‘'- J'vous dis qu'il faut démondialiser !'' (Sapir, Montebourg, etc, etc...)
‘'- Mais non, j'vous dis qu'il faut mondialiser,...'tention, intelligemment !'' (Lordon, Harribey, etc, etc...)
‘'- Mais pas du tout ! Ce qu'il faut, ça n'est ni dé... ni mon... mais, bien sûr, tout le contraire !'' (Khalfan).
Bref, une fois de plus, l'absence de rigueur fait des ravages (dont le moindre n'est pas l'OPA de qui vous savez sur ce que vous savez !).
‘'- Une fois de plus'' ?
Mais oui, la ‘'dernière fois'', c'était (c'est toujours !) à propos du marché : puisque le capitalisme, disait-on (et dit-on toujours !), c'est le marché, ce qu'il faut n'est-ce pas cela : éradiquer le marché ? Sauf que voilà, éradiquer le marché c'est faire en sorte que les prix ne soient plus des prix de marché mais des prix ‘'politiques'' ; or, que sont des prix ‘'politiques'' sinon des prix qui, d'abord (D'ABORD !) sont des prix... de marché (!!!!).
Mais revenons à nos moutons...
Soit donc la controverse démondialisation/mondialisation : pourquoi doit-on dire qu'elle est biaisée ?
Evidemment, la réponse est que le capitalisme n'est pas plus (moins !) national qu'il n'est international ; en réalité (ANALYTIQUEMENT !), le capitalisme EST ‘'AUTANT'' national qu'international. Le changer requiert donc de le changer à l'échelle des pays ET (ET ! -sinon ‘'bernique'' !) à l'échelle globale. Dit autrement, il est de le changer en s'attaquant à ce qui le FONDE COMME système national ET international (et non pas, en se repliant sur ses frontières, pour construire disons ‘'le socialisme'' : ici, puis là, et après encore, là, etc, etc... ainsi que les embabouineurs staliniens -si encore ils n'avaient fait que cela, ‘'nous'' embabouiner !- prétendaient qu'il fallait le faire).
Ce qui FONDE le capitalisme NATIONALEMENT et (ET !) INTERNATIONALEMENT ?
Respectivement, c'est :
-LA production comme l'ensemble des productions monétaires NATIONALES (c'est-à-dire en tant que libellées en toutes les monnaies nationales qui ont cours sur la planète : le $, l'€, le Yuan, la £, le Yen, etc),
- L'échange comme échange des productions monétaires nationales, celles-ci (évidemment !) se trouvant PREALABLEMENT ‘'produites''.
Changer (nationalement ET internationalement) le capitalisme sera donc EN MÊME TEMPS,
1) changer ce qui fait qu'aujourd'hui, à l'échelle de TOUS les pays (tous ne sont-ils pas capitalistes ?), NECESSAIREMENT (ceci au motif qu'aujourd'hui, les LOIS de l'accumulation et de la suraccumulation du capital ne sont pas maîtrisées -encore faudrait-il qu'elles soient connues !) les productions nationales sont des productions de sous-emploi MASSIF,
2) changer ce qui fait qu'aujourd'hui, s'agissant des échanges entre les pays (ceci au motif que cette fois, les LOIS de l'échange des production nationales ne sont pas maîtrisées -encore faudrait-il qu'elles soient connues !), les échanges internationaux sont ‘'dramatiquement'' -voyez l'état du monde !- INEGAUX).
Ce que tout cela veut dire CONCRETEMENT (puisqu'il faut en finir avec les bavardages) ?
Evidemment, ceux qui ne me lisent pas (cf. mes nombreux billets'' de blog -en particulier celui du 04/08/2010 intitulé ‘'Que faire ?'', et les 7 articles de mon édition ‘'Ressourcer la révolution'') n'en peuvent rien savoir.
Quant à ceux qui me lisent (et qui savent donc ce que changer le capitalisme à l'échelle des pays veut dire), peut-être apprécieront-ils que, s'agissant de changer le capitalisme cette fois à l'échelle internationale, ci-après, je leur inflige la lecture du ‘'Préambule'' à la 2ème partie de l'essai que j'ai commis -‘'Le marché imaginaire''- cette 2ème partie étant intitulée : ‘'l'économie internationale : <<la guerre des civilisations>>''.
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Soit ‘'la fracture Nord/Sud'' (le ‘'Nord'', à peine 20 % de la population mondiale pour... plus de 80 % du produit de la planète ; le ‘'Sud''[1] ... exactement le contraire) ; bref, soit la Crise de l'économie mondiale dans sa manifestation la plus éclatante ; à cet égard, écoutons ce que disent les ‘'experts''.
Ce qu'ils disent[2] est qu'il n'est pas d'autre alternative : ou bien, aujourd'hui, s'auto-dissoudre dans l'un des ensembles économiques sous leadership américain, européen ou japonais, ceci pour, sous la bannière du $, de l'€[3], ou du Yen, c'est-à-dire aux conditions des Etats-Unis, de l' ‘'Europe'', ou du Japon, être la piétaille de leurs affrontements pour la domination des marchés mondiaux, ou bien, demain... disparaître ; dit autrement : ou bien renoncer aujourd'hui à son ‘'identité'' (concrètement, sa langue, sa culture...), ou bien le faire demain ; bref (ni plus ni moins), ou bien se suicider aujourd'hui, ou bien le faire... demain.
Commençons par en convenir : où que l'on vive (au ‘'Nord'' si l'on est chanceux ; au ‘'Sud'' si on ne l'est pas), certes, le bonheur est loin d'être... pour demain[4]. Mais les ‘'experts'' en globalisation vaticinant ainsi que nous venons de le rapporter, si, maintenant, la question était de savoir ‘'d'où ils parlent ?''
La chose est claire, et on n'a ici nul besoin du secours de fulgurantes intuitions pour le comprendre, serinant platement aux pays l' ‘'incontournable'' nécessité d'être ‘'compétitifs'', ce dont ces ‘'experts'' leur rebattent les oreilles est évidemment et très exactement ‘'la contrainte du marché''.
OR...
1° l'économie internationale ne pouvant qu'être l'économie de l'échange des productions nationales (ceci sauf à soutenir qu'en plus de toutes les monnaies nationales qui ont actuellement cours, existe une monnaie ‘'supplémentaire'', précisément la monnaie -internationale- nécessaire à la définition de l'économie internationale comme l'économie d'une production ‘'internationale'' -sur ce point, voyez tous nos développements concernant ‘'la production monétaire'', cf. Ière partie, Chapitre I II ; or, qu'une telle monnaie existe, cela, sans discussion possible, ne correspond à aucune réalité observable),
2° la production (monétaire) nationale incluant bien entendu la production des services qui, dans chaque pays, relèvent de l'échange des productions nationales (donc de l'économie internationale) ; dit autrement, les revenus formés en contrepartie de toutes les prestations relevant de l'économie internationale étant bien entendu payés en monnaie nationale (que tel ne soit pas le cas est tout simplement impossible),
3° ‘'le'' marché comme somme de tous les marchés nationaux étant le lieu de l'écoulement de toutes les productions nationales,
4° l'emploi dans les économies nationales (et donc lde proche en proche, l'emploi mondial) se nouant avant (‘'le'') marché (c'est la fondamentale ‘'problématique'' de l'amortissement du capital fixe des entreprises -cf. la 1ère partie du Marché imaginaire, au Chapitre II),
... tout cela ne veut-il pas dire que c'est avant (‘'le'') marché (AVANT MARCHE !) que la crise de l'économie mondiale se trouve constituée ?
D'ailleurs, soit le problème préjudiciel (premier) de l'économie internationale, savoir celui du change entre elles des monnaies nationales ; ainsi, soit le problème du change $/€ CMU.
D'abord, on ne voit pas qu'une quelconque difficulté puisse se faire jour : n'est-ce pas le marché qui, tous les jours, donne ce change ?
Or soit la concurrence (une lutte à mort !) que mar exemple Airbus et Boeing se livrent pour vendre leurs production sur le marché mondial : qui, ‘'en ce moment''[5], pourrait bien trouver un ‘'expert'' ne disant pas peu ou prou que, dans cette guerre qui l'oppose à son rival américain, Airbus souffre de la surévaluation de l'€ CMU par rapport au $ ?
Et si cette fois, on considère l'ensemble des pays qui commercent, de proche en proche, la totalité des biens que, sur le marché mondial, tous les producteurs de tous les pays tentent d'écouler les uns au détriment des autres, ce que l'on peut dire n'est-il pas qu'en définitive, sur le ‘'modèle'' de l'affrontement Airbus/Boeing, tous les problèmes économiques internationaux sont des problèmes de change ?
Au total, cela ne veut-il pas dire qu'en économie internationale, la fixation des taux de change par le marché est évidemment très loin de garantir que les échanges internationaux portent sur des équivalent économiques ?
Bref, l'économie internationale étant l'économie de l'échange des productions nationales, et si, bien loin que d'être le fait ‘'du'' marché[6], au plus profond, en amont de tout ‘'phénomène de marché'', la crise de l'économie internationale résultait de l'ignorance des lois de l'échange des productions nationales et tenait dans les dysfonctionnements que cette ignorance produit ?
Ici, on peut revenir à la ‘'fracture Nord/Sud''...
A cet égard, ce que le Marché imaginaire commencera par montrer est que la priorité des priorités (voyez les statistiques ci-après) est de mettre un terme au... double paiement (le DOUBLE PAIEMENT !) des intérêts transnationaux (DPIT).
Le paiement d'intérêts transnationaux par leur débiteur (l'état, une entreprise, un résidant... de tel ou tel pays) valant leur paiement par le pays A de ce débiteur au pays R de leur créancier, le DPIT signifie que, A ayant payé ses intérêts :
1° ses devises en monnaie de R auront diminué à concurrence de ce paiement,
2° son endettement net sur R (= son endettement sur R - ses devises en monnaie de R) restera... inchangé.
En effet, A payant 10 $ d'intérêts à R (une dette nette -sans contrepartie en devises- de 10 $ de A sur R), son endettement net sur R n'aurait-il pas dû diminuer ? Et, A s'acquittant d'une dette nette de 10 $ sur R, si son endettement net sur R reste inchangé, cela ne voudra-t-il pas dire que, A ayant perdu une première mesure de 10 $ par définition même de son paiement, ce paiement lui aura fait perdre une deuxième mesure de 10 $ ; cela ne voudra-t-il pas dire qu'au total, il aura perdu... 20 $ ?
D'abord, le DPIT apparaît surtout comme le problème des seuls pays dits ‘'en voie de développement'' (les PVD) ; emprunteurs nets sur le marché international des capitaux (c'est-à-dire empruntant infiniment plus qu'ils ne prêtent -à supposer évidemment qu'ils prêtent !), ces pays en effet payent bien plus d'intérêts qu'ils n'en perçoivent ; cependant, les statistiques (celles des institutions internationales : la World Bank, le FMI) ne tardent pas à en révéler la véritable dimension : si, ainsi que les disent les statistiques, les PVD ont, entre 1979 et 2001, ceci pour payer leurs intérêts internationaux, déboursé quelque 1 800 milliards de $, le DPIT signifiant que les PVD ont, en même temps, vus leur endettement international net (en $) ne pas être affecté par leurs paiements, ce que ces statistiques disent en réalité est qu'à cette perte légitime des PVD sur cette période s'ajoute, sur cette même période, à leur détriment, une perte supplémentaire, cette fois totalement abusive, d'un montant équivalent.
Apparaît ainsi qu'alors même qu'il pèse sur l'économie internationale telle une gigantesque épée de Damoclès, le problème lancinant de l'endettement international n'est finalement pas celui que l'on croit : à vrai dire, il est celui de la conception du plan qu'il faudra mettre en œuvre pour que... les pays du ‘'Nord'' (les pays DU ‘'NORD'' !) puissent s'acquitter de leurs (formidables) obligations vis-à-vis des PVD : tout n'est-il pas comme si, en 20 ans, les premiers avaient, ‘'sans cause'', délesté les seconds de la coquette somme de... 1 800 milliards de $[7] ?
Le marché imaginaire tourné vers l'économie internationale ayant montré l'urgence de réformer le paiement des intérêts transnationaux, lui restera à revenir à la question du change.
On a vu la loi d'airain qui pèse sur l'économie ‘'par'' le marché (cf. la 1ère partie du Marché imaginaire) : nécessairement, elle se trouve fondée (‘'nouée'') avant marché. Transposée à l'économie internationale ‘'par'' le marché, cette loi est celle de la surdétermination du change par la politique (voyez l'exemple ‘'historique'' de Bretton-Woods). D'où le véritable problème de la fixation du change entre les monnaies : ‘'comment le soustraire aux rapports de forces internationaux ?''.
Puissent les altermondialistes (ne parlons pas des ‘'démondialiseurs'' !) de toutes obédiences s'en convaincre ! Ici, ‘'lutter'' ne suffira pas ; il n'est aucune autre voie que celle de la réflexion ; elle seule peut conduire au véritable changement ; elle seule peut dire les LOIS auxquelles les relations entre les pays doivent être conformées ; elle seule peut empêcher que le monde ne perde son énergie et son temps en ‘'avancées démocratiques'' qui, à l'usage, s'avèreront (ce sera le meilleur des cas !) n'être que de désespérantes et donc de dangereuses illusions.
Précisément, nous verrons que la réflexion permet d'imposer une puissante vérité : l'économie internationale ne peut être l'économie de la conquête d'aucune économie nationale par aucune autre.
Tout vient du fait que (décidément !), l'économie internationale est l'économie de l'échange de productions nationales : si ce qu'un pays gagne, en même temps... il le perd (c'est la LOI de l'échange !) en résulte bien en effet qu'aucun pays ne peut s'en subordonner aucun autre ! ENCORE FAUT-IL que, ceci pour que leur échange soit... un échange, les productions nationales susceptibles d'être échangées entre les pays puissent être économiquement équivalentes ; comment donc procéder pour que les pays qui commercent puissent s'échanger des équivalents économiques ?
Bien entendu, les règles qui à cette fin devront être respectées seront bien différentes de celles qui aujourd'hui font que les paiements internationaux se font en $ (la monnaie nationale des Etats-Unis) ou en € CMU (la monnaie ‘'nationale'' de l'Europe) ou en Yens (la monnaie nationale du Japon), sachant bien encore une fois que, préalablement à ces paiements, c'est évidemment comme puissances politiques que, politiquement, les Etats-Unis, l'Europe et le Japon surdéterminent le change de leur monnaie contre toutes les autres.
Comment faire pour que, la question du change étant la seule vraie question de l'économie internationale, cette économie ne doive et ne puisse plus être l'économie du pillage des pays à monnaies ‘'faibles'' (les pays politiquement faibles) par les pays à monnaies ‘'fortes'' (les pays politiquement forts) ? Nous verrons que la parfaite solution de cette question tient dans la reconstruction du système monétaire internationale autour d'une véritable monnaie internationale A CREER. Cette monnaie sera prise dans un système de ‘'changes absolus'' avec toutes les monnaies nationales qui, évidemment (n'en déplaise à tous les ‘'maastrichiens'' de toutes couleurs politiques[8]), devront subsister.
A cet endroit, ‘'vingt ans après'', tous ‘'ceux qui savent'' auront reconnu le formidable enseignement de Bernard Schmitt[9].
D'où cette mise en garde : Le marché imaginaire étant à chacune de ses lignes l'œuvre de son auteur, s'il peut être prouvé que telle ou telle des démonstrations qui suivent n'est pas aussi probante que celui-ci aime à le croire, cela, bien entendu, ne pourra en aucun cas être opposable à Bernard Schmitt.
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Jean Tramuset
[1] ‘'Le Sud'' tel qu'il est, c'est-à-dire, par-delà la lénifiante rhétorique, le ‘'Sud'' tel qu'économiquement, politiquement et idéologiquement il a été façonné par le ‘'Nord''. En substance, le ‘'Nord'' et le ‘'Sud'' ne sont-ils pas exactement comme si la fonction du second était d'offrir au premier sa main d'œuvre, ses matières premières, ses marchés... ?
[2] A tous les pays, aussi bien à ceux gras et prospères du ‘'Nord'' qu'à ceux, cachectiques et misérables du ‘'Sud'' !
[3] L'€ tel qu'il a été conçu, c'est-à-dire ‘'Comme-Monnaie-Unique'' purement et simplement substituée aux monnaies nationales des pays dans lesquels il a été mis en place (d'où, dans la suite, le fait que, s'agissant de cet €-là, nous parlerons de l' ‘'€ CMU'').
[4] ‘'No future !'' ; n'est-ce pas ce que, depuis longtemps, on entend geindre du côté même des ‘'nantis'' !
[5] Au milieu de l'année 2011.
[6] Ce qui ne veut pas dire que ‘'le'' marché ne joue aucun rôle en économie internationale ! En réalité, ceci tout comme en économie nationale (voyez la 1ère partie du Marché imaginaire, voyez la question des profits), mutatis mutandis, ‘'le'' marché ‘'international'' a la fonction essentielle de reventiler le profit macroéconomique formé par toutes les entreprises du monde en les profits microéconomiques (positifs, nuls, ou négatifs) de ces mêmes entreprises, celles-ci étant cette fois prises ‘'individuellement''.
[7] Ceci sans compter... les intérêts !
[8] ... et rangés sous une seule bannière, celle du ‘'bon sens'', cette ‘'vertu'' à laquelle l'Europe doit aujourd'hui d'être là où elle est : ‘'dans le mur !''
[9] Professeur émérite de Sciences Economiques (il a enseigné aux Universités de Dijon et de Fribourg -Suisse), Directeur de Recherches au CNRS (titre actuel), plusieurs fois récompensé pour ses travaux, Bernard Schmitt est aujourd'hui Conseiller de plusieurs grands pays débiteurs internationaux auprès des institutions internationales.