Jean GIRAUDOUX nous avait raconté que « La guerre de Troie n’aura pas lieu », mais, de même qu’elle eut bel et bien lieu, nous savons depuis hier soir que celle de Troyes aura bien lieu, elle aussi.
Depuis quelques temps de nombreuses personnes, et parmi celles-ci des chroniqueurs politiques très avisés, ne cessent de dire qu’évoquer une possible victoire du FN en 2017, cela revient à crier au loup … alors qu’il n’y a pas de loup.
Certes le siège à renouveler à Troyes était celui de François BAROIN, qui lui-même avait succédé à une longue série de députés de droite depuis de très nombreuses années (Depuis 1958, le PS n’emporta ce siège qu’en 1986 et 1993) et le candidat de droite l'emportera encore sûrement, mais jusqu’à présent c’était un candidat socialiste qui venait lui servir de challenger.
Hier le candidat socialiste fut séchement éliminé au premier tour et c’est un candidat FN qui viendra limiter le triomphe probable du successeur de François BAROIN, devenu sénateur et Président de l’associations des maires de France.
Si, même à Troyes, le FN peut obtenir 28 % des voix au premier tour, cessons de nous mettre des peaux d’andouillette sur les yeux, le FN est considéré par un nombre croissant d’électeurs comme un parti normal, porteur des espoirs d’un grand nombre de nos concitroyens. Cessons aussi de relativiser toutes les déroutes politiques en répétant « Oui, mais seul un électeur sur quatre a voté ». Qui nous a prouvé que tous ceux qui n’ont pas voté s’opposeront au FN ou que les électeurs du FN ont tous voté ? Pourquoi l’abstention ne toucherait-elle que certains électorats ?
La réalité c’est que l’absurdité des propositions du FN n’apparaît pas à une majorité de Français, le caractère odieux de ses thèses racistes et xénophobes ne choque pas grand monde … l’échec du Sarkozysme l’a enrichi d’électeurs convaincus que Nicoles SARKOZY n’a pas été assez à droite et sa copie du FN leur a montré qu’il n’y avait aucune raison de refuser ce virage à l’extrême-droite.
Quant à l’oubli par François HOLLANDE de ses promesses, il a fini par décrocher une partie de son électorat ouvrier qui, s’estimant trahi par un gouvernement socialiste, ne voit pas pourquoi il n’essaierait pas l’autre bord.
Lorsqu’on évoque les prédateurs les plus dangereux, c’est au lion, au tigre, au loup que l’on pense et non aux animaux vivant sous la surface des mers. Mais c’est une erreur, car même s’ils sont largement cachés à nos regards, les prédateurs les plus dangereux sont des bêtes marines. Quoi de plus sauvage qu’un orque se jetant sur des phoques assemblés sur une plage pour s’en repaître. Et, les prédateurs les plus dangereux furent, bien avant les terrestres tyranosaures, des monstres marins comme les cachalots.

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Méfions-nous de cette faune marine si dangereuse, mais que certains voudraient caresser sans se rendre compte qu’ils seront les premiers à se faire dévorer par la bête vorace.
Jean-Paul Bourgès 8 décembre 2014