L’article de Marine Turchi : A l'ANPE, des agents débordés traitent «du chômeur à la chaîne" valorise, à raison, la conscience morale et sociale des conseillers de l’ANPE. C’est bien, mais n’oublions pas le contre-champ. Combien d’entre-deux pourront-ils ne pas craquer, combien,pour se protéger, perdront leur « cœur-conscient » (1) combien d'entre eux, se feront rouage de la machine à broyer ?
En Belgique, dans une petite ville de province, assez souvent, les nominations (les « places » comme on dit) ou l’attribution des logements sociaux sont réglées "par la politique", d’accord c’est de la politique au petit pied, mais c’est ainsi. Alors à ce jeu-là chacun y perd de sa dignité et nous, nous plaçons tous comme citoyens sur une échelle de compromis et d’indignité, nous fermons tous plus ou moins "notre gueule" selon les circonstances. La « dame ou le monsieur derrière le guichet » ne sont pas toujours ni à la hauteur, ni de bonne volonté, au fond ça doit être dur de voir des paumés devant soi toute la journée et de se dire qu’on a de la chance. Naturellement pour certains conseillers ce sera plus facile de considérer que l’autre, s’il en en face « c’est de sa faute », et d'avantage encore si le client , " l'autre" reste entier. Alors, il faut que le sous-homme devant le guichet plie et se mette à la botte !
(1) http://www.babelio.com/livres/Bettelheim-Le-coeur-conscient/37138