Le pays A payant 10 d’intérêts (en devises) au titre de ses emprunts ‘’internationaux’’, la confirmation irréfutable que, ce faisant, il perd 20 (de devises) tient en ceci (que révèlerait l’examen attentif des statistiques relatives aux paiements transnationaux –ou, moins rigoureusement : ‘’internationaux’’- de n’importe quel pays) :
1° A perd 10 (en devises),
2° la dette NETTE (sans contrepartie en devises) qui commandait le paiement de A (car telle est bien ce qu’est une dette d’intérêts : une dette qui n’apporte pas de devises –sur ce point précis, que l’on compare avec la dette qui, pour un pays, résulte de l’emprunt par lui auprès d’un autre pays d’un capital) N’EST PAS affectée par son paiement : après paiement, l’endettement net de A sera toujours de 10.
Et en effet, si le paiement d’intérêts de 10 par le pays A lui fait AUSSI ‘’gagner’’ une dette nette (sans devises) de 10 (d’où ce résultat qu’au total, son endettement net ne sera pas affecté par son paiement), ce qu’il faut dire est bien qu’ayant déjà perdu 10 en raison de son paiement, EN OUTRE il aura perdu les 10 de devises que la dette nette que son paiement lui aura fait ‘’gagner’’ ne lui aura pas apportés.
L’une des (très !) nombreuses (et difficiles !) questions posées par le DPTI est de savoir comment, A peut bien procéder pour rembourser une dette nette (sans devises).
Imaginons par exemple que ce que l’on dise soit que A exporte (des marchandises ou des titres à sa dette). Allons alors jusqu’au paiement par A de sa dette (nette) d’intérêts. Elle aura été payée ? Oui mais (instantanément !) au prix de l’annulation du paiement (pour lui, créditeur) des exportations qu’il aura faites pour pouvoir payer. D’où la conclusion : payant 10 (par exemple) d’intérêts, ce qu’il faudra dire est qu’en même temps (en même temps !), il aura fait 10 d’exportations GRATUITES ; bref, payant 10 d’intérêts, il aura perdu… 20 !
La seule (bonne !) réponse à la question posée est (évidemment !) que, pour payer une dette (nette) d’intérêts A empruntera 10 ‘’en bonne et due forme’’, c'est-à-dire contre 10 en devises.
Sauf qu’alors (cf. notre précédent billet sur la Duplication de l’Endettement Transnational des Pays –DETP- donc celui daté 01/06/12) l’endettement de A sera de… 20, ceci, rappelons-le, parce que, NECESSAIREMENT, l’emprunt EXPLICITE de 10 que A aura dû faire requerra de sa part un emprunt IMPLICITE pour le même montant, emprunt implicite (de A) dont nous savons qu’il est ce par quoi le prêt EXPLICITE fait au pays A par son prêteur (mettons le pays R) a été financé… PAR A LUI-MÊME (!) ; ceci se traduisant concrètement dans la B d P de A par le fait (un FAIT !) que l’écriture de crédit pour 10 qui rendra compte de son emprunt EXPLICITE à R se trouvera bien, instantanément, compensée par une écriture de débit de même montant (10).
Mais poursuivons…
A ayant (dû) EXPLICITEMENT emprunter 10 (‘’en bonne et due forme’’) pour payer 10 d’intérêts (d’où, ainsi que rappelé au paragraphe précédent, l’écriture de crédit/débit pour 10 de sa B d P), soit alors l’hypothèse qu’avec ces 10, A a payé ses intérêts.
La conséquence de ce paiement (un paiement réalisé, notons-le soigneusement) sera que, dans sa colonne débit, la B d P de A enregistrera un (nécessaire !) NOUVEAU débit de 10.
D’où cette autre difficulté du DPIT : cette nouvelle écriture de débit de la B d P de A comment, ‘’à la régulière’’ (c'est-à-dire sans aller farfouiller dans le chapeau d’un magicien), trouver ‘’quelque chose’’ dont ce qui pourra être dit sera ceci : ‘’oui, en effet, ce quelque chose à quoi vous recourez ici peut, légitimement, être le (NOUVEAU) crédit de ce NOUVEAU débit’’ ?
Or, A ayant payé 10 d’intérêts à R, soit le prêt IMPLICITE requis par le prêt EXPLICITE de 10 que A a dû faire auprès de R pour pouvoir payer (cf. supra).
Ce qui se trouve (qui, ici, est évidemment fort heureux : personne ne pourra nous accuser de recourir au ‘’Saint Esprit’’ !) est que, A payant des intérêts internationaux, l’implicite de son paiement, cela même, la B d P de A va… l’expliciter !
On l’aura compris, ici, nous allons redonner la parole aux statistiques.
Nous l’avons dit dans notre billet du 01/06/12 (cf. ce billet) : de 1990 à 1996 (bornes incluses), les PVD ont emprunté (dans le vocabulaire de la World Bank, ce sont leurs ‘’Loan Disbursements’’) 1 404 milliards de $, ce montant (observé !) figurant au crédit de leur B d P.
Or, considérons le fait que, sur la même période, les PVD ont, de leur poche (on ne comptera donc pas les intérêts qu’ils ont payés par les dons –grants- qui, sur la période, leur ont –GRATUITEMENT !- été faits pour un montant de 217 milliards de $) payé 544 – 217 = 327 milliards d’intérêts.
Tenons-nous en à ce que nous venons de dire sur le paiement des intérêts compte tenu du jeu de la DETP ; ce que nous présumerons donc ici est que, dans la B d P des PVD, les 1 404 (milliards de $) empruntés par eux s’analysent de la façon suivante : 327 de prêts explicites + 327 de prêt implicites… explicités par la B de P des PVD (cf. supra) + 750 (ces 750 étant le résultat de la soustraction 1 404 – 2 fois 327).
Passons maintenant à ce que, sur la même période, ceci conformément à tout ce que nous savons de la DETP et du DPIT, les PVD ont DÛ ‘’rembourser’’.
Ce que nous présumerons donc maintenant sera que les ‘’remboursements’’ des PVD sur la période ont été de 750 (ce débit correspondant aux 750 dont la B de P des PVD a été créditée au titre des prêts qui leur ont été faits) + 327 (là aussi, c’est le débit des prêts explicites de 327 dont les PVD ont eu besoin pour payer leurs intérêts et dont la B de P des PVD a été créditée) + 327 (montant des intérêts payés par les PVD au titre de l’amortissement de leur endettement transnational). Total : 1 404, c'est-à-dire (évidemment !), le même montant que celui dont la B de P des PVD a, sur la même période, été créditée.
Sauf que (bien entendu !) là n’est pas le ‘’scoop’’ ! ; le ‘’scoop’’ (authentique !) est que, si cette fois l’on observe le montant dont la B des P des PVD a REELLEMENT (et NON PLUS THEORIQUEMENT) été débitée, le montant trouvé est … 1 370 milliards de $, c'est-à-dire, à … 2 % près (2 % !!!!) le montant de 1 404 milliards de $.
A cet endroit, on peut passer à la ‘’dernière’’ difficulté posée par le DPIT (et par la DETP) : admettons que le prêt explicite fait à A par R pour que A puisse payer ses intérêts soit financé par un prêt implicite de même montant de R à A, ce prêt implicite faisant instantanément que l’endettement de A sur R va être du double de celui qu’il aurait dû être.
Mais, objectera-t-on, le prêt explicite fait par R à A étant financé par un (UN !) prêt implicite de R à A, ce qu’il sera seulement possible de dénombrer dans l’opération c’est… UN prêt AVEC DEVISES, insistons-y : un SEUL !!!!
S’agissant du cas des PVD entre 1990 et 1996 la question (excellentissime !) est donc la suivante : comment un prêt de 327 (milliards de $) a-t-il bien pu leur apporter 2 fois 327 milliards de $, ceci pour faire que, sur la période, les PVD aient en effet pu payer leurs intérêts DEUX fois ?
Ne l’oublions jamais, A payant des intérêts, la question qui se trouve posée est : A payant une dette nette, c'est-à-dire payant sans avoir rien pour payer, comment A a-t-il bien pu payer ?
Nous l’avons dit quand, au début de ce billet, nous avons expliqué ce que signifie le DPIT, A payant ses intérêts (ce qu’il ne peut faire qu’en empruntant), le nouvel endettement net qui, à l’échéance de ces intérêts, s’est formé sur la tête de A pour commander son paiement N’EST PAS affecté par son paiement.
A payant, d’où son 1er paiement, il ‘’gagne’’ donc une dette nette (c'est-à-dire une dette sans les devises que, normalement, une dette apporte à celui qui la contracte). Il perd donc une deuxième mesure de devises : c’est son 2ème paiement. Et bien que ne perdant qu’une mesure de devises, EFFECTIVEMENT (non ?), il en perd bien… DEUX !!!!
(D)étonnant non ?
Jean Tramuset
PS : vraiment désolé pour la (nouvelle) prise de tête ; ben oui que voulez-vous, sinon tout le monde le saurait (y compris le moindre des ‘’Atterrés’’ –sans parler de ceux qui les commentent), c’est un peu plus difficile à comprendre qu’ ‘’indignez-vous !’’. Cela dit, rassurez-vous, la semaine prochaine (où, ceci pour résumer mes deux billets sur la DETP -prononcer ‘’dette’’- et le DPIT -prononcer ‘’dépit’’- ET en hommage à Bernard Schmitt –à jamais, LE Découvreur du ‘’Théorème de l’intérêt’’), je proposerai l’énoncé de ce qu’il me semble justifié d’appeler ‘’le Théorème de l’Endettement Transnational des Pays’’). Je vous le promets solennellement, ce sera bien plus simple (et bien plus court !). A plus ?