L’heure de vie de classe n’est pas une nouveauté. Elle existe en théorie depuis fort longtemps. C’est en effet en 1999 que deux notes de service parues au Bulletin officiel de l’éducation nationale préconisent l’inscription à l’emploi du temps des élèves des collèges et des lycées d’une heure de vie de classe, étendue dès 2001 aux lycées professionnels[1]. En 2002, un arrêté précise que l’emploi du temps des collégiens compte 10 heures annuelles de vie de classe.[2]
La plupart des élèves ne bénéficient pas de ces heures pourtant prévues réglementairement à leur emploi du temps. Or, là où cette heure est bien inscrite à l’emploi du temps des élèves, elle offre un excellent moyen de faire aller de pair enseignement et éducation.
Dans un collège[3], le conseil de classe du premier trimestre dresse un constat préoccupant dans une division de 3e. Les résultats scolaires ne sont pas à la hauteur des capacités des élèves, et le climat est devenu détestable. Récemment les garçons se sont coalisés pour refuser de faire un devoir en classe, et ont insulté les filles qui l’ont fait. Pendant trois semaines consécutives, l’heure de vie de classe est mobilisée par le professeur principal et le conseiller principal d’éducation pour faire parler les élèves sur le climat de la casse et leurs résultats. Progressivement, de leurs échanges, émerge une proposition. Pour casser les clans et améliorer les résultats au brevet et l’orientation en fin de 3e, ils proposent de constituer des groupes d’entraide par disciplines, où ceux qui sont « bons » pourront aider ceux qui ont des difficultés pendant les heures de « trous » d’emploi du temps et lors de la pause méridienne. Ils composent des groupes mixtes, et celui qui aide dans un groupe peut être aidé dans un autre.
Informé de ce premier résultat, le Principal suggère que ces groupes travaillent au centre de documentation et d’information en autonomie, avec l’appui du professeur- documentaliste.
Le projet se met en place. Tous les quinze jours, l’heure de vie de classe permet de réguler le déroulement de ce projet. Les élèves analysent ce qui s’est passé, questionnent, suggèrent des aménagements. Les trois professionnels qui les encadrent leur présentent de leur côté leurs observations et les aident à améliorer le fonctionnement de ce dispositif d’entraide.
Quand un élève dérape par rapport aux règles de fonctionnement qui ont été établies pour le travail d'entraide en autonomie, dans un des espaces de travail du CDI, il effectue, avec l’appui du professeur-documentaliste, un travail de recherche, qu’il présente à la classe à l’heure de vie de classe suivante.
A la fin du mois de février se dégagent déjà des lignes de force. Pour les élèves comme pour leurs enseignants, le climat de la classe s’est considérablement amélioré. Les notes des élèves sont en augmentation sensible.
On le voit, l’heure de vie de classe a un lien direct avec la qualité du climat scolaire, mais aussi avec celle des résultats scolaires, dans les diverses disciplines.
Lors de cette heure de vie de classe bilan d’étape, on évoque le projet de travail autour de l’exposition Cartooning for peace. Les élèves vont avoir l’occasion de rencontrer des dessinateurs de presse de différents pays. Les professeurs et le CPE leur proposent de préparer leurs questions. Une élève demande en quelle langue il faut les préparer, pour mieux communiquer avec les dessinateurs rencontrés…
A observer la valeur ajoutée de l’heure de vie de classe à la réussite des élèves et au climat scolaire, on ne peut que souhaiter que les établissements soient de plus en plus nombreux à mettre effectivement en pratique un dispositif préconisé depuis la fin du siècle dernier. L’heure de vie de classe manifeste très concrètement par ses résultats l’intérêt d’une véritable politique pédagogique et éducative d’établissement.
[1] - Un collège pour tous et pour chacun : « Mieux vivre dans la Maison-collège »
http://www.education.gouv.fr/bo/1999/sup23/default.htm : « Une heure est inscrite à l'emploi du temps des élèves pour la vie de la classe, en moyenne tous les quinze jours, de la 6ème à la 3ème ». - Réforme des lycées : classes de seconde générale et technologique - rentrée 1999 (III - Autres dispositions nouvelles de la réforme)
http://www.education.gouv.fr/bo/1999/21/default.htm : « 6 - Heures de vie de classe Ces heures visent à permettre un dialogue permanent entre les élèves de la classe, entre les élèves et les enseignants ou d'autres membres de la communauté scolaire, sur toute question liée à la vie de la classe, à la vie scolaire ou tout autre sujet intéressant les lycéens.Elles sont inscrites à l'emploi du temps de tous les élèves. Si la fréquence et les modalités d'organisation de ces heures peuvent être variables selon les établissements, elles doivent cependant avoir lieu au minimum tous les mois et être organisées sous la responsabilité du professeur principal ou des conseillers principaux d'éducation, avec le concours des enseignants de la classe, des conseillers d'orientation-psychologues, des documentalistes et des personnels de santé. Selon les thèmes et les sujets abordés au cours de ces heures, elles peuvent être animées par des personnels de l'établissement ou par les lycéens eux-mêmes. L'organisation et le contenu de ces heures sont définis par le conseil d'administration après avis du conseil de la vie lycéenne. »
- Préparation de la rentrée 2001 en lycée professionnel (III - Développer la dimension éducative de la formation et en particulier l'apprentissage de la citoyenneté)
http://www.education.gouv.fr/bo/2001/23/default.htm CIRCULAIRE N°2001-094 « II.1.2 Un dispositif d'écoute et d'animation : l'heure de vie de classe
Vous veillerez à ce que soit mis en place à la rentrée 2001, dans tous les lycées professionnels, un dispositif d'écoute et d'animation de la vie de classe, notamment en réservant une plage horaire spécifique régulière destinée à permettre les échanges entre élèves et membres de l'équipe éducative sur toute question relative à la vie dans l'établissement.
La réussite de ce dispositif, placé sous la responsabilité du professeur principal, repose sur l'implication de tous les personnels, et plus particulièrement des conseillers d'orientation- psychologues, des documentalistes, et des personnels sociaux et de santé attachés à l'établissement.
Il s'agit d'instaurer un dialogue régulier permettant d'améliorer la communication au lycée, de favoriser la réussite des élèves et de lutter contre toute forme d'incivilité. »
[2] http://www.education.gouv.fr/botexte/bo020221/MENE0200056A.htm
[3] Mes remerciements chaleureux à la direction, aux personnels et aux élèves du collège A. de L., qui m’ont donné l’occasion d’observer la mise en œuvre de l'heure de vie de classe.