Nous avons poursuivi notre parcours danubien par Bratislava où nous nous sommes promenés dans la ville le dimanche matin, jour de l’installation du nouveau Président slovaque, Andrej KISKA.
Dans une Europe où la consternation règne dans tant de nos pays, où la tension est poussée à son paroxysme dans certains autres - je pense en particulier à la Hongrie qui se trouve en face sur l’autre rive du Danube et où nous arriverons demain, il était assez reposant de voir l’ambiance bon-enfant qui s’exprimait ce matin dans cette Slovaquie qui va pourtant entamer un quinquennat correspondant à une situation de cohabitation. On ne peut pas dire, pourtant que la prospérité soit bien importante en Slovaquie puisque le niveau moyen des salaires correspond à ce qui, en France, caractérise le seuil de pauvreté.
Les Slovaques seraient-ils tout simplement sauvés des affres qui rongent beaucoup de nos concitoyens, à commencer par les plus privilégiés qui se penseraient déshonorés s’ils ne geignaient pas ? Mais comment et pourquoi auraient-ils échappé à ces tourments que nous connaissons ?
En parcourant cette ville, je me suis demandé si la raison n’en serait pas, tout simplement, un robuste sens de l’humour s’affichant tranquillement dans les rues.
Je vous en donne trois exemples. Les deux premiers sont reliés à Napoléon qui a laissé une trace forte et douloureuse dans cette ville (La paix de Presbourg, ancien nom de Bratislava, marqua pour la région le charcutage territorial consécutif à la bataille d’Austerlitz).
Un boulet tiré par l’armée napoléonienne a été scellé dans un mur sur la place principale. Il semble proclamer que c’est l’assiégé qui se moque pour toujours de l’assaillant en logeant, après coup, dans ses murs un boulet qui n’avait eu aucun effet lorsqu’il fut tiré,
… et une statue en bronze de Napoléon, chapeau enfoncé sur les yeux et donc ne ne voyant rien, est accoudée dans une pose ridicule sur cette même place juste devant la porte de l’ambassade de France.
La tête d’un travailleur dépassant d’une plaque d’égoût, surmonté d’un drôle de panneau de signalisation regarde les passants d’un air hilare
Le drame ne donne pas l’impression d’être le point fort de ce petit pays, qui sut même se séparer de sa demi-sœur la République Tchèque, sans heurt et en se partageant paisiblement le patrimoine commun … alors que nous semblons bien incapables de redessiner le contour de nos régions sans déclencher une avalanche de suspicions croisées, donnant ainsi raison à Jules CESAR qui pensait les tribus gauloises incapables de ne pas se disputer.
Si nous regardions davantage les autres, nous trouverions peut-être plus les ressorts positifs sans lesquels on ne fait rien.
Jean-Paul Bourgès 15 juin 2014