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Billet de blog 30 mai 2014

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Un pays sous contrôle de sa nomenklatura

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans quel pays, de façon occulte, par mimétisme moutonnier, mais avec une efficacité que l’on n’observe que dans ce domaine, une nomenklatura, par réflexe de caste, réussit-elle à étouffer jusqu’à la célébration du centenaire de la naissance de quelqu’un qui n’était pas de « son monde » … mais le marqua pourtant ?

Avant de répondre à cette question, je vais faire, encore une fois, référence à Tintin dont mon propos ci-dessus m’a rappelé une vignette de « Tintin et les Picaros ». Quand Tintin lit dans le journal que le général Tapioca accuse la Castafiore d’être une comploteuse, le capitaine Haddock a une réplique que je vous redonne ci-dessous.

Mais j’en reviens plus sérieusement à mon sujet initial. Le pays que j’évoquais n’est pas le San Theodoros du général Tapioca … c’est la France en ce début du XXIème siècle !

Il y a cent ans, le 11 mai 1914, un Russe, Haroun TAZIEFF, naquit à Varsovie à l’époque tsariste. Après un parcours étonnant qui le vit devenir Belge, puis Français et même ministre de la République, il mourut en France, il y a seize ans.

Cet homme étonnant, devenu volcanologue sur le terrain en tant que géologue, n’était pas passé par le cursus classique de l’Université. Il est donc réputé par la communauté scientifique de ce secteur ne pas connaître grand-chose en matière de volcans … sauf qu’il allait dedans et qu’il avait compris que, pour comprendre les volcans il fallait analyser chimiquement et physiquement ce qu’ils crachent en gaz et en roches et c’est lui qui fit évoluer la discipline en inventant ce qui permit d’analyser l’intérieur des volcans.

Il fit partie de ce quatuor d’hommes de sciences atypiques adorés des Français : Jacques-Yves COUSTEAU, Paul-Emile VICTOR, Alain BOMBARD, Haroun TAZIEFF. A leur époque la science mondiale se déclinait encore en Français … elle ne cause plus qu’en Américain et, concernant la volcanologie, une chappe de lave est retombée sur une discipline qui ne bouge pas plus désormais en France qu’un volcan éteint.

Le conformisme de notre pensée scientifique est à l’image de notre monde politique. Tout le monde sait et voit que notre pays est gouverné par une technocratie pédante, impuissante et désormais corrompue. Mais c’est cette caste qui tient tout et qui bloque toute évolution réelle. Au moins à l’époque où Paris était un centre de la pensée politique, sociale, économique, culturelle … on pouvait commettre l’erreur d’admettre cette prétention. Mais plus rien d’important pour le monde ne se produit à Paris. C’est désormais à Pékin, à Brasilia, à Berlin, à New York que ce qui compte se passe.

Mais, pesamment assis sur leurs certitudes jamais remises en cause, les scientifiques du volcanisme, les autorités politiques, les journalistes, zappèrent avec un mépris d’ignorants le centenaire d’Haroun TAZIEFF qui en avait, pourtant, fait frémir plus d’un à l’époque où ils étaient jeunes et donc encore curieux.

Cette conspiration du silence est bien typique de nos mœurs décadentes.

A ceux qui voudraient se rattraper, je recommande la lecture du livre que son fils vient de publier aux éditions de l’Archipel sous le titre « Un volcan nommé TAZIEFF ». Ça décoiffe !

Jean-Paul Bourgès 30 mai 2014

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