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Billet de blog 28 juillet 2013

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Il y en a qui préfèrent la glace fondue

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Un article, paru dans la revue « Nature » il y a quelques jours, présente l’évaluation du coût des conséquences du réchauffement climatique, faite par des économistes de Cambridge et Rotterdam.

Là où certains ont déjà l’impression d’arriver à des sommes faramineuses lorsqu’ils évoquent des chiffres en dizaines de milliards de dollars, ces scientifiques arrivent à soixante mille milliards de dollars, soit l’équivalent d’une année complète de PIB pour l’ensemble du monde. Quelle impressionnante perspective !

Avant de pousser plus loin la réflexion, tentons d’abord de comprendre ce qu’ils mettent dans ce chiffre. Il s’agit de l’ensemble des dépenses que les pays auront à engager pour réagir au phénomène correspondant à un réchauffement de l’ordre de 2°C d’ici une vingtaine d’années (Zones devenant désertiques et qu’il faudra irriguer pour qu’il puisse y rester des cultures, énormes déplacements de populations chassées de leur habitat par un relèvement du niveau de la mer, protection renforcée contre les tornades etc …).

Pour l’instant deux des effets les plus certains du réchauffement climatique résultent de la fonte de la glace de la calotte glaciaire du pôle Nord. La première conséquence serait l’ouverture d’un passage maritime permanent entre l’Europe et l’Asie. Le trajet entre l’Europe et l’Asie serait nettement raccourci et la part du transport dans le coût des produits échangés entre ces deux parties du monde en serait significativement réduite. C’est plutôt chouette disent donc certains. Ce qui fait baver d’autres industriels, c’est que sous la glace se trouverait de l’ordre d’un tiers des réserves de gaz qu’il deviendrait possible d’exploiter et pas mal de pétrole. Ceux qui s’étaient bien habitués à la chaleur du Golfe Persique, mettraient facilement des tenues d’Esquimaux pour tirer parti de ce nouvel or noir. Mais, oh !, grand malheur, la calotte glaciaire a piégé des quantités fantastiques de méthane, impossibles à récupérer, mais qui en s’échappant dans l’atmosphère vont accélérer le réchauffement climatique et l’auto-alimenter.

Chacun n’a donc pas le même avis sur l’intérêt de la glace fondue et l’affrontement entre ceux qui veulent profiter de ce que cela permet et ceux qui en voient le coût global ne fait que commencer. Cela ne changera pas d’un iota le phénomène qui en train de se réaliser à un rythme qui s’accélère. Le début de la fonte de la calotte glaciaire est dû à l’activité humaine, sa poursuite nous échappe … et l’addition devrait être lourde, conformément aux évaluations publiées dans « Nature ».

Mais cette addition m’inspire les remarques suivantes :

-          comment fait-on la différence entre une bonne dépense publique et une mauvaise dépense publique ? Dépenser mille milliards de dollars pour reconstruire une ville hors de la montée des eaux est-ce vraiment plus gênant, que de dépenser la même somme en armements … dont le mieux qu’on puisse espérer, c’est qu’ils ne servent jamais ?

-          par ailleurs dépenser de l’argent pour créer de l’irrigation, ça n’est pas jeter de bons dollars au fond de l’océan alors qu’on aurait pu faire tant de choses avec (Eventuellement fabriquer des bombes et les engins permettant de menacer le voisin de les lui balancer sur la figure). Non c’est faire travailler des milliers et des milliers de travailleurs pour creuser les canaux nécessaires et tous les dispositifs pour réguler l’irrigation. Comment penser que tout ce travail, qui signifie que ces hommes auront de quoi vivre durant ces travaux, est une œuvre inutile puisqu’on s’effare devant le chiffre global de toute cette dépense, comme si c’était ça la catastrophe ?

Il serait mieux, bien sûr, de pouvoir consacrer ces sommes à l’élévation du niveau de vie dans les pays les plus pauvres, qui seront les plus touchés par l’élévation du niveau des océans. Mais puisque nous semblons incapables d’endiguer le phénomène, je trouverais positif que cela conduise à consacrer de l’argent à une œuvre de protection de l’espèce humaine plutôt qu’à des engins de destruction de cette même espèce et il faudra bien que ce soit les plus riches qui payent … puisque c’est d’abord de leur faute.

Est-on sûr que tel sera l’arbitrage ?

Je crains que certains travaux ne soient pas entrepris, ou lancés trop tard, pour ne pas réduire les dépenses d’armement qu’on caractérise rarement comme « dépenses inutiles » ou « dépenses nuisibles ».

 Jean-Paul Bourgès, le 28 juillet 2013

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