Tiens, Oussama Ben Laden est mort. J'apprends ça ce matin, alors que j'approche avidement mes lèvres d'une tasse de café chaud. Et puis, dès que le précieux breuvage passe le cap de ma luette, il produit l'effet attendu: je me réveille vraiment... Et je ressens immédiatement une étrange sensation de «déjà vu». Si, si, rappelez-vous, en janvier 2010, on nous annonçait déjà sa mort, et puis en 2006 aussi... En tout cas, c'est au moins la troisième fois qu'on nous l'annonce. Cette fois-ci c'est «lors d'une opération de commando menée au Pakistan par les forces américaines», nous annonce la Maison-Blanche.
Moi, il me revient qu'en 2004, il était déjà «encerclé» par des forces américaines au Pakistan (déjà? A croire que l'armée américaine se promène comme elle le veut dans ce riant pays...). Ensuite, oui, c'était sûr, il était mort des suites d'une insuffisance rénale impossible à soigner sauf à se faire arrêter (ou descendre, tout simplement) à l'hôpital. Et en 2006 encore, puis en 2010, combien de fois nous a-t-on annoncé la mort de Ben Laden?
Alors, évidemment, on peut toujours comprendre que les Américains, touchés par le très dégueulasse attentat du 11 septembre à New-York, manifestent leur joie. Mais ce pays est prompt à croire aux croquemitaines et oublie que, sur le fond, ça ne change pas grand chose, Al Qaïda étant une organisation éparse, multiforme, voire multicéphale.
Par exemple, que changera la mort de Ben Laden, si elle est avérée, au sort des otages français au Maghreb? Nul n'en sait rien.
D'autant que l'on peut croire que le défunt présumé se contrefoutait du sud de l'Afrique du Nord comme de sa première djellabah. Alors que dans le Maghreb appelé «islamique» par les ravisseurs, ça fait plus chic pour ces derniers de se revendiquer d'Al Qaïda, histoire de ne pas montrer que, ce qu'on veut surtout, c'est une rançon.
Non. Ce qui emmerde le plus Al Qaïda, ce sont les révolutions arabes. Et l'attentat de Marrakech en est l'aveu: ce serait bien que ça s'arrête de souffler, ce vent de liberté, sinon, on va s'envoler avec....
Donc, peut-être que Ben Laden est mort, mais bon. Comme l'écrivait poétiquement San Antonio: y'a pas de quoi se la peindre en vert, hein?