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Billet de blog 8 mai 2014

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Et si ça devenait enfin ça, l’Europe?

Mardi soir j’ai assisté à un défilé de mode ! Eh oui, un défilé de mode avec des mannequins parcourant un podium, habillés de robes ou de vêtements pour hommes, réalisés par des créateurs tout à fait inspirés. Pour moi qui ne suis jamais aussi heureux qu’en pantalon de velours côtelé un peu élimé enfoncé dans mes bottes,

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Mardi soir j’ai assisté à un défilé de mode ! Eh oui, un défilé de mode avec des mannequins parcourant un podium, habillés de robes ou de vêtements pour hommes, réalisés par des créateurs tout à fait inspirés. Pour moi qui ne suis jamais aussi heureux qu’en pantalon de velours côtelé un peu élimé enfoncé dans mes bottes, un panier au bras d’un côté et l’Opinel de l’autre côté, à fureter dans les bois à la recherche des champignons, avec ma chienne et mon chat explorant eux aussi le sous-bois, il y a de quoi se demander si je ne suis pas devenu fou.

Je vous rassure, je suis encore à peu près sain d’esprit, et ce n’est pas par hasard que je publie ce billet un 8 mai.

Ces derniers temps, et depuis des années, je me lamente de ce qu’est l’Europe : un monde totalement dominé par les marchands et la finance ; sans courage en face de ceux qui aimeraient que nous disparaissions … sauf en tant que consommateurs des produits dont ils voudraient nous inonder ; incapable de maintenir des règles démocratiques excluant, bien sûr, toute pensée et pratique raciste.

Mais j’en reviens à ce défilé de mode. Tout près de chez nous se trouve un lieu d’accueil d’enfants de trois à dix huit ans qui à la suite de problèmes graves ont été sortis de leurs familles par la Justice qui les a confiés, très provisoirement ou durablement, à cet établissement. Ma femme et moi, sommes assez fortement impliqués dans la vie de cette « Maison d’Enfants » parmi une belle équipe de bénévoles qui apportent une aide aux professionnels qui s’occupent magnifiquement bien des enfants (Maly y fait, par exemple, du soutien scolaire en fin d’après-midi en faisant lire les enfants du CP, CE1, CE2).

Ce défilé, réalisé au casino « Le Lyon Vert », avec tous les moyens techniques d’un défilé professionnel, a permis aux jeunes de « La Maison », de dix huit ans jusqu’à  l’âge du collège, d’endosser de fort belles robes ou des costumes masculins et de les faire admirer en parcourant le podium, soit seuls, soit accompagnés d’une personne senior de la commune, elle-même joliment habillée. Ce sont de jeunes créateurs de mode de la région lyonnaise dont le travail était ainsi présenté de façon originale. Des élèves de deux lycées professionnels du métier de la couture, les uns venant de Hambourg, les autres venant de Rome, complétaient cette magnifique opération.  

Par rapport à la morosité ambiante, à laquelle je succombe de plus en plus souvent, ce spectacle était puissamment réjouissant. Il y avait à peu près tout ce qu’on pourrait souhaiter pour les générations nouvelles en Europe. Mixité sociale ; mixité intergénérationnelle ; simplicité dans la présentation mais sans que cela manque d’élégance du geste de la part des jeunes comme des seniors qui défilèrent sans faire de chichis et en marchant normalement et non comme les habituelles poupées désarticulées ; mise en avant de jeunes talents locaux créateurs des modèles portés par ces mannequins d’un soir ; encadrement de la « Maison d’Enfants » fortement impliqué et engagé dans une action valorisant les enfants dont ils ont la lourde charge.

Le dernier modèle du défilé fut une splendide robe virevoltante taillée dans le tissu du drapeau européen avec ses douze étoiles d’or sur fond bleu.

En voyant celle qui marqua ainsi le point d’orgue, radieuse, souriante, dynamique, et probablement loin pour un instant des soucis d’une enfance maltraitée, on ne pouvait avoir qu’une envie c’est que ce soit cette image qui représente l’Europe. N’est-ce pas cela que nous avions rêvé et non la chape de plomb sans âme qu’on nous inflige ? Mais pour retrouver cet élan, celui du cœur, le seul qui vaille … ne nous faisons pas d’illusion, il faudra expulser les marchands des trônes du pouvoir où ils se sont installés en maîtres parce que nous avons été assez lâches pour les laisser faire.

Peut-on donner un signal fort le 25 mai ?

Il le faut, car reculer n’est plus acceptable, ne serait-ce que par respect pour ces jeunes de Lyon, de Hambourg, de Rome.

La vie qu’ils ont déjà subie a largement massacré leur jeune passé … ils ont bien droit, enfin, à un avenir et pas simplement aux sunlights d’un soir ! Et cet avenir ne peut en être un, qu’à condition d’être marqué d’esprit de fraternité et non de mentalité de boutiquier.

A nous tous de voter en conséquence.

Jean-Paul Bourgès 8 mai 2014

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