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Billet de blog 12 avril 2011

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Rebelle à l’ordre injuste des choses, Dominique Desanti s’élève devant l’histoire

Le libraire Louis Armel aime les gens au moins autant que leurs œuvres.

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Le libraire Louis Armel aime les gens au moins autant que leurs œuvres.

Voilà quelques semaines à peine qu'il avait invité dans sa petite échoppe au 115 rue de l’Ourcq, dans le nord parisien, Dominique Desanti, cette grande dame dont les générations actuelles ignorent le combat quotidien qui remonte à sa propre enfance. Ignorer les Anciens, c’est souvent le lot des jeunesses. Mais ici, c’était passer à côté d’une réelle modestie, effacée comme l’armée des ombres que nos imaginaires ont forgée, une véritable force tranquille dont nous sommes pourtant investis sans le savoir, grâce à des gens comme elle, et comme ceux qui en préservent la mémoire, au moins par les livres et par les débats, la parole vive. Ne nous restent plus, ensuite, désormais, que les derniers hommages et la reconnaissance tardive de ce que nous leur devons. Ce qu’a vécu Dominique Desanti aura au moins permis que nos pensées refusent toujours de considérer l'état des choses existant comme immuable, surtout s'il est injuste, car la révolte finira de lui rendre un jour son droit, et, de plus, si cet état des choses était jamais juste, ce qui est bien relatif, mais il arrive que cela soit, ça reste tout de même fragile, et encore et toujours à améliorer, au moins autant qu’à préserver.

Merci aux grandes énergies comme la sienne qui nous permettent d'échapper à la réification de nos propres dynamiques.

Jean-Jacques M'µ

Dominique Desanti n’écrira plus

Écoutez... Faites silence... Le cœur d'une femme a cessé de battre

Rédigé par Aurelie Vasseur, le lundi 11 avril 2011 à 18h40

Dominique Desanti est née en 1920 ; elle compte presque autant d'années que d’œuvres ! Elle fut historienne, biographe, romancière et grand reporter. Cette femme « rebelle à l'ordre injuste des choses » a rendu son dernier soupir vendredi 8 avril 2011. (via Le Point)
Monsieur Persky, son père d'origine russe, lecteur assidu de Paul Valéry, lui transmit l'amour de la poésie ; il fut assassiné en 1944, par un SS : « Les morts cachés sont bien dans cette terre / Qui les réchauffe et sèche leur mystère. » La mort de son père opéra en elle un secret changement : « Pour faire mon deuil, j'ai dû me dénaturer. Tuer en moi les séquelles du "vieil être". Ma véhémence et ma fureur à défendre le Parti, quatre ans plus tard, prennent leur source dans ce moment. Une manière de venger mon père ? L'érection du Parti en père, projection classique ? Peut-être les deux. » (Via BibliObs)

Grande figure de la résistance en 1940, Dominique Desanti fit un mariage heureux avec le philosophe Jean-Toussaint Desanti (1914-2002), auteur des Idéalités mathématiques (1968) et des Variations philosophiques (1992), qu'elle appelait familièrement Touky, avec qui elle conçut un livre autobiographique : La Liberté nous aime encore (2001).
Femme de gauche engagée, elle défendit les couleurs du Parti Communiste Français de 1943 à 1956. Dominique Desanti écrivit aussi de nombreux livres historiques et politiques, aux titres évocateurs : Les Staliniens, une expérience politique, 1944-56 ; Masques et visages de Tito et des siens ; L'Internationale communiste ; Les sorcières sont des miroirs ; Les Socialistes de l'utopie ; Nous avons choisi la paix ; Bombe ou paix atomique ?, avec Charles Haroche.
Dominique Desanti aimait les contradictions : résistante, elle écrivit une biographie du collaborateur Drieu la Rochelle ; athée, elle relata les dialogues qu'elle eût avec la Mère Marie Skobtsov, avant que celle-ci soit gazée à Ravensbrück. Éclectique, elle signa aussi bien des romans décryptant l'âme humaine (Les années passion, Les Grands sentiments) qu'un documentaire sur la Côte d'Ivoire !
Enthousiaste et cultivée, elle nous a fait connaître les vies de Sacha Guitry, du poète Robert Desnos, des romanciers Elsa et Aragon, et de la peintre Sonia Delaunay. Féministe, elle brossa des portraits de femmes avec beaucoup de sensibilité : Marthe Hanau, Visages de femmes, La Femme au temps des années folles, Flora Tristan la femme révoltée.
Dominique Desanti resta debout toute sa vie. En témoigne ce message de 1997, extrait de ses Mémoires (Ce que le siècle m'a dit) : « Pour la vieille dame "indigne", que je suis, rester soi, c'est ne jamais se résigner. »(via France Culture)
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