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Billet de blog 17 avril 2013

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Sommes-nous malins comme des singes

 … ou bêtes comme des ânes ?Un petit entrefilet lu dans le Libé daté du 16 avril (Je préfèrerais carrément du filet, ou, pourquoi pas, du contrefilet …), nous explique une expérience amusante, mais pas aussi surprenante que cela.En 1999 un indice boursier, dénommé « Monkeydex » avait été créé pour correspondre à la gestion d’un portefeuille de valeurs mobilières sur la base de choix d’achats ou de ventes déterminés par le jet de fléchettes par une guenon de six ans, Raven.

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 … ou bêtes comme des ânes ?

Un petit entrefilet lu dans le Libé daté du 16 avril (Je préfèrerais carrément du filet, ou, pourquoi pas, du contrefilet …), nous explique une expérience amusante, mais pas aussi surprenante que cela.

En 1999 un indice boursier, dénommé « Monkeydex » avait été créé pour correspondre à la gestion d’un portefeuille de valeurs mobilières sur la base de choix d’achats ou de ventes déterminés par le jet de fléchettes par une guenon de six ans, Raven. Cet indice « Monkeydex » avait atteint de meilleures performances que des gérants de fonds d’investissements. L’expérience fut renouvelée, plus récemment, par une simulation informatique du comportement supposé aléatoire du singe, et elle montra que s’abandonner au hasard donnait de meilleurs résultats qu’en payant fort cher un gestionnaire de fonds, équipé de son immense cerveau et d’ordinateurs sophistiqués.

C’est cette information qui me conduit à poser la question qui fait le titre de ce billet : « Sommes-nous malins comme des singes … ou bêtes comme des ânes ?».

La première remarque que je ferai consiste à rétablir la vérité par rapport aux ânes … et, si je ne le fais pas aussitôt, ma femme risque de m’arracher les yeux malgré le fait que c’est moi qui m’occupe le plus attentivement de son âne, Chagall, qui broute paisiblement dans notre jardin. L’âne n’est pas bête du tout, par contre il est têtu, affectueux, lent … et doté d’une excellente mémoire. Voila, ayant assuré ma sécurité personnelle et conjugale, je peux reprendre mon propos.

Revenons-en donc à nos singes et à nos gestionnaires de fonds.

Décider d’acheter un titre ou de le vendre, se fonde sur une question simple : cette valeur a-t-elle beaucoup de chances de se valoriser ou de baisser ? Or la logique-même de la bourse fait que, si j’achète une valeur, parce que je pense qu’elle va monter, j’accrois sa demande sur le marché … et je la fais donc monter. Si je suis un petit investisseur privé, achetant cinq actions, dans un actionnariat comprenant plusieurs millions d’actions, l’effet de mon comportement est faible et même, aussi déprimant que ce soit, parfaitement négligeable. Mais, si je suis un gestionnaire de fonds qui n’achète jamais moins de dix mille actions d’un coup, tout change et j’ai l’infini bonheur de constater que quand j’achète … ça monte toujours juste après, ce qui démontre mon talent légendaire. Hélas, lorsque je commence à vendre, le cours se met mécaniquement à baisser, j’ai donc bien fait de vendre et je suis fortement incité à vendre bien vite ce qui me reste … si vous avez bien suivi mon raisonnement.

Là où la situation se corse c’est quand la communauté des gestionnaires de fonds, se fait assister dans ses prises de décisions par des logiciels, tous basés sur les mêmes algorithmes, qui leur disent, au même instant, … il faut acheter …ou … il faut vendre ! On est alors totalement sorti de l’aléatoire de notre sympathique guenon, Raven, pour entrer dans le monde des moutons de Panurge, qui, eux, sont bien l’illustration de la plus immense stupidité !

Pour me concilier de façon plus pérenne les bonnes grâces de mon épouse, je pense que, comme moi, vous déduirez que ça n’est pas gentil du tout pour les ânes, de dire qu’ils sont bêtes comme les hommes. Ils sont nettement plus intelligents que nous puisque jamais un âne ne fait stupidement comme le voisin … il sait ce qu’il veut, il le fait lentement et, comme nous par contre, il n’aime pas qu’on le fasse braire. Il le fait fort bien sans y être incité, à son heure et sans obéir à quiconque.

Jean-Paul Bourgès 17 avril 2013

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