C'est dans le rapport possible entre l'entreprise (de longue date) de Michel Benoit et celle (de longue date aussi) de Mordillat et Prieur, que je voudrais dire deux mots sur le dernier ouvrage de Michel Benoit.
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Pour ceux qui ne le connaitraient pas, Michel Benoit fut moine bénédictin pendant 20 ans, dont 5 passés au Vatican et se présente comme un "spécialiste des origines du chritianisme".
Chassé de l'Eglise, après tant d'autres, (Bernard Besret, par exemple) dans les années 1990, pour trop grande inclination à l'esprit critique, il publia en 1992 un livre autobiographique, intitulé "Prisonnier de Dieu", dans lequel il racontait ses déboires et qualifiait l'Eglise catholique romaine de "secte". (Ce livre compta d'ailleurs beaucoup pour moi, à l'époque).
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Il a, depuis, pas mal publié notamment "le secret du treizième apôtre" (qui est un roman), mais également "Dieu malgré lui" et "Nouvelle enquête sur Jésus"
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Il anime son propre blog que vous pouvez consulter :
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http://michelbenoit17.over-blog.com/
Il y a, probablement, beaucoup de choses à dire sur sa démarche, qui comme d'autres avant lui, ce fut le cas de Loisy, il y a bien longtemps, mais aussi celle de Bernard Besret (auteur de "Confiteor") ou de Jean-Claude Barreau (auteur des "Mémoires de Jésus"), demeure celle d'un croyant, en dépit des difficultés avec l'Institution Eglise, avec le dogme et avec la présentation orthodoxe de l'histoire des origines. Cette remarque est importante. Elle veut dire que, peut-être, on peut réviser l'adhésion à l'institution, aux dogmes et à l'histoire orthodoxe, sans pour autant perdre la foi, même si, nécessairement, celle-ci se transforme.
Je n'ai pas lu Michel Benoit, après son "Prisonnier de Dieu" de 1992. Cependant, la présentation qui est faite de son dernier livre par son éditeur, de même que la dernière phrase que l'ancien moine inscrit sur son blog, m'incitent à faire un rapprochement avec la récente série d'émissions Apocalypse, due à Gérard Mordillat et Jérôme Prieur et que, sans vouloir trop faire de peine aux uns et aux autres, je qualifie de "faux questionnement" ou "esprit critique dévoyé".
La phrase de Socrate que Michel Benoit invoque est celle-ci : "Le pédagogue n'est pas celui qui donne les bonnes réponses, mais celui qui fait naître les bonnes questions".
Si vous lisez attentivement le texte de quatrième de couverture du livre, vous constatez qu'il comporte essentiellement des questions. Comment ne pas se rappeler les questions qui structuraient les émissions 11 et 12 de la série "Apocalypse" d'Arte : à quelle date Jésus est-il né ? (en l'an zéro, ou en l'an - 4 ?) à quelle date faut-il situer l'origine du christianisme, à la naissance de Jésus-Christ ou à l'accession au trône de Théodose ?
Je veux simplement dire que :
1° sous l'habillage interrogatif, se cache nécessairement une affirmation, quand bien même cette affirmation serait celle d'une hypothèse.Cette affirmation peut être aussi une vérité acquise, démontrée; ou encore une évidence empirique, ou enfin, un axiome, c'est-à-dire un principe fondateur non démontré "Qui était Jésus ?" de Michel Benoit sous-entend que Jésus était.C'est donc bien que derrière la question, il y a une affirmation. Il s'agirai de savoir quel est le statut de cette affirmation.De même la question de la 11ème sémission de la série Apocalypse d'Arte . Est-il né en l'an zéro ou l'an - 4 sous-entend qu'il est né. Or, il pourrait y avoir, en amont de cette affirmation sous-jacente une autre question : par exemple : Jésus était-il ? ou bien Jésus est-il né. - Ce qui, naturellement, inévitablement, implique une autre affirmation, toujours hypothétique : Jésus pourrait ne pas être né? Jésus pourrait ne pas avoir été (ou encore ne pas avoir été le fondateur du christianisme) ?
2° Dans une démarche historique de recherche de la vérité : il faut traiter les hypothèses comme des hypothèses et ne les considérer comme des certitudes que lorsque la preuve a été faite, en bonne et due forme, de leur vérité.
Un dernier mot sur la dernière question de Michel Benoit - la "bonne" si l'on s'en remet à ce qu'il cite de Socrate - : "Y a-t-il, dans les évangiles, des vérités cachées?" - Donc, comme je viens de le dire: cela suppose une ou plusieurs affirmations hypothétiques, ou bien des négations : il y a des vérités cachées dans les évangiles, ou il n'y en a pas, etc, etc.
Je veux conclure en disant que d'autres questions que celles posées par ce bref résumé du livre de Michel Benoit, sont également possibles, mais ne sont pas posées. Ceci est valable, bien sûr, pour les émissions "Apocalypse" d'Arte. Peut-être Socrate les aurait-il posées ?
Voici un exemple : Y a-t-il - sur les origines du christianisme, s'entend - des vérités (cachées ou dites...) ailleurs que dans les quatre évangiles? Ce qui sous-entend, pour bien me faire comprendre, que - ne serait-ce qu'à titre d'hypothèse, on doit considérer qu'il peut y en avoir et on doit chercher lesquelles.
jean-paul yves le goff
http://www.lelivrelibre.net