même ligne. Les prévisions de croissance irréalistes et le brouillage des comptes (chômage, temps-partiels, emplois précaires, stages à répétition, formations "qualifiantes" non rémunérées) sont autant d'atteintes à une analyse seraine de la situation économique. Sous Jospin, une croissance économique supérieure aux attentes avait été enregistrée, permettant da mettre de côté une partie de cet argent pour les retraites et de financer la prime pour l'emploi. Depuis quand cela n'est plus arrivé?
La gestion clientéliste et électoraliste de la politique par le gouvernement actuel nous conduit inévitablement vers l'impasse. La fuite en avant des Etats-Unis et du Japon ne peut pas être une solution à l'échelle de la planète. La perte de crédibilité qui touche la Grèce guette la France comme la plupart des autres pays européens si nous ne choisissons pas une augmentaion massive des impôts. Ce sont les riches qui doivent payer : taxation sociale des revenus du capital gagnés en France, nouvelle assiette de l'impôt et taxation progressive des hauts revenus jusqu'à 80%, transparence fiscale. C'est à ce prix que le budget de la nation ne sera plus grevé par les intérêts de la dette.
Rappellons que c'est la dette qui était à l'origine de la convocation des Etats-généraux en 1789.
Détruisons les nouveaux privilèges.