jean_paul_yves_le_goff (avatar)

jean_paul_yves_le_goff

JPYLG,philosophe, docteur en histoire,

Abonné·e de Mediapart

4200 Billets

5 Éditions

Billet de blog 4 mai 2009

jean_paul_yves_le_goff (avatar)

jean_paul_yves_le_goff

JPYLG,philosophe, docteur en histoire,

Abonné·e de Mediapart

Origines du christianisme : PHT5(13)

jean_paul_yves_le_goff (avatar)

jean_paul_yves_le_goff

JPYLG,philosophe, docteur en histoire,

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Voici le texte sur Tertullien.

Veuillez excuser les fautes diverses (Je n'ai pas eu le temps de corriger), il n'est pas exclus qu'il y ait ici ou là, une erreur dans les références.

.

Merci de votre attention.

.

jpylg

.-------------------

.

A ce stade de notre démonstration, le dur constat que l’on doit faire est le suivant : de même que Paul, un très court laps de temps après la mort et la résurrection supposées de Jésus-Christ, sans avoir eu le moindre contact avec les Apôtres d’ici des années, commence sans plus attendre à « évangéliser » (1), de même un siècle et plusieurs décennies après, tous les auteurs que l’Eglise elle-même considère comme des chrétiens orthodoxes, ceux qui mettent en place la vraie doctrine, écrivent dans ce qui apparaît comme une ignorance presque totale des évangiles canoniques.

.

Ce qu’il leur arrive fréquemment de citer qui a un rapport avec ces évangiles, ce sont des « paroles du Seigneur », qu’effectivement nous retrouveront dans les évangiles tels qu’ils seront cités un siècle plus tard, c’est-à-dire au IIIème siècle. D’ailleurs, ils citent, d’autre part, également des « paroles du Seigneur » qu’ils regardent, bien sûr, comme authentiques et qu’on ne retrouve pas dans les évangiles dits canoniques, mais que l’on retrouve dans les évangiles dits apocryphes. Nous venons de voir, après Ignace, Justin faire allusion à la naissance virginale ou cite même le nom de Marie et de l’ange Gabriel. Mais il n’y a pas la moindre trace d’un récit de ce qu’on appelle « l’annonciation » (cette apparition de l’ange) ou de « la visitation » (visite de Marie à sa cousine Elisabeth, mère de Jean-Baptiste). Pas davantage de la naissance de Jésus à Bethléem, avec la présence des anges, tel que Luc le présente ; ni de la visite des rois mages, ni de la fuite en Egypte, ni du massacre des « saints innocents », à quoi Matthieu consacre son chapitre 1er, toutes choses que Luc semble ignorer.

Les historiens-théologiens d’aujourd’hui acceptent de prendre en compte – d’ailleurs pour tenter d’en contester l’importance – les différences qui existent entre la généalogie de Jésus selon Matthieu (1, 1-2) et sa généalogie selon Luc (3,23-38), mais ils ne veulent même pas savoir que les récits de la naissance et de l’enfance ne concordent pas. Ils ne soufflent mot sur ce fait, proprement ahurissant que celui qu’ils appellent « l’historien de l’enfance », Luc, ignore le séjour de la sainte famille en Egype.

.

Ainsi les écrivains ecclésiastiques du IIème siècle, sauf Irénée, à l’extrême fin, ignorent que quatre évangiles existent – ou s’ils le savent, ils ne les utilisent pas - évangiles qui sont écrits par Matthieu, Marc, Luc et Jean. Non seulement ils ignorent l’existence de ces textes et de leurs auteurs, mais ils en ignorent aussi le contenu. Donc, la théorie de la tradition orale précédant la rédaction des évangiles souffre beaucoup, car les auteurs du IIème siècle pourraient faire allusion, à l’occasion, au-delà des circonstances de la naissance et de l’enfance, principalement à la vie de Jésus de Nazareth , à sa prédication, à ses actions : choix des apôtres, guérisons, miracles en tous genres, marche sur les eaux, multiplication des pains, changement de l’eau en vin, les controverses avec les scribes, les pharisiens et les docteurs de la loi, l’enseignent direct ou par paraboles, et, finalement, l’institution de la Cène, le procès, la Passion, la mort, les circonstances de la résurrection, les circonstances de son dernier séjour terrestre, après sa résurrection, son Ascension. Rien de cela ne vient sous leur plume.

.

A propos de ces différences qu’également l’histoire conventionnelle s’ingénie à minimiser, elles font l’objet, à partir du IVème siècle, l’objet de sérieuses controverses (2), ce qui tendrait à montrer que les chrétiens du IVème siècle avaient un esprit critique plus aiguisé que les théologiens d’aujourd’hui. Les querelles également nombreuses existant au IIème siècle portent sur la nature du Messie, mais nullement sur les contradictions entre les quatre évangiles. Pourquoi apparaissent-elles au IIIème et au IVème siècle et non avant ?

.

Par conséquent, si l’examen des quatre évangiles canoniques pris en eux-mêmes ne permet pas plus de conclure à une rédaction tardive (première moitié ou milieu du IIème siècle) qu’à une rédaction précoce (milieu ou deuxième moitié du premier siècle), c’est tout de même un indice sérieux qui ne plaide pas du tout pour la rédaction précoce, telle que l’histoire conventionnelle la présente comme certaine, que le fait qui, lui, est vérifiable et irrécusable, que ces écrivains du IIème siècle semble tout ignorer des évangiles. Pourtant, ils en appellent sans arrêt « aux Ecritures ». Mais c’est de l’Ancien Testament qu’il s’agit et la preuve que le Messie est venue, ce n’est jamais dans le témoignage des apôtres qu’ils la cherchent, mais dans celui des Prophètes.

.

Le souci de la preuve historique , totalement absent de la lettre de Clément de Rome, de la Didachè, de la lettre à Diognète, des lettres d’Ignace, etc. apparaît cependant avec Justin. Nous avons vu qu’il mentionne d’une manière très vague, les « mémoires des apôtres », mais il mentionne également avec un peu plus d’insistance et en référence claire à la notion de preuve, ce qu’il nomme les Actes de Pilate. C’est aussi le cas de Tertullien.

.

De son nom complet Quintus Septimius Florens Tertullianus, né à Carthage vers 150 ou 160, il est, en réalité un romain, fils du centurion commandant l’armée d’occupation dont dispose le gouverneur de Carthage. En tant que tel, il fait naturellement de hautes études qui se terminent comme on la vu, selon la règle, par la philosophie. Mais il ne se considère pas lui-même comme philosophe et n’aura jamais de mots assez durs pour flétrir cette activité, une fois qu’il sera converti au christianisme, assez tardivement, une fois largement dépassé la trentaine, comme ce sera le cas, plus tard, de saint Augustin.

.

C’est pourtant à une activité littéraire très intense, de caractère totalement philosophique, qu’il va se livrer. Il nous reste 29 de ses traités. A la fin de sa carrière, il passe à l’hérésie montaniste, ce qui fait qu’avec Origène, nous avons deux des principaux fondateurs de la théologie chrétienne qui sont classés hérétiques. Ses ouvrages sont néanmoins considérés comme des supports de la doctrine orthodoxe et ‘est le cas de l’un des principaux traités, intitulé « Apologétique », écrit vers 197 et adressé « aux gouverneurs des provinces » et qui se veut, comme le titre l’annonce, une « défense » de la religion chrétienne.

.

L’apologétique est donc postérieure à l’ouvrage d’Irénée que nous verrons ensuite et qui est le premier à mentionner le nom des quatre évangélistes. Il n’y a aucune raison de penser que Tertullien ait eu connaissance de l’ouvrage d’Irénée. Exactement comme ses prédécesseurs et même si, comme eux, il mentionne bien de temps à autre, le nom de Jésus, il ne connaît quoi que ce soit de précis relatif à sa vie. Peut-être, ici ou là, trouve-t-on tel détail ignorés de ses devanciers, mais tout en étant à la recherche des preuves scripturaires, il ne lui vient pas à l’idée de mentionner Matthieu, Marc, Luc et Jean, mais toujours les prophètes de l’Ancien Testament.

.

Comme Justin de Néapolis écrivant plusieurs décennies plus tôt, il va donc avoir recours à ce document connu sous le titre d’Actes de Pilate qui, à ce qu’il croyait, aurait été le compte-rendu plein de remords que le gouverneur de la Judée, Pilate, « converti au christianisme dans son cœur », aurait adressé à l’empereur Tibère : Tertullien écrit :

.

« Pilate qui était lui-même déjà chrétien dans le cœur, annonça tous ces faits relatifs au Christ à Tibère, alors César. Les Césars eux-mêmes auraient cru au Christ si les Césars n’étaient pas nécessaires au siècle ou si les Césars avaient pu être chrétiens en même temps que Césars » (3)

.

Il se trouve que ces Actes de Pilate nous parvenus, comme de nombreux documents de l’antiquité dans différentes versions,(4) ce qui complique affreusement la recherche quand les différentes versions ne se ressemblent pas totalement, ou diffèrent considérablement ou encore sont contenues dans d’autres ouvrages portant un titre différent. C’est le cas de l’une des versions des Actes de Pilate, contenus dans un document intitulé « Evangile de Nicodème ». On ne peut donc affirmer que celle dont disposait correspondait point par point aux Actes de Pilate de l’Evangile de Nicodème, dont voici un extrait :

.

. « Ponce Pilate, à Clade, salut ! Il est arrivé récemment une affaire que j’ai jugée moi-même : les Juifs, par envie, se sont chargés eux-mêmes ainsi que leur postérité, de condamnations terribles, par leur propre faute. Par exemple, leus Pères avaient des promesses selon lesquelles Dieu leur enverrait du Ciel son Saint qui serait à juste titre appelé Roi. Et leur Dieu leur avait promis qu’il l’enverrait sur terre par l’intermédiaire d’une Vierge. Il vint donc en Judée quand j’étais gouverneur. Ils le virent rendre la vue aux aveugles, purifier les lépreux, guérir les paralysés, chasser les démons des hommes, ressusciter les morts, apaiser les vents, marcher à pied sec sur les vagues de la mer et faire beaucoup d’autres merveilles et tout le peuple juif l’appeler le Fils de Dieu. Les grands prêtres donc, poussés par l’envie l’ont arrêté, me l’ont livré et ont porté contre lui fausse accusation sur fausse accusation, disant que c’était un sorcier et qu’il accomplissait des choses contraires à leur foi.

.

Moi, croyant qu’il en était ainsi, je le fis battre de verges et le livrai à leur sanhédrin. Ceux-ci le crucifièrent et, lorsqu’il fut enseveli, ils le firent garder. Cependant, tandis que mes soldats veillaient sur lui, il ressuscita le troisième jour. Mais la malice des Juifs s’enflamma au point qu’ils donnèrent de l’argent aux soldats en disant : « Dites que les disciples ont enlevé le corps ». (5)

.

J’ai rapporté ces choses à Votre Majesté, de peur que d’autres ne vous trompent et que vousn’accordiez foi aux fausses histoires des Juifs ».

.

Eusèbe dénonce ces Actes de Pilate comme un faux, tout en signalant que de nombreuses églises chrétiennes, au moment où il écrit, donc au début du IVème siècle, le regardent comme authentique. (6) A fortiori, précédemment, doit-il passer aux yeux de beaucoup pour une véritable relation de la fin dramatique du Christ. Tertullien, dans un autre passage, considère qu’on fût à deux doigts que l’empereur Tibère et la totalité du sénat romain devinssent chrétiens :

.

« Donc, Tibère, sous le règne de qui le nom de chrétien a fait son entrée dans le monde, soumit au Sénat les faits qui lui avaient été annoncés de Syrie-Palestine, faits qui avaient révélé là-bas la divinité du Christ, et il manifesta son avis favorable. Le Sént, n’ayant pas lui-même vérifié ces faits, vota contre » (7)

.

Non seulement les Actes de Pilate, même en tant que faux, montrent que le souci de la preuve historique existe à la fin du IIème siècle, qui n’existait absolument pas au début, mais on se rend compte aussi, en différents passage, que, sans mentionner l’un ou l’autre des quatre évangélistes, Tertullien a bien connaissance, plus ou moins précisément, de quelques contenus factuels des évangiles, ce qui était absent des œuvres de ses prédécesseurs. Ainsi :

- Le Christ prêche sa doctrine, exaspère les docteurs et les notables qui le livrent à Pilate et l’oblige à le crucifier (Apologétique XXI, 18).

- Lorsque le Christ expire, le soleil cesse d’éclairer la terre ( Ap. XXI, 19)

- Les Juifs déposent le corps du Christ et le place dans un tombeau surveillé par des soldats parce qu’ils craignent que les disciples ne l’emportent ( Ap. XXI, 20)

- Trois jours après cette mise au tombeau, la terre tremble et la pierre s’écarte ; la garde effrayée se disperse… « Les disciples ne se montrent nullement et dans le sépulcre, on ne trouva rien d’autre que la dépouille d’un tombeau » Ap. XXI, 21)

- « Lui, de son côté ne parut pas devant la multitude, pour ne pas arracher les impies à leur erreur et aussi pour que la foi (…) coûtât quelque peine aux hommes (Ap.XXI, 22)

- « Mais il passa jusqu’à quarante jours avec quelques disciples en Galilée, de la province de Judée, leur enseignant ce qu’ils devaient enseigner. Et puis, leur ayant confié la mission de prêcher toute la terre enveloppé d’un nuage, il fut enlevé au ciel : ascension beaucoup plus vraie que celle que chez vous, des Proculus ont coutume d’attribuer aux Romulus » (Ap. XXI, 23) (8).

.

Il sIIl semble évident qu'écrire en ces termes sur les circonstances de la mise au tombeau et tout ce qui suite implique que Tertullien ne dispose pas des évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Nous sommes au tournant de l'an 200. Rappelons qu'il n'est pas un obscur provincial de Carthage, mais qu'il est Romain, très certainement depuis toujours en contact permanent avec Rome. Après sa conversion, il ne s'intéresse qu'au christianisme. Il écrit abondamment sur le christianisme. Il semble totalement invraisemblable que de Rome ne lui soit pas parvenu ne serait-ce que l'évangile de Marc, supposé avoir été rédigé dans cette ville dans le début de la seconde moitié du 1er siècle. Serait-ce qu'à Rome on l'aurait perdu ?

-

.

Tertullien, en dépit du fait que son évolution le conduit à l’hérésie montaniste et en dépit de son information historique plus qu’incertaine, mérite la plus grande attention, en tant qu’il est le premier à fournir des éléments qui caractérisent la théologie essentielle et fait du christianisme naissant une religion vraiment nouvelle, notamment dans la relation du Fils (le « Logos ») au Père et la conception nouvelle du Dieu unique en trois personnes. Les paragraphes 11 , 12 et 13 du chapitre XX pourraient donc faire valoir leurs droits à être considérés comme un texte fondateur du christianisme. Tertullien, qui évoque le grand problème de la « génération » du Fils par le Père, est le premier à dire clairement que le Christ est non seulement Fils de Dieu, mais Dieu :

.

« Or, nous aussi, nous regardons la parole et la raison et aussi la puissance par lesquelles Dieu a tout créé, nous l’avons dit, comme une substance propre que nous appelons « Esprit » : la parole est dans cet Esprit quand il commande, la raison le seconde quand il dispose, la puissance l’assiste quand il réalise. Nous disons que dieu a proféré cet Esprit et qu’en le proférant, il l’a engendré et que, pour cette raison, il est appellé Fils de Dieu et Dieu, à cause de l’unité de la substance : car Dieu aussi est esprit.

Quand un rayon est lancé hors du soleil, c’est une partie qui part du tout : mais, le soleil est dans le rayon, parce que c’est un rayon du soleil et que la substance n’est pas divisée, mais étendue comme la lumière qui s’allume à la lumière. La matière source demeure entière et ne perd rien, même si elle communique sa nature par plusieurs canaux. Ainsi, ce qui est sorti de Dieu et Dieu, fils de Dieu et les deux ne font qu’un. Ainsi l’Esprit qui vient de l’Esprit et Dieu qui vient de Dieu est autre par la mesure , il est second par le rang non par l’état, et il est sorti de sa source sans s’en être détaché. Donc, ce rayon de Dieu, comme il avait toujours été prédit auparavant, descend dans une Vierge, et, s’étant incarné dans son sein, il naît homme mêlé à Dieu. La chair unie à l’esprit se nourrit, croît, parle, enseigne, opère et voilà le Christ. Acceptez pour le moment cette « fable » (elle est semblable aux vôtres) en attendant que je vous montre comment le Christ est prouvé et quels sont ceux qui ont fait circuler d’avance parmi vous des fables de ce genre pour détruire cette vérité ». (Apologétique, XX, 11-13).

.

D’autre part, élément essentiel du christianisme naissant, l’antijudaïsme prend tournure :

.

« Les Juifs savaient aussi que le Christ devait venir, car c’est à eux que parlaient les prophètes. Et, en effet, aujourd’hui encore, ils attendent sa venue et, entre eux et nous, il n’y a pas d’autre sujet de contestation plus grand que leur refus de croire qu’il est déjà venu (…) Par leur péché, ils ont mérité, en effet, de ne pas comprendre le premier : ils auraient cru, s’ils avaient compris et ils auraient obtenu le salut, s’ils avaient cru. Ils lisent eux-mêmes dans l’Ecriture qu’ils ont été privés, par leur châtiment, de la sagesse et de l’intelligence et de l’usage des yeux et des oreilles ». ( Ap. XXI, 15).

.

Le chapitre XXII témoigne des affinités qui demeurent très fortes chez Tertullien, à l’égard de l’ésotérisme, autrement dit la Gnose : « Et en effet, nous affirmons qu’il existe certaines substances spirituelles (…) C’est de même par une secrète contagion que l’’inspiration des démons et des anges opère la corruption de l’esprit, en le remplissant de fureurs et de folies affreuses, de passions terribles, d’illusions en tous genres, parmi lesquelles la principale consiste à recommander vos dieux aux esprits trompés et circonvenus . (Ap. XXII, 1-6).

.

Dans un autre texte majeur, intitulé « De la prescription des hérétiques », Tertullien se fait le théoricien de la Grande Eglise abritant le dépôt de la foi garanti par la succession apostolique : « Ce fut d’abord en Judée qu’ils (les apôtres) établirent la foi en Jésus-Christ et qu’ils installèrent des Eglises. Puis, ils partirent à travers le monde et annoncèrent aux nations la même doctrine et la même foi. Dans chaque cité, ils fondèrent des Eglises auxquelles dès ce moment les autres Eglises empruntèrent la bouture de la foi, la semence de la doctrine et l’empruntent tous les jours pour devenir elles-mêmes des Eglises. » Et par celà même, elles sont considérées comme apostoliques, en tant que « rejetons » des Eglises catholiques. Toute chose doit nécessairement être caractérisée d’après son origine. C’est pourquoi ces Eglises, si nombreuses et si grandes soient –elles ne sont que cette primitive Eglise apostolique dont elles procèdent toutes. Elles sont toutes primitives, toutes apostoliques, puisque toutes sont unes. »

.

Il aurait suffi qu’un tel texte fût écrit cent cinquante ans plus tôt, qu’il citât le contenu et les auteurs des quatre évangiles canoniques et que ceux-ci aient eux-mêmes contenu de façon plus explicite la théologie de la Trinité et de la consubstantialité que Tertullien est entrain de construire, on ne sait sur quelles bases. Alors, les prétentions de l’Eglise à l’historicité de ses origines seraient du même coup beaucoup plus facilement recevables.

.

Malheureusement, le délai de 150, est considérable, et la méconnaissance patente par Tertullien du contenu des évangiles canoniques pèse bien plus lourds sur le point de l’évaluation de son orthodoxie que les raisons qui l’attireront bientôt vers le montanisme.

(à suivre)

(1)11) Actes, 9, 20-21`

(2) 22)Lettre de Jérôme à la veuve Hidybia. (annexe)

(3)3) Apologétique XXI, 24

(4) 4)Et différentes langues, en l’occrence grec, latin, syriaque, arménien, copte

(5) 5)Cette idée se trouve en Matthieu 27, 64

(6) 6)Histoire Ecclésiastique, 9, 5

(7)7) Apologétique V, 2

(8) 8)Romulus, fondateur légendaire de Rome et son frère Rémus sont les fils de la Vestale Rhéa Silvia, mise enceinte par le Dieu Mars. Selon l’Histoire romaine de Tite-Live, il a été emporté dans les cieux au cœur d’une tempête, au cours d’une cérémonie religieuse. A moins disent certains que l’on invite à se faire, il n’était été assassiné. (Livre I, 16)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.