"Ainsi, lorsqu’Eric Besson prétend dénoncer une « dérive » politique de Guillon ou que Dominique Strauss-Kahn réclame de la caricature qu’elle ne soit pas « méchante », cela ne relève pas seulement d’un propos absurde, mais d’un phénomène véritablement préoccupant : cela signifie que l’espace sanctuarisé de la dérision est menacé d’annexion par l’espace politique qui, en prétendant lui dicter ses limites, lui dénie sa fonction d’origine, celle d’une dérision généralisée.
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Craignons donc qu’avec Stéphane Guillon, ce ne soit tout l’espace de la caricature publique qui ne soit menacé, un espace pourtant indispensable pour canaliser les forces de dérision et créer les conditions d’un débat public sain. Si la caricature, même consignée dans l’espace qui lui a été consacré par la société, peut à présent faire l’objet d’un droit de regard du politique, alors il est à croire que la démocratie existe un peu moins, et qu’elle finira bientôt par n’être plus, comme Aristophane et Cléon, que de l’histoire ancienne."
(Céline Candiard, chercheuse en histoire du théâtre et enseignante à l’Université de la Sorbonne-Nouvelle Paris 3.)
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