Vraiment désolé cher Philippe RIES, mais sachez bien que si vous dites ce que vous dites (naturellement je fais ici allusion à votre ‘'papier'' de la semaine dernière sur le thème de ‘'l'étalon-OR'') -et quand bien même cette ‘'menace'' puisse vous faire sourire (en vous faisant par exemple vous dire : ‘'Jean Tramuset ! mais qui connaît Jean Tramuset ?)- eh bien, soyez en sûr, vous n'avez pas fini de m'entendre.
Quoi ! (qu'entends-je), s'agissant des ‘'problèmes'' monétaires que le monde a connus, que nous connaissons (et sommes sur le point de connaître !), et que ‘'nos'' enfants connaîtront, la ‘'solution'' serait de revenir à l'étalon-OR ? Mais oui ou non, quand vous parlez, ne le faites-vous pas d'un lieu (Médiapart) d'où -tout au moins est-ce que nous, pauvres ‘'abonnés'' avides de modernité attendons- ce qui est dit DOIT n'avoir plus rien à voir avec les vieilles idées (usées jusqu'à la corde !) de ce vieux monde qu'en effet, il s'agit aujourd'hui de changer ? (sinon, je vous le demande, à quoi peut bien servir de dire ?)
Bien sûr, ce que vous allez me répondre ici est qu'au-delà de la polémique facile (les so-called ‘'petites phrases'' dont la presse magazine raffole -‘'or justement, ajouterez-vous, Médiapart, voyez-vous, ça ni l'Ex-Presse ni le Monde... magazine !''), eh bien ce qu'il y a (‘'ne vous en déplaise'') ce sont les ‘'vérité éternelles'' : ‘'eh oui, conclurez-vous, comme je le disais déjà dans mon article, lisez donc -lisez, lisez encore et relisez- L. von Mises''.
Mais, cher Philippe RIES, et ici (je pense que vous me l'accorderez) nous n'en sommes plus ni aux bons mots ni aux facilités, la question de la monnaie se ramenant en économie à celle de trouver un point FIXE (point -fixe- qui, comme l'eût dit Descartes -s'il eût été économiste- peut seul nous permettre de comprendre -et corriger !- les ‘'désajustements'' -et ‘'donc'' les crises- qui si douloureusement scandent l'histoire chaotique -un euphémisme !- du capitalisme), comment (oui COMMENT!) croire que référer la production de marchandises à l'OR (LUI-MÊME une... MARCHANDISE, c'est-à-dire ‘'quelque chose'' dont ce que l'on doit dire est que, justement A CHAQUE SECONDE, la valeur ... VARIE !) puisse être la solution ?
Evidemment, je le sais bien, cela, vous-même... ne le croyez pas ! Et quand, en économie, vous proposez de revenir à ‘'la relique barbare'' (l'OR), c'est parce que, pour vous, tout comme en politique il n'est pas de moins mauvaise solution que la démocratie, en économie, il n'est pas de moins mauvaise solution que celle de l'étalon-OR (‘'ah, vous entend-on presque concéder, Jacques RUEFF, quand même, hormis le fait qu'il a été... ce qu'il a été, c'était quelqu'un !'').
Sauf qu'en toute rigueur (‘'honnêteté intellectuelle'' ?) ce que vous devriez ajouter n'est-il pas ceci : que POUR VOUS (et de proche en proche... MEDIAPART ?), eh oui, c'est irrémédiablement, que tous, quoi que nous puissions faire (y compris la ‘'révolution'' ?) nous n'avons pas fini d'en baver avec les dysfonctionnements du capitalisme désormais mondialisé ?
Cher Philippe RIES, vous savez quoi ? Eh bien ce que vous dites là, vous ne DEVEZ plus le dire.
Au contraire, ce qu'il vous faut aujourd'hui dire et que jusqu'ici, jamais -JAMAIS ! (c'est que maintenant, là où ne peuvent que nous mener les fausses querelles de la droite avec la gauche -‘'j'vous dis qu'il faut libéraliser !'' ; ‘'mais pas du tout, j'vous dis qu'il faut réguler !''- on sait parfaitement où c'est) il n'y a eu autant de raisons d'espérer ; POUR PEU bien entendu que, justement par-delà les ‘'solutions'' complètement éculées de la droite et de la gauche (les secondes répondant mécaniquement -action/réaction !- aux premières et... réciproquement !), résolument, les ‘'honnêtes'' hommes (et femmes !) regardent du côté (aujourd'hui richement ‘'achalandé'' !) de la modernité (la VRAIE !) : voyez donc tout ce qui suit.
Monnaie et modernité
Ainsi (revenons-y !) s'agissant de pallier au ‘'désordre'' monétaire international (pour le désordre ‘'global'', décidément -que les ‘'abonnés'' me pardonnent de radoter- voyez donc mon ‘'billet'' du 4/08/2010 intitulé ‘'Que faire ?''), soit tous les ‘'considérants'' suivants :
- 1) contrairement à TOUT ce qui est cru (à cet égard, cher Philippe RIES, me permettez-vous de vous citer comme témoin !), ce que l'on DOIT dire de la monnaie est qu'elle N'EST PAS un fait d'échange (savoir ‘'quelque chose'' qui ‘'rompt le troc'', ainsi que, tristement, de tristes professeurs de marché l'enseignent dans toutes les facultés de sciences économiques de France et de Navarre -et du monde!- ces lieux où -tristement!- ronronne, de générations en générations de futurs traders et traderesses -et sinon de futurs chômeurs!- la modeste -et navrante !- pensée unique!) ; ''au contraire'', la monnaie EST un fait de PRODUCTION. Précisément, elle est ce qui, rigoureusement, permet que l'on puisse parler de production; d'où cette réalité qu'elle n'est pas un actif NET, cela est impossible (sinon le prétendu ‘'produit économique'' conçu comme produit ‘'nouveau'' est un produit... nul). En résulte que la monnaie (nécessairement!) est un ACTIF-PASSIF et que (nécessairement!) son pouvoir compensatoire est nul.
- 2) le ‘'secret'' de la monnaie comme ‘'FAIT DE PRODUCTION'' et comme ‘'ACTIF-PASSIF'' tient en deux mots : la monnaie ‘'n'est'' que cela : l'instrument de la monétisation (l'habillage monétaire du changement du travail en son produit),
- 3) d'où, pour ‘'financer'' (monétiser) ce changement, situé ‘'au-dessus'' des pôles (fonctionnels) des ‘'ENTREPRISES'' et des ‘'TITULAIRES DE REVENUS (salaires ET profits)'', celui des ‘'BANQUES'' (attention pas les banques au sens de la Société Générale, c'est-à-dire en tant qu'entreprise dont le but est de faire des profits -légaux ou illégaux!) c'est-à-dire celui sur lequel le circuit de la monnaie (du pôle des ‘'BANQUES'' au... pôle des ‘'BANQUES'')se trouve logiquement, instantanément clos (‘'logiquement'', c'est-à-dire en raison de ce fait que, lorsqu'ils arrivent sur le marché, AVANT MÊME qu'ils n'y arrivent, DEJA, les biens ONT un prix )!
Alors peut-on en venir à l'économie internationale et à la monnaie qu'elle requiert :
- 1) l'économie nationale étant le lieu de la production (rigoureusement, il n'est aucune production en dehors des productions nationales; dit autrement, il n'est aucune autre production que celles libellées en toutes les monnaies nationales qui, actuellement, ont cours sur la planète), l'économie internationale est, CONCEPTUELLEMENT, l'espace (‘'inter-national'') de l'échange des productions nationales;
- 2) cela veut dire que toute vente internationale (toute exportation) de tout pays, logiquement et instantanément, se trouve, SUR CE MÊME PAYS, compensée par un achat international (une importation) évidemment équivalent; ainsi l'exportation (la vente) par a résidant du pays A d'un produit quelconque de l'économie A se trouve instantanément compensée pour l'économie A (dont le résidant a) par l'importation (l'achat) de titres à la dette du pays R émis par le pays R;
- 3) déduit de celui de la monnaie nationale (cf. ci-dessus), le ‘'modèle'' de la monnaie internationale peut alors être donné en deux points:
3.1) dans l'espace des relations internationales, la monnaie internationale ne fait que monétiser les achats-ventes internationaux (par définition équivalents) de tout pays (ces achats-ventes étant en réalité ce en quoi toute ‘'exportation'' -ou toute ‘'importation''- de ce pays doit être analysée),
3.2) pour remplir cette fonction, la monnaie internationale est émise et instantanément reprise par LA BANQUE INTERNATIONALE (celle qui devra la ‘'gérer''), cette banque, fonctionnellement, devant être située ‘'au-dessus'' des Banques Centrales Nationales des pays qui commercent.
Reste... la question du CHANGE entre les monnaies nationales ; ‘'oui, décidément, comment faire pour que l'économie internationale ne puisse plus être ni (ce qu'elle a été pendant des lustres) l'économie du pillage (littéralement !) des pays à monnaies ‘'faibles'' (les pays politiquement ‘'faibles'') par les pays à monnaies ‘'fortes'' (les pays politiquement ‘'forts''), ni (ce qu'elle est aujourd'hui devenue -ceci à la faveur du retournement totalement farcesque de l'Histoire que nous vivons) l'économie de l'étouffement des pays à monnaie... ‘'forte'' par les pays à monnaie... ‘'faible'' ?
La solution est celle des changes ABSOLUS. Attention ! ici, pas le moindre ‘'absolutisme'' : dire que les changes doivent être ‘'absolus'' ne veut par exemple pas dire que le change entre les monnaies sera fixé ‘'une fois pour toutes'' (et inscrits, à jamais, dans le marbre des traités ainsi que, dans la logique véritablement suicidaire de l'installation de l'€ tel qu'il a été conçu -par les ‘'nuls'' qui l'ont conçu !) ; non, cela veut dire que, étant du ressort de la Politique (ceci précisément au vu du critère de la capacité pour les pays emprunteurs internationaux à honorer leurs dettes internationales -en capital et en INTERÊTS), sa fixation (et ‘'refixation'' éventuelle) qui interviendront selon un calendrier fixé à l'avance, échappera ENFIN au marché, c'est-à-dire ''y compris'' à la spéculation.
Ah bon direz-vous ! Mais... comment ?
Tout ‘'simplement'' parce que (ceci pour résumer -et aussi... pour en finir avec un ‘'billet'' qui je vous l'assure n'est pas de la tarte : argumenter la réforme du système monétaire internationale en trois pages, je ne le souhaite à personne !) :
- 1) la monnaie internationale ne sera que le moyen de l'homogénéisation (la comparabilité) des équivalences constatées ‘'au niveau'' de chaque pays entre ses achats et ses ventes internationales,
- 2) ce sont les transactions internationales qui ‘'font'' la monnaie (et non l'inverse); ceci signifiant qu'en toute rigueur, en dehors des transactions internationales (et des traces que ces transactions ne pourront laisser QUE dans les comptes de la BANQUE INTERNATIONALE) , il n'est pas de monnaie internationale.
A cet endroit, impossible de ne pas citer Spinoza : ‘'Si le salut était sous la main, et si l'on y pouvait parvenir sans grand peine, comment serait-il possible qu'il fût ignoré par presque tous ?''
Jean Tramuset