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Billet de blog 10 septembre 2008

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Les mots ont-ils encore un sens ?

Cela doit être l'âge. Dorénavant tout ce que j'ai appris doit être inversé.

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Cela doit être l'âge. Dorénavant tout ce que j'ai appris doit être inversé.

Depuis plus d'un an, je ne comprenais plus rien. Je pensais que ma mémoire me faisait défaut et devant la gravité de la situation je comptais consulter un spécialiste médical.Il a bien fallu se mettre à l'évidence; nous étions passés dans le Novlangue de George Orwell avec son roman "1984" transposé malheureusement en "2007". En plagiant Aldus Huxley, un état totalitaire vraiment efficient aurait la haute main sur une population humiliée, en dénaturant sa parole, ses expressions, ses mots de vie et d'espoir, en lui galvaudant ou discréditant ses symboles, en vidant de sa substance ses valeurs comme "égalité des chances", "dialogue social rénové", "développement durable", "fracture sociale", "rupture". Population victimisée qu'il serait inutile de contraindre, parce qu'elle aurait l'amour de sa servitude dans la consommation.Le mot "France" représentait pour moi l'ensemble de la collectivité vivant sur notre territoire. Aujourd'hui, grâce à notre nouveau régime présidentiel et à sa dialectique "novlangue" si particulière, ce mot caractérise les gens qui sont aux manettes; "La France qui gagne". Cette France, qui investit à l'étranger, fait vivre une population sans nom, indigente et renégate dans laquelle on retrouve tous ces fainéants, tous ces assistés ayant l'impertinence de protester, de manifester et de proposer d'autres choix irréalistes."La vraie France n'était pas à Vichy", "La vraie France, elle n'était pas dans la milice, la vraie France, la France éternelle, elle avait la voix du général de Gaulle", nous dit M. Sarkozy. Alors j'appartiens à la fausse France, à un pays sans nom car mon aïeul était pétainiste comme la grande majorité des français de l'époque.

Le mot "conservateur" représentait pour moi les gens dominant la société qui étaient pour le statu quo et contre toutes réformes. J'apprends aujourd'hui que je suis conservateur pur jus et que je suis pour l'immobilisme. Bref, en ancien français, je suis de "Droite réactionnaire". Avouez que cela fait tout de même un choc de se réveiller un beau matin en apprenant que vous êtes passé, sans rien faire, dans le camp des réactionnaires. Au fond de moi, venant d'eux, j'en suis plutôt honoré et fier.

Peut-être que dans de rares occasions, la poursuite d'une juste cause impose un acte de conservatisme, le conservatisme lui-même peut devenir une juste cause.

Mais alors ! Notre nouveau régime présidentiel avec son omniprésident est de "Gauche", peut-être même révolutionnaire, puisque qu'il prône la république irréprochable [ plus personne ne pourra faire de reproches], puisqu'il prône la réforme pour une meilleure justice sociale et une société réconcilié et participative. J'en perds mes repères et mon latin.C'est curieux ! Quand j'entends "Je ne vous trahirai pas", " Je ne vous décevrai pas", je prends ma calculette Euro+Novlangue et je comprends malheureusement le contraire. Je vous fais grâce de tous les mots qui ont changé de sens. Je ne sais même plus si je suis un citoyen ou un administré en marge de la vraie France.
le 18/05/2008

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