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Billet de blog 7 octobre 2015

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Tu, nous et vous … seulement !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’impératif est un temps de la conjugaison qui ne connaît que trois personnes : le tu, le nous et le vous.

Cela peut nous paraître une évidence qu’il n’y ait pas le « je » qui signifierait que l’on se donne un ordre à soi-même.

Mais est-ce justement si évident que cela et ne sommes-nous pas, bien souvent, conduits à nous donner à nous-même des ordres ? Et n’est-il pas préférable, en réalité, de se donner des ordres qu’en donner aux autres ou d’en recevoir ?

Faute d’une première personne à l’impératif, nous nous les formulons, in petto, en nous tutoyant. Ainsi quand, regardant avec envie un morceau de gorgonzola sur le plateau de fromage, mais en pensant qu’il serait raisonnable d’arrêter là mon repas, je me dis à moi-même « Plie ta serviette et lève-toi de table », ce comportement est légèrement étrange, voire schizophrénique, puisque je me donne un ordre comme si je m’adressais à quelqu’un d’autre.

Cette difficulté à se donner des ordres sans passer par le truchement d’un autre qui n’est, pourtant, que soi-même, est particulièrement fréquente dans le monde de la politique.

C’est certainement parce qu’il ne disposaient pas de la première personne dans l’impératif du verbe « payer ses impôts » que Jérôme CAHUZAC ou Thomas THEVENOUD ne surent pas se donner l’ordre de ne pas tricher.

Dans sa célèbre anaphore, « Moi président de la République … » François HOLLANDE parla toujours au futur … mais jamais à l’impératif, par exemple pour s’ordonner à lui-même de mettre en place la représentation proportionnelle. S’il oublia nombre de ses promesses, c’est juste parce que l’impératif ne se conjugue pas à la première personne.

Cela ne devrait-il pas faire partie d’une révision constitutionnelle : introduire la première personne à l’impératif.

Lorsque, sur une scène d’opéra, le ténor entonne un vigoureux « Courons, courons, courons … » tout en restant sur place, ne traduit-il pas que, même à la première personne du pluriel, celui qui use de l’impératif use plus du « courez … et moi je ne bouge pas » que de ce qui l’impliquerait réellement ?

Mais, au fait, pourquoi cette bien inintéressante réflexion grammaticale ?

Probablement parce que le verbe « participer », qui a donné « participatif » (Le mot peut se combiner à de nombreux autres mots fort usuels comme : démocratie ou média), est un bel exemple de cette déconnexion entre les injonctions adressées aux autres et celles que leurs auteurs s’appliquent.

Ainsi, il m’est arrivé de m’adresser à des personnes qui prônaient la participation et disposaient d’un pouvoir pour la faciliter … et de constater que, si elles disaient « participez », elles en délimitaient strictement le champ sans vouloir en discuter avec les participants et sans s’obliger, elles-mêmes, dans cette participation sur un pied d’égalité avec eux.

C’est sûrement uniquement à cause de la grammaire !

Jean-Paul BOURGÈS 7 octobre 2015

Pour  nous éloigner de préoccupations qu'on pourrait juger nombrilistes, je conseille de lire le dernier billet de LA DAME DU BOIS JOLI ... on voit le monde autrement après :

http://blogs.mediapart.fr/blog/la-dame-du-bois-joli/051015/petit-bout-dhomme

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