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Billet de blog 1 juin 2012

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La crise ''de la dette'' : la dramatique méconnaissance des LOIS de l'économie internationale (1/3)

Jean TRAMUSET

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Outre la LOI qui commande (impératif catégorique !) que LA monnaie internationale dont la mondialisation a conceptuellement besoin soit (techniquement et non pas politiquement !) une monnaie supranationale qui sera la monnaie des monnaies nationales (lesquelles doivent évidemment continuer d’exister -on comparera avec l’€ tel que, si stupidement, il a été conçu), LOI dont, ici, nous ne dirons rien de plus (ça n’est pas directement notre sujet), les deux autres LOIS de l’économie internationale (l’économie de l’échange des ‘’productions nationales’’ –savoir ces productions libellées en $, en €, en Yens, etc. …) sont les suivantes :

1° quand un pays emprunte 100 en devises, instantanément son endettement est de… 200 ; c’est la Duplication de l’Endettement Transnational des Pays (DETP) ;

2° quand un pays paye 10 d’intérêts en devises au titre de son endettement transnational, en réalité, ce que son paiement lui coûte (en devises), c’est… 20 ; c’est le Double Paiement des Intérêts Transnationaux (DPIT).

Qui ne comprendra que ces deux dernières LOIS sont au cœur de la crise ‘’de la dette’’ ? Ici donc, impossible de ne pas entrer dans les ‘’détails’’.

La Duplication de l’Endettement Transnational des Pays (DETP)

Ceci pour simplifier, soit le monde comme consistant dans les deux seuls pays A et R (R pour ‘’Reste du monde’’).

Ce que la DETP signifie de proche en proche est que lorsque A emprunte 100 à R en devises, en réalité, les 100 que A reçoit de R au titre de son emprunt, c’est… A, A lui-même qui les fournit.

‘’Un pur délire’’ ?

Or si, A empruntant à R, ce qui est nécessaire (NECESSAIRE !) est qu’en effet, ce soit… A qui paye ; ceci parce que c’est l’imparable logique de ‘’la Balance des Paiements’’ des pays.

A cet égard, commençons par répéter (voyez ce que disent TOUS les économistes –qu’ils soient ‘’atterrés’’ ou non !) ce  qu’il en est de la ‘’Balance des Paiements’’ (d’un pays).

La ‘’Balance des Paiements’’ (d’un pays) étant ‘’toujours équilibrée’’, cela signifie qu’ ‘’aucune opération (dont une telle balance fasse état) ne peut avoir lieu sans avoir été financée’’. Dit autrement, cela signifie qu’aucun crédit (montant inscrit dans la colonne de gauche de la B de P d’un pays) ne peut exister sans un débit équivalent, le montant de ce débit (équivalent) étant cette fois inscrit dans la colonne de droite de la B de P du pays considéré (et réciproquement : dans la B de P d’un pays, aucun débit ne peut exister sans un crédit équivalent).

A ayant emprunté 100, soit alors la façon dont la B de P de A va rendre compte de l’opération.

A cet égard, A ayant emprunté 100, aucune contestation n’est possible : ces 100, il les a reçus de R. La colonne de gauche de la B de P de A (son côté ‘’crédit’’) se trouvera donc créditée de 100.

Soit alors <<la contrainte de l’équilibre>> qui pèse sur la B de P de A (cf. supra) ; comment cette contrainte peut-elle se trouver satisfaite ? Dit autrement : la B de P de A étant créditée de 100 (parce que ces 100, ils ont été prêtés à A par R, et que ces 100, A les a reçus –sinon, impossible de dire que R les a prêtés à A !), de quoi sa B de P doit-elle être (NECESSAIREMENT) débitée ?’’

Imaginons qu’on réponde : ‘’par une reconnaissance de dette de 100 signée par A à R’’.

Sauf que, et là aussi, c’est au-delà de toute contestation, une reconnaissance de dette de 100 ne vaut pas un paiement de 100 : tel ne sera JAMAIS le cas.

A ayant emprunté 100, sa B de P ayant donc été créditée (dans sa colonne de gauche) de 100 en espèces sonnantes et trébuchantes, la seule solution ici est que, dans le même temps (DANS LE MÊME TEMPS !), la B de P de A soit, cette fois dans sa colonne de droite, débitée de 100, là aussi en espèces sonnantes et trébuchantes.

‘’Oui, va-t-on dire ici, tout cela est bien beau, voire ‘’logique’’… Mais cette <<seule>> solution, quelle forme concrète peut-elle prendre ? N’est-ce pas, A ayant emprunté 100 (et A, de ce fait, ayant été crédité de 100) comment se peut-il que, ‘’dans le même temps’’, quand bien même cela soit ‘’nécessaire’’,  A puisse être débité de 100 ?’’

Or si ce que l’on dit est qu’un prêt de R à A NE PEUT PAS être une écriture qui, dans la B de P de A aille (dans ce sens-là) du crédit de A VERS son débit, c'est-à-dire une écriture disant que c’est R qui a payé ce qu’il a prêté à A. Pourquoi ? Mais parce que, lorsque 100 sont prêtés à A par R, ces 100, A, évidemment, DOIT en disposer ; impossible donc que A étant crédité de 100, en même temps, il en soit débité : il n’aurait rien !

La conséquence est donc que, 100 étant prêtés à A par R, l’écriture de ce prêt DOIT être une écriture qui, dans la B de P de A, aille du débit de A VERS son crédit, c'est-à-dire une écriture disant cette fois que, R prêtant 100 à A, en réalité… C’EST A QUI PAYE CE QUE R LUI PRÊTE.

Quoi, objectera-t-on aussitôt, mais A n’a rien pour payer ?

Or si ce que l’on ajoute est que le paiement de A est l’utilisation (la dépense) par A des devises d’un (1ER prêt) IMPLICITE que lui a accordé R, cette dépenses de A ayant précisément pour fonction d’alimenter le prêt EXPLICITE (un 2EME prêt !) que R accorde à A.

‘’Pure représentation’’ que tout cela ?

Or si (que l’on ARGUMENTE contre ce que je dis !) ce qui était ‘’pure représentation’’ était justement de voir ‘’tout cela’’ comme… ‘’pure représentation’’ ? 

N’est-ce pas (que l’on se souvienne ici de <<la contrainte de l’équilibre>> qui pèse sur la B de P des pays), ne faut-il pas que A empruntant 100, sa B de P se trouvant de ce fait créditée, sa B de P se trouve AUSSI débitée ? Et ‘’tout cela’’, savoir que, lorsque A emprunte EXPLICITEMENT 100 à R, c’est… A qui fournit ces 100, la dépense par A des devises apportées à A par un AUTRE prêt de 100 de R à A (un prêt IMPLICITE) ne le permet-elle pas ?

A cet endroit, répétons l’objection selon laquelle : ‘’il manque les 100 de devises apportées à A par le prêt implicite que, pour que R puisse prêter à A, R a dû lui accorder’’.

Or, ceci ‘’par définition’’ d’un prêt, les 100 que le prêt EXPLICITE de R à A apporte à A, ces 100-là, ce prêt EXPLICITE de R à A ne les lui apporte-t-il pas ?

Sauf qu’aussitôt, 100 étant le montant d’un prêt EXPLICITE accordé à A par R, et le paiement de A à R que ce prêt implique (par l’utilisation des devises qu’un nécessaire -1ER- prêt implicite de R à A lui a apportées) N’ETANT PAS le remboursement et donc l’extinction de ce 1ER prêt (répétons que ce paiement est l’aliment du prêt EXPLICITE que R accorde à A), la mise en place du prêt EXPLICITE de 100 de R à A se traduira bien instantanément pour A par un endettement de… 200 : 100 de prêt EXPLICITE + 100 de prêt IMPLICITE, prêt qu’en effet le paiement de A n’aura pas remboursé : ce (1ER) prêt, on pourra dire ‘’au contraire’’ que le paiement de A le ‘’consolidera’’.

CQFD !

Tout cela est ‘’bien trop théorique’’ pour être vrai ?   

Or, soit la période courant de l’année 1990 à 1996 bornes incluses (donc d’une durée de 7 années), période que l’on pourra donc qualifier de ‘’significative’’.

Ce qui apparaît à l’issue de cette période (cf. les statistiques de la World Bank, et précisément celles tirées des Global Development Finance des années 1997 et 1998) est que les 130 ‘’Developing Countries‘’ (en français les 130 ‘’Pays en Voie de Développement’’ –PVD dans la suite) ont financé leurs ressources (tous postes compris : 2 272 milliards de $) en empruntant 1 404 milliards de $.

Revenons à ce que dit la DETP (cf. supra).

Ce qu’elle dit est que ces 1 404 milliards de $ de prêts, en réalité, ce sont… les PVD eux-mêmes qui les ont payés !

C’est ‘’totalement absurde !’’ ?

Or, soit toutes les sommes dont, sur la même période, les PVD ont été débités au titre du ‘’remboursement’’ de leurs prêts non encore amortis. ALORS MÊME QU’ELLES AURAIENT PU ÊTRE DE N’IMPORTE QUEL AUTRE MONTANT (le pays P empruntant 100 l’année A, en effet, pourquoi –grand dieu !- faudrait-il que, la même année, le pays P rembourse 100 ?), ces sommes représentent… 1 370 milliards de $, c'est-à-dire, à… 2 % près (2 % !!!!), les 1 404 milliards de $ que, sur la même période et ainsi qu’on l’a dit, les PVD ont empruntés !

Et ça n’est pas tout !

C’est qu’il est bien d’autres preuves (théoriques et statistiques) de la DETP. Au premier rang desquelles : le… Double Paiement des Intérêts Transnationaux (DPIT). Ben oui, la duplication de l’endettement des pays ne DOIT-il pas conduire au fait que lorsqu’ils payent les intérêts de leur endettement, leur paiement soit égal à deux fois celui qu’ils auraient dû faire !

Mais ne dit-on pas qu’à chaque jour suffit sa peine ? S’agissant du DPIT, si vous le voulez bien, ce sera donc pour la semaine prochaine.

Jean Tramuset

PS (c’est le cas de le dire !)

Soit la DETP, et, en regard, soit ces ‘’politiques’’ qui, aujourd’hui, face à la crise ‘’de la dette’’, sont menées par toutes les droites et toutes les gauches ; en clair, soit ces ‘’politiques’’ qui, au motif qu’ ‘’il faut faire des économies’’ font prospérer… le chômage massif : comment ne pas instantanément comprendre dès aujourd’hui (pas besoin d’attendre ‘’la semaine prochaine’’ !) que, à la lettre, toutes ces ‘’politiques’’ sont ‘’débiles’’ ? N’est-ce pas, et si, au lieu de gérer à la petite semaine l’explosion quotidienne du chômage, tous les politiciens (de gauche comme de droite) commençaient par se poser la question de savoir ce qu’il en est de l’endettement REEL (c'est-à-dire SIMPLE -non pas DOUBLE !) de leurs pays.   

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