Audition D144 ( par l'adjudant Huot chef de brigade de Fronton, en charge de l'enquête dés le 1er jour .. a fait une TS le 21 octobre 2008, 4 jours après cette audition ). Doutres a été mal orthographié en Doustres.
LOMBARD Jean
Entendons la personne dénommée ci-dessus qui nous déclare :
Je suis le père de Jean Eudes LOMBARD, personne disparue et supposée décédée le 26/09/08 à SAINT RUSTICE.
Jean Eudes exerce la profession d'ingénieur en mesure instrument sol air atmosphère. Il travaille actuellement chez MERCATOR OCÉAN comme ingénieur océanographe. Il est en CDD de 18 mois depuis octobre 2007.
Il vit dans un studio à RAMONVILLE, Avenue Jean Monnet, Résidence Alcyon.
Il est célibataire. Je ne lui connaît actuellement aucune compagne.
Il est venu au domicile familial du vendredi 12 septembre 2008 vers 23H00 au dimanche 14 septembre 2008 vers 15H00.
Il était en pleine forme. Il nous a parlé de son week-end chez son frère au Havre, la semaine précédente. Son travail lui plaît. Il y a une très bonne ambiance.
Il avait prévu une randonnée dans les Pyrénées les 27 et 28 septembre avec deux copains de FAC de TOULON.
Jean-Eudes a eu une déception amoureuse il y a un an et demi et semble tout à fait remis. Il garde des contacts avec cette jeune fille Aurélie DELOUCHE.
Mon fils n'a absolument aucune tendance suicidaire à ma connaissance. J'ai eu de très nombreux contact par e.mail par de très nombreux copains ou copines à lui et ils m'ont tous affirmés que Jean Eudes est bien dans sa tête et dans sa peau. Il ne m'a jamais fait part de problème particulier de violences physiques qu'il aurait subies.
Il ne m'a jamais fait part de harcèlement moral de la part de qui que ce soit.
Au point de vu financier, il n'avait aucun problème depuis son embauche. Au contraire, il lui arrive de prêter de l'argent à des camarades, des petites sommes je précise.
Jean Eudes n'est pas joueur aux jeux d'argent quel qu'ils soient.
Jean Eudes est très sportif. Il jouit d'une bonne hygiène de vie. Il ne fume pas, ne boit pas et n'a aucune addiction.
Les dernières nouvelles que j'ai de lui m'ont été données par Alix à l'issue de leur sortie à HOSSEGOR.
Pour moi, il n'y a absolument aucune raison de penser que Jean Eudes ait pu se suicider.
J'exclus également totalement la thèse d'un accident. Même s'il avait eu l'intention de traverser les voies ferrées, il aurait entendu la sonnerie du passage à niveau.
Je tiens à vous préciser l'attitude que je trouve bizarre de l'occupant de la maison du garde barrière. Il s'agit de Monsieur DOUSTRES.
Le Lundi 6 octobre je me suis rendu sur place vers 14H00.
J'ai vu M. et Mme ESTRADE, puis vers 15H00, je suis allé chez DOUSTRES. Il y avait le couple.
Je suis resté chez eux dans leur cuisine au moins une demie heure. Pour lui c'était un suicide.
Dès le début, et il l'a répété au moins dix fois il m'a dit : " vous savez, quand il arrive un truc comme ça, nous, à la SNCF, nous sommes une grande famille et on dit "quelqu'un quelque part n'a pas fait son boulot".
J'ai pris ça pour moi comme si je n'avais pas bien rempli mon rôle de père de famille et que mon fils s'était suicidé à cause de moi.
Au bout d'un moment, un homme d'une quarantaine d'année est arrivé. Il est bouffi et semble sous l'influence de psychothropes.
Quand il a compris que j'étais le père supposé du cadavre découvert à proximité, il s'est décomposé et a quitté de suite les lieux. Mr. DOUSTRES m'a dit alors en le montrant d'un geste semi dédaigneux "c'est comme lui là, sa compagne l'a largué et voilà dans quel état il est".
Je ne l'ai plus revu. J'ai appris par M. PERRIER que c'était le fils DOUSTRES et qu'il s'adonnait à la boisson dans les cafés de CASTELNAU.
J'ai remarqué chez DOUSTRES dans la cuisine, une très grosse lampe torche provenant je pense de la SNCF. Je lui en ai fait la remarque et il m'a dit qu'elle éclairait à 200 mètres environ.
Il m'a précisé dans la discussion qu'il était né en 1946 et qu'il avait eu un frère aîné qui avait fait la guerre d'Algérie et que après 25 mois de présence en Algérie, il avait été muté dans un régiment disciplinaire et que l'armée l'aurait éliminé physiquement, entre le 25° et le 28 ème mois. Je ne sais pas du tout pourquoi il m'a dit ça.
On est sortis tous les trois marcher un peu en direction du canal, là où il a barré le chemin de halage avec les bambous. Je lui ai demandé pourquoi il barrait le chemin et il m'a répondu : "il y a du trafic de drogue là derrière le long du canal la nuit et aussi des gens du voyage qui ont même coulé une voiture avec une ou des personnes à l'intérieur". Je ne sais pas quand ces faits ont pu avoir lieu.
Je me suis rendu de nouveau sur les lieux de la découverte du cadavre le mardi 7 octobre après 20H00 et jusqu'à 21H30, de nuit. Les chiens de M. DOUSTRES ne se sont pas manifestés.
Son spot halogène s'est déclenché alors que je me trouvais le long du canal, au niveau de la barrière en bambou qu'il a installée. J'ai longé le canal à plusieurs reprises et je me suis pris les pieds dans le câble d'amarrage du dragueur. J'ai poursuivi et je me suis retrouvé en bordure de voie ferrée, sans aucun obstacle entre le chemin de halage herbeux et la voie ferrée. Je suis revenu par le méme chemin et sans le savoir, je suis rentré sur sa propriété. Ce n'est pas clôturé. Je pense que mon fils a pu prendre le même chemin et s'est ainsi retrouvé dans la propriété de M. DOUSTRES puis peut être le long de la voie ferrée. De là, il était à une cinquantaine de mètres du passage à niveau. Si un train était arrivé, il
l'aurait entendu. A moins qu'il ne soit tombé et assommé pour une raison quelconque externe à sa personne : une menace ou un chien lancé à ses trousses.
J'y suis retourné le lendemain après midi pour constater l'emplacement exact de la découverte du cadavre suite à ma visite à vos services (40 mètres entre le poteau et son corps et 50 mètres entre le corps et le passage à niveau).
Je suis retourné sur place le jeudi 9 octobre vers 14H00 et j'ai mangé au bord du canal avant de reprendre la route vers l'Auvergne. C'est là que vers 15H00, Mr. et Mme DOUSTRES sont sortis de chez eux. Je les ai regardés afin de pouvoir les saluer et discuter un peu. Ils ont détourné le regard. J'ai insisté et quand il est monté dans sa voiture, il a été obligé de croiser mon regard. Là, il m'a dit d'un ton léger "alors, on fait du camping". Je lui ai répondu que mon fils était mort là il y avait deux semaines et que je ne faisais pas de camping mais que je lui faisais un au revoir. Là, il est parti comme une furie, il m'a dit que je le harcelais et qu'il allait me dénoncer à la gendarmerie. Je crois que si des pêcheurs n'avaient pas été en face, il aurait pu me pousser dans le canal tellement il était énervé. Il m'a conseillé d'aller voir un psy et de prendre quelques cachetons. Je lui ai retourné son compliment.
Je me pose la question de savoir pourquoi les chiens de M. DOUSTRES n'ont pas senti le corps déchiqueté et le sang et ne se sont pas manifestés et pourquoi M. DOUSTRES n'a pas vu le cadavre en bout de sa propriété étant donné la proximité du corps par rapport à son enclos.
En résumé, l'attitude de cet homme me semble anormale. Il me semble qu'il a quelque chose à se reprocher.
Je tiens à préciser que Jean Eudes a eu une enfance heureuse et équilibrée. Il était sportif et bien dans sa tête. Son métier le passionnait. Il est sorti ingénieur (BAC + 5) à 22 ans. Il n'est pas introverti et se lie facilement avec les autres. Il a des copains partout et plus de 50 contacts sur son téléphone portable.
A FRONTON 31620, le 17 octobre 2008 à 16 heures 15, lecture faite par moi des renseignements
d'état civil et de la déclaration ci-dessus, j'y persiste et n'ai rien à changer, à ajouter ou à y retrancher.