Ce mardi 3 février 2015 à 14h au TGI de Montpellier, tenue du procès de trois personnes pour avoir récupéré des produits à distribuer aux personnes en difficulté pour se nourrir.
Il y a au contraire quelques villes, comme Courbevoie où le maire et certains commerçants, voire des enseignes de grande distribution, acceptent de laisser les invendus alimentaires aux populations d’exclus selon un principe que l’on pourrait qualifier de chaîne de solidarité :
Production => Consommation => Excédents => Survivance
Un principe que l’on aurait du mal à contester par les temps qui courent
Bien que, par son fonctionnement tout comportementaliste, ce principe ne remette aucunement en question le productivisme ni le consumérisme.
Le productivisme est facteur de réel gaspillage – un mot par lequel la presse officielle cautionne, sinon les restrictions, du moins le prétendu besoin, créé de toute pièce, de s’approvisionner auprès de ces hyper marchés. Le productivisme est une bicyclette folle qui au lieu de chercher l’équilibre en avançant ne tient debout qu'en avançant toujours plus vite, toujours plus fort, toujours plus loin, ce qui rend la compétition totalement exponentielle et dangereuse, ce qui rend la production excédentaire et sauvage puisque le prix de vente à l’unité est d’autant plus bas que l’on fabrique en encore plus grand nombre. D’où la gabegie des denrées issues du très mortifère élevage intensif qui pille la planète parce qu'il nécessite toujours plus d’eau, de terres, de béton et de farines animales en quantités industrielles, et, au bout du compte, facteur croissant de maladies, de pollutions, de déplacements de population, de famines...
Le consumérisme est surtout facteur de dépendance sociale. Le sucre et le sel en sont les parangons, avec le café et le chocolat. La très basse qualité des denrées alimentaires actuelles est pourtant notoirement affectée par les pesticides et les organismes génétiquement modifiés, le soja, le maïs, l'ionisation de tous les fruits secs. Ce sont les assassins que l’on engraisse.
Le cruel paradoxe de notre temps est de transformer implicitement notre empoisonnement collectif en revendication sociale.
Les temps qui courent ne courent qu’à justifier juridiquement cette pourtant injustifiable austérité et toute la chaîne de ses odieuses restrictions-répressions que personne ne peut raisonnablement souhaiter dans la population... PAS MÊME CEUX QUI JUGENT !
SUS AUX ACTIVISTES !... Nos très austères temps juridiques courent à l’assaut de ceux qui donnent à manger aux plus démunis. Comme s’il fallait que des gens meurent de faim afin que ceux qui reste de populations encore en vie n’ose plus piper mot ni réagir. C’est le sort de plusieurs militants et des sympathisans d’organisations humanitaires. Dans les réseaux sociaux, il en a été abondamment question cet hiver, bien que la presse officielle continue de bouder la situation inique qui permet aux zélés serviteurs de notre république de poursuivre tout ce qui est de l’ordre des solidarités entre populations en détresse : voir à ce sujet notre précédent billet d’édition « Outrage et rébellion » : http://blogs.mediapart.fr/edition/outrage-rebellion/article/231114/criminalisation-des-pauvres-escalade-judiciaire-montpellier
Alors que les grandes entreprises du CAC40 volent jusqu’au fisc, le contribuable, l’usager, le consommateur, le travailleur, l’habitant...
... Cette criminalisation des pauvres et des solidarités populaires est, elle, absolument contraire à l’esprit même de notre peuple. Et ils feraient bien de reconsidérer leurs positions, tous ceux qui jugent aussi sévèrement cette population qui va atteindre les 10 millions de personnes progressiment précarisées et appauvries par nos systèmes. Ceux qui jugent si sévèrement doivent tenir compte de la volonté de vivre des personnes qui n’ont pourtant commis aucun délit, vol, déprédation, sabotage ou meurtre, atteinte aux personnes ou aux biens. Au contraire des grandes entreprises classées en bourse et qui ont du sang sur les mains avec l’armement, le pétrole, les mines d’or, le fracking...
Il est temps que les temps changent et que les juges se mettent enfin à placer la vie humaine bien au-dessus de tous les intérêts des boursico-tueurs dont ils se rendent complices de fait.
Jean-Jacques M’µ
Voici, en prime, ce que déclare à ce sujet le député européen José Bové :
Quand voler dans les poubelles devient un crime.
Depuis des décennies, à la fin des marchés de plein air, les gens viennent récupérer les légumes qui n'ont pas été vendus et qui finissent dans les poubelles. Jamais je n'ai vu de personnes en costume cravate ou en tailleur farfouiller dans les déchets pour glisser dans leur sac une pomme ou un poireau. Ce sont les pauvres qui agissent ainsi. Ces pauvres risquent gros maintenant car ils pourront être poursuivis pour « délit de soustraction de denrées périssables ». Ils encourent des amendes voire des peines de prison. C'est ce qui arrive aujourd'hui à trois jeunes qui sont jugés à Montpellier pour avoir récupéré des produits alimentaires dans les bennes poubelles d'un supermarché à Frontignan.
Pour rappel, en Europe plus de 40% de la production agricole ou alimentaire finit dans les décharges. Les transformateurs et la grande distribution ont établi des normes tellement contraignantes sur la taille et la couleur des fruits et légumes, le poids des poulets..., qu'une part importante de la production est jetée avant même de quitter laferme... Tout au long de la chaine alimentaire, des millions de tonnes finissent dans les décharges. La lutte contre le gaspillage alimentaire est devenue une des priorité de l'Union européenne. De nombreux états ont pris conscience de ce scandale et cherchent des solutions.
Le 8 février 2009 la Banque Alimentaire de Bordeaux avait organisé le premier banquet du gaspillage alimentaire auquel j'avais participé. Depuis cette initiative a essaimé. Des associations comme le CREPAQ ont pris les choses en main et organisent d'autres banquets. Peu à peu ces mobilisations ont réveillé un certain nombre d'élus.
En France, une soixantaine de députés soutiennent un amendement dans la loi Macron, qui aurait du pour être vraiment efficace, être préparé avec les associations qui connaissent ce sujet. Il va néanmoins dans la bonne direction. Il veut obliger les supermarchés de plus de 1000 M2 à rétrocéder leurs invendus à des associations caritatives. Face à ces évolutions, la Justice a visiblement un temps de retard.
La pauvreté est le résultat d'une société qui exclut, une société qui n'est plus en mesure de donner une place à chacun de nous. L'Etat de nécessité s'impose avant tout. Les trois jeunes qui sont poursuivis à Montpellier pour avoir récupéré des denrées alimentaires dans des poubelles ont eu raison d'agir ainsi et je les soutiens. Les juges doivent les relaxer.