Boîte noire
Ce billet répond au très léger (je pèse mes mots !) article donné avant-hier par Martine Orange dans lequel, ceci au simple motif que la politique qu’il préconise aujourd’hui pour la Grèce va exactement à l’encontre de celle que, pour ce pays, les ‘’gnomes’’ de ''la Troïka'' préconisent, elle porte aux nues le nouveau ministre grec de l’économie, j’ai nommé Yanis Varoufakis.
D’abord sur ce qui, pour Martine Orange, est LA justification théorique de tout ce que, après la victoire électorale de Syriza, le nouveau gouvernement grec s’apprête à faire vis-à-vis de l’Europe ; donc, celle-ci sur le ‘’modèle’’ de la vampirisation par les Etat-Unis de l’économie mondiale (cela sur la base de ce qui est sorti de la fameuse conférence de Bretton-Woods), d’abord sur la vampirisation par l’Allemagne de l’économie européenne, cette vampirisation-là renvoyant au système monétaire européen tel qu’il a été conçu autour de l’€, ce dernier ayant lui-même été conçu comme monnaie unique (pour reprendre la terminologie fleurie de Yanis Varoufakis -je cite le titre de son ouvrage auquel nous renvoie Martine Orange- c’est le ‘’modèle’’ du ‘’Minotaure planétaire'').
Tout le problème est que, pour Martine Orange, tout comme, au lendemain de la guerre, le fait que l’économie des Etats-Unis était excédentaire ne pouvait que les conduire à vampiriser l’économie mondiale, qu’à la date du 1er janvier 2002 (date de l’installation de l’€ tel qu’il a été conçu) l’économie allemande était excédentaire, cela ne pouvait conduire l’Allemagne qu'à vampiriser l’économie européenne.
L’erreur de Martine Orange ?
Mais comment donner à penser que, des pays excédentaires prêtant à des pays déficitaires, cela serait exorbitant et/ou abusif ? D’ailleurs qu’il y ait des pays excédentaires ne veut-il pas dire qu’en même temps, ‘’en face’’, il y a des pays déficitaires ? Sans compter que le fait qu’il y ait des pays excédentaires (c'est-à-dire -identiquement !- des pays déficitaires) ne renvoie à rien d’autre qu’au nécessaire commerce entre les pays ! D’où, en passant, cette question adressée à Martine Orange : ‘’- Le monde étant fait de pays plus ‘’développés’’ que d’autres (ceci pour des tas de raisons, comme d'ailleurs Martine Orange le dit elle-même), donc de pays en capacité de prêter à d’autres pour qu’à leur tour, ils puissent se développer, par hasard, en seriez-vous à dire que ce qui ‘’doit’’ être interdit, c’est le commerce entre les pays, et en particulier les prêts de pays à pays ?’’ (!).
Conclusion ? (sachant donc que ce qui est totalement absurde, c’est ce que laisse entendre Martine Orange, savoir que le problème du système monétaire européen autour de l’€ tel qu’il a été conçu, vient du fait que l’économie allemande a été, est, et n’a pas fini (?) d’être excédentaire). Elle ne fait pas le moindre doute : elle est que LE problème de ce système, c’est que, de A à Z, il est FAUX, ARCHI-FAUX.
Je l’ai dit ‘’mille fois’’ (mais ce que je dis… ; et d’abord, argumentera-t-on, ce mec que moi, Jean Tramuset, je suis, qui c’est ?), le monde, étant multi polaire, ce que son fonctionnement rationnel requiert, c’est un VRAI système monétaire international, savoir :
-une VRAIE monnaie internationale (et non pas une/des monnaie-s nationale-s inconsidérément élevée-s à cette ‘’dignité’’) donc,
-une VRAIE Banque Centrale Internationale (et non pas une banque qui, sur le modèle de la ‘’BCE’’ –nous y revenons dans la suite- n’est ‘’là’’ que pour comptabiliser ‘’n’importe comment’’, l’endettement des pays déficitaires vis-à-vis des pays excédentaires).
Le rapport avec la construction européenne ?
Mais, l’Europe n’a-t-elle pas été le berceau des ''Lumières'' ? Et si donc, puisque cela, elle l’a déjà réussi, ce qu’elle se proposait de faire en se construisant (je parle de l'Europe) c’est d’être la préfiguration de ce que devra être le monde si vraiment, il veut fonctionner plus harmonieusement ?
Ici, on peut en venir au système monétaire européen tel que, si, donc il était construit pour être la préfiguration du système monétaire international dont la mondialisation a besoin, il DEVRAIT être organisé ; naturellement (comment pourrait-il ici en être autrement ?), nous ne nous en tiendrons qu’aux ‘’principes’’ (pour une argumentation pas à pas, ceux/celles qui sont intéressé-e-s pourront toujours se reporter à tous les articles de l’édition ‘’Sur la monnaie’’ -il y en a 17).
S’agissant donc :
1° de la VRAIE monnaie internationale que, à l’échelle européenne, la construction de l’Europe requiert.
Toutes les ex-monnaies nationales des pays ayant adopté l’€ tel qu’il a été conçu DEVRONT être rétablies ; alors, ceci sur la base d’un système de change fixe ET révisable selon un timing arrêté à l’avance, la VRAIE monnaie de l’Europe sera une monnaie qui NE jouera QUE dans les relations entre les pays européens (les monnaies nationales rétablies ne jouant, elles, que dans les frontières de chacun des états nationaux européens),
2° de la VRAIE banque centrale européenne que la gestion de la VRAIE monnaie internationale européenne requerra.
Ici, tout le problème est que la ''BCE'' telle qu'elle fonctionne aujourd'hui n'étant ABSOLUMENT PAS une banque centrale : elle n'est que le ''vulgaire'' intermédiaire financier entre les pays européens excédentaires (ceux qui vendent plus qu'ils n'achètent) et les pays européens déficitaires (ceux qui -inversement- achètent plus qu'ils ne vendent) ; d'où la constitution automatique des premiers comme CREANCIERS des seconds ; ceci alors même que, précisément grâce aux prêts qu'ils auront concédés aux seconds, les premiers auront DEJA été PAYES de leurs ventes excédentaires aux seconds ! :
1° n’importe quel pays européen empruntant 100 à n’importe quel autre pays européen, aussitôt (= instantanément) la dette du pays européen emprunteur vis-à-vis du pays européen prêteur sera de… 200 ; c'est la Duplication de l’Endettement International des Pays,
2°n’importe quel pays européen payant 10 d’intérêts à n’importe quel autre pays européen, aussitôt (= instantanément) ce que ce paiement lui fera perdre ce sera… 20 ; ici, c'est la Duplication du Paiement des Intérêts Internationaux des Pays.
Sur ces deux points, cf. (entre autres !) : ''Ce que Syriza DOIT dire ''.
Conclusion générale ?
Contrairement à ce qu’aiment à croire Yanis Varoufakis et tous ses fan-e-s, si la solution à la crise européenne gît dans la construction d’un rapport de forces avec la Troïka, l’objectif ne doit certainement pas être la renégociation de la dette grecque ; il DOIT être celui de la TOTALE REFONTE du système monétaire européen tel qu’il a été construit : à l’échelle de l’Europe, le nouvel € DOIT être la préfiguration de la monnaie internationale que la mondialisation REQUIERT.
JT