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Billet de blog 6 juin 2015

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Auditer la dette grecque ? Non ! (FOUTAISE!) : comprendre pourquoi, la Grèce empruntant 100 €, aussitôt, sa dette est de 200 €

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

1 - D’abord ce ‘’consensus universel’’ :

’La monnaie, c’est un actif ; dit autrement, ceci d’une façon absolument claire : la monnaie est ce qui, dans un paiement, vient en contrepartie de ce qui est payé’’.

2 - Ensuite, l’hypothèse étant que l’Allemagne prête 100 € à la Grèce, d’où, sur la base du ‘’consensus universel’’, le schéma ci-après de ce prêt… :

Schéma n° 1

… ce qui suit.

L’Allemagne prêtant 100 € à la Grèce, on est donc rigoureusement devant l’échange de 100 € contre… des mots (on parlera dans la suite de ‘’JVD’’ –‘’Je Vous Dois’’).

Soit alors ce que l’Allemagne donne vraiment à la Grèce.

Ça ne souffre aucune discussion : lui donnant explicitement 100 € et lui en abandonnant implicitement 100 autres (puisque, contre 100 €, l’Allemagne ne reçoit ‘’rien’’ –seulement des mots !) elle lui donne… 200 €.

On peut maintenant entrer dans le vif du sujet…

3 - Commençons par faire l’hypothèse que, au titre de telle période p, les balances des paiements de la Grèce vis-à-vis de l’Allemagne et (réciproquement) de l’Allemagne vis-à-vis de la Grèce soient telles que, sur cette période p, ce que l’on doit dire est que les ventes de l’Allemagne à la Grèce ont dépassé les achats qu’elle lui a faits de 100 €, ou (identiquement) que les achats de la Grèce à l’Allemagne ont été supérieurs de 100 € aux achats que l’Allemagne a faits à la Grèce.

Ce qui l’a rendu possible ?

La chose est absolument certaine : c’est un prêt de 100 € de l’Allemagne à la Grèce.

Alors, ce qui est non moins certain, c’est que, faute de ce prêt sur la période p, jamais, sur cette période, la Grèce n’aurait pu effectivement acheter à l’Allemagne pour 100 € de plus que ce que l’Allemagne lui a acheté.

Conclusion ?

C’est sans conteste : l’Allemagne prêtant 100 € à la Grèce, nécessairement, ce prêt de 100 € de l’Allemagne à la Grèce a été un paiement de la Grèce à l’Allemagne.

Conclusion de la conclusion ?

C’est tout aussi indiscutable : l’Allemagne prêtant 100 € comme actif à la Grèce, instantanément, les 100 € que l’Allemagne prête à la Grèce sont… en Allemagne !

Aussitôt, l’Allemagne prêtant 100 € comme actif à la Grèce, le schéma n° 1 de ce prêt doit être corrigé comme suit :

Schéma n° 2

4 – L’Allemagne prêtant 100 € à la Grèce, le résultat est donc que 1° la Grèce porte une dette de 100 €, 2° la Grèce… n’a pas les € qui lui sont prêtés !!!!

Sauf qu’ici, c’est tout simplement... abracadabrantesque : l’Allemagne prêtant 100 € à la Grèce, évidemment, tant que la Grèce n'a pas remboursé l'Allemagne, ce qu'il est impossible de faire, c'est de considérer que la Grèce ne dispose pas des 100 € que l’Allemagne lui a prêtés ! ; sachant que si, cela, on le considère, alors, ce qu'il faut dire, c'est que l'Allemagne a été remboursée de son prêt... ce qui n'est aucunement le cas ! 

D'abord, ceci sur la base de cette vérité (établie au § 2 ci-dessus) que, l’Allemagne prêtant 100 € à la Grèce, quand bien même, explicitement (= visiblement), elle ne lui donne que 100 €, en réalité (même si ça ne se voit pas) elle lui donne 200 €, la solution de cette quadrature semble évidente.

Ce qu’il semble en effet, c'est que, à partir du moment où l'Allemagne prêtant 100 € à la Grèce, ce qu'elle lui donne en réalité c'est 200 €, ce soit sans difficultés que le schéma n° 2 du prêt de l’Allemagne à la Grèce puisse être complété de la façon suivante :    

Schéma n°3

Las !

5 – Le prêt de l’Allemagne à la Grèce ne pouvant plus, ici, que s’arrêter après le mouvement (3), ceci signifiant que ce à quoi l'analyse complète de ce prêt conduit, c'est... au déni du fait (un fait !) que, l’Allemagne prêtant à la Grèce, ce qu'elle lui prête lui revient instantanément, l’implicite du schéma n° 3 est donc que, tout à la fois, ce schéma ‘’est’’, et 2° … ‘’n’est pas’’ (!!!!)… ce qu’il doit être : 1° il est ce qu’il doit être au sens où il satisfait à l’obligation qui pèse sur lui de montrer que l’Allemagne prêtant à la Grèce, ce que l’Allemagne prête à la Grèce est à la disposition de la Grèce ; il n’est pas ce qu’il doit être  en ce sens que, s’agissant cette fois de l’obligation qui pèse sur lui de montrer que ce que la Grèce reçoit de l’Allemagne au titre de ce prêt, cela, instantanément, revient en Allemagne, cette obligation, il ne la respecte pas.

6 – Alors, c’est imparable : le schéma n° 3 n’étant que le ‘’développé’’ du schéma n° 1, et ce schéma (le n° 3) étant fautif, s’ensuit qu’à son tour, le schéma n° 1 l'est tout autant !

7 – Cependant, ce que postule ce schéma n° 1 étant que, l’Allemagne prêtant 100 € à la Grèce, c’est l’Allemagne qui paye, étant par ailleurs hors de toute controverse que, s’agissant de cette question (‘’qui paye ?’’), certes, ‘’il n’est pas 36 solutions’’ : ou bien c’est l’Allemagne, ou bien, aussi ‘’incroyable’’ que cela puisse paraître, c’est… la Grèce, que, justement, tel soit le cas, sans en préjuger ni trembler, examinons-le.

8 – Aussitôt, le problème n’étant pas (encore !) celui de savoir d’où la Grèce peut bien tenir les 100 € dont elle a besoin pour que l’on puisse dire que c’est elle qui paye (ce problème, on le verra, sera résolu au § 12), ce que sans le moindre doute on peut affirmer c’est que, si c’est la Grèce qui paye, alors, le schéma de son paiement est strictement l’inverse du schéma n° 1 ; d’où le schéma n° 4.

Schéma n° 4

9 – Sur cette base, en tout cas, l’Allemagne, maintenant, peut bien prêter 100 € à la Grèce. Et sachant que l’Allemagne prêtant à la Grèce, les 100 € que l’Allemagne prête à la Grèce ne peuvent que revenir instantanément à l’Allemagne (cf. le § 2) ce à quoi schématiquement on arrive, c’est donc au schéma n° 5 :

Schéma n° 5

10 – A ceci près qu’il faut encore que les 100 € que l’Allemagne a prêtés à la Grèce soient à la disposition de la Grèce ; il faut donc qu’ils soient en Grèce.

 Or, rappelons-le, l’Allemagne prêtant 100 € à la Grèce, ce qu’elle lui donne, c’est 200 € (à nouveau, cf. le § 2) ; les deux mouvements du prêt de l’Allemagne à la Grèce dont fait état le schéma n° 5, complétons-les donc comme indiqué par le schéma suivant :

Schéma n° 6

11 – En tout cas, une première chose peut être dite : l’Allemagne prêtant 100 € à la Grèce  selon les 3 ‘’séquences’’ impliquées par ce schéma, toutes les contraintes qui pèsent sur cette opération sont maintenant satisfaites : ce qu'elle doit être (et à cet égard, cf. le § 5) elle l'est absolument ; et ce qu'elle ne doit pas être, elle ne l'est absolument pas !

Revenons alors à ce résultat (crucial !) que nous avons commencé par établir au § 2, savoir que l’Allemagne prêtant 100 € à la Grèce, en réalité, ce qu’alors l’Allemagne donne à la Grèce, c’est… 200 € ! ; et soit l’objection qui, forcément, lui sera opposée :

 ‘’- Ah bon, la monnaie étant un actif, l’Allemagne prêtant 100 € à la Grèce, ce qu’en réalité l’Allemagne donne à la Grèce, c’est 200 € ? Mais, la Grèce empruntant 100 € à l’Allemagne, évidemment, ce que contractuellement la Grèce dira à l’Allemagne, ne sera-ce pas : Je Vous Dois 100 €… et non pas 200 € ! Sans compter que, lorsque la Grèce remboursera l’Allemagne, évidemment, elle lui donnera 100 €… et non pas 200 € !’’.

Que donc, la monnaie étant un actif, qu’en effet cela puisse faire que l’Allemagne prêtant 100 € à la Grèce, en réalité l’Allemagne lui donne 200 €, mais cela… ça ''change'' quoi ?’’.

OR…

12 – Commençons par redonner le schéma n° 6 pour faire apparaître qu'un prêt de 100 € de l'Allemagne à la Grèce consistant en les trois mouvements simultanés numérotés 1, 2, 3 de ce schéma, si, d'abord, les mouvements 1 et 3 du prêt sont problématiques, en réalité, tel n'est absolument pas le cas : 1° recevant 100 € par le mouvement 3, la Grèce ne se trouve-t-elle pas en mesure d'être à l'origine du financement du prêt de 100 € que l'Allemagne lui fait ? (d'où la réponse à la question posée au § 8 ci-dessus); 2° retrouvant par le mouvement 2 les 100 € qu'elle a prêtés à la Grèce, l'Allemagne, ceci par le mouvement 3 de son prêt, ne se trouve-t-elle pas en mesure de redonner 100 € à la Grèce ?

C'est le schéma n° 7 ci-après :

Schéma n° 7

Conséquence ?

Mais l’Allemagne prêtant 100 € à la Grèce, soit, tout compris, les 200 € que ce faisant, nous l’avons vu tant et plus, l’Allemagne aura donnés à la Grèce ; sauf que ces 200 €, et c'est ce que montre clairement le schéma n° 7, la Grèce empruntant 100 € à l'Allemagne, c'est tout autant... elle, qui aurait pu les donner à l'Allemange : l'Allemagne (si on dit que c'est elle qui a payé le prêt) tout autant que la Grèce (si, ainsi que l'on est absolument fondé à le dire, ce que l'on dit maintenant, c'est que ce prêt, c'est la Grèce qui l'a payé) ne les auront-elles pas instantanément retrouvés ? ; ceci faisant que, ni pour l'Allemagne, ni pour la Grèce, ces 200 € ne peuvent, rigoureusement, représenter un coût,

Sauf qu' ''à la sortie'', que, donc, ce soit l'Allemagne ou la Grèce qui paye le prêt, la Grèce... se retrouve avec une dette de 100 € !!!!

L'Allemagne prêtant 100 € à la Grèce, ce que l'on peut donc dire et que toute l'opération se ramène à cela :

Schéma n° 8

Alors, c’est l’évidence, pour rembourser l’Allemagne, la Grèce devra COMMENCER par GAGNER les 100 € que son emprunt… NE lui a PAS apportés. Sauf que cela lui coûtera... 100 €. Et sauf qu'ayant gagné 100 €, la Grèce… N'aura PAS encore remboursé l'Allemagne. Le fera-t-elle ? (ce qui évidemment lui coûtera UNE NOUVELLE FOIS 100 € : ces 100 €, ne devra-t-elle pas les puiser dans son compte courant ? ce qui, évidemment, le fera diminuer de 100 €). Aussitôt, c’est absolument imparable, ce que l’on devra dire est que, tout compris, son remboursement lui aura coûté… 200 € (= le DOUBLE de ce qu'elle aura emprunté !).

Qui ne verra que tel est le VÉRITABLE moteur de ‘’la crise de la dette’’ ?

13 - La solution ?

Revenons à ce qui est au coeur de l'aberration qu'est la duplication de l'endettement ; revenons au présupposé que la monnaie est un actif.

Sauf qu’aussitôt, LA question est la suivante : que la monnaie puisse ne pas être un actif, est-ce seulement concevable ?

Heureusement que la réponse est… positive. Tenez à ce sujet, et si vous alliez voir du côté de ‘’Ce que Syriza DOIT dire ’’ (ce sont les points et de ce billet).

Bonne lecture ?

JT

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