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Billet de blog 30 janvier 2015

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Le Cameroun, " pas une dictature ou un régime autoritaire" pour la Mairie de Paris?

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Conférence renvoyée courant mars à la Mairie du onzième arrondissement de Paris

Risible mais grave, le motif pour lequel la Mairie de Paris s'oppose à la tenue dans ses murs d'une conférence de presse sur les Droits de l'Homme au Cameroun de la célèbre avocate Alice NKOM .

Voici la position telle que reçue des services compétents de la Mairie de Paris:

« Il s’agit d’une conférence de presse sur un sujet touchant aux libertés publiques, à la liberté de la presse et d’opinion au Cameroun, un pays qui n’est pas considéré par la communauté internationale comme une dictature ou un régime autoritaire, loin s’en faut. Si, dans l’absolu, la Ville de Paris, « capitale de la patrie des droits de l’homme » (avec tout ce que ça a de symbolique ) rejoint la position des demandeurs sur le plan des valeurs, elle ne peut sembler cautionner la mise en cause des décision prises par les autorités démocratiquement élues de cet Etat, dans un contexte de crise locale et internationale. »

De ce fait la Ville de Paris ne souhaite pas que la Mairie du 11ème apparaisse comme co-organisatrice de cette réunion.

Ci-dessous la réservation de salle pour la conférence de presse de Me Alice Nkom, avocate spécialisée des Droits de l'Homme, adressée par le CL2P aux élus du onzième arrondissement de Paris le 16 janvier 2015:

Paris, le 16 janvier 2015

Monsieur le Conseiller,

Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques Camerounais (CL2P) a l’honneur de solliciter un partenariat avec la Mairie du XIe, pour l’organisation de la conférence de presse de Me Alice NKOM, avocate camerounaise, qui sera de passage à Paris début février. Sollicitée par le CL2P dont elle est la marraine, Me Alice NKOM a donné son accord, pour tenir une conférence de presse à Paris le vendredi 05, le samedi 06 voire le dimanche 07 février 2015.

Eu égard à la valeur symbolique de la Mairie du XIe, le CL2P souhaite vivement que cet événement puisse se tenir dans vos locaux.

Personnalité très médiatique et ardente défenseur des droits de l’homme au Cameroun, Me Alice NKOM est particulièrement connue pour son action en faveur des homosexuels habituellement persécutés dans ce pays, des prisonniers politiques et par sa lutte contre les atteintes à la liberté d'expression.

Classée parmi les «africains les plus fascinants» de 2012 par le New Yorker, gagnante du Prix des Droits de l'Homme 2014 de la branche allemande d'Amnesty International, puis citée récemment parmi les «50 africaines les plus influentes» par Jeune Afrique, elle pourrait éclairer la presse française et internationale sur la situation des Droits de l'Homme au Cameroun suite au vote d'une loi antiterroriste très controversée et aux menaces sur les libertés induites par les incursions meurtrières de la secte islamiste Boko Haram dans la sous-région. Je vous ai joint un petit dossier d'information à cet effet.

Dans l'attente d'une réponse favorable, je vous prie d'agréer, Monsieur le Conseiller, l'expression de mes sentiments distingués.

Pour le CL2P

Le Porte-parole

Joël Didier Engo

http://www.cl2p.org/

En guise d'information à la Mairie de Paris et aux autorités diplomatiques françaises: Qui est Alice Nkom, gagnante du prix des droits de l’homme de la branche allemande d'Amnesty international en 2014?

Photo: Me Alice Nkom, avocate au barreau du Cameroun

http://www.lesinrocks.com/2013/11/26/actualite/alice-nkom-amnesty-prix-droits-de-lhomme-11447597/

http://www.glaad.org/blog/alice-nkom-fighting-rights-lgbt-people-cameroon

Par Marie Turcan, lesinrocks.com

L’avocate camerounaise de 68 ans vient de recevoir le prix des droits de l’homme de la branche allemande d’Amnesty International, pour son combat pour le droit des LGBT au Cameroun, où l’homosexualité est considérée comme un délit.

Quand elle n’enfile pas la robe noire pour plaider, Alice Nkom se vêt toujours de tenues amples et flamboyantes, auxquelles elle associe avec bon goût le turban qui cache ses cheveux coupés courts. Mais ne vous fiez pas à ses allures de grand-mère gâteau. Alice Nkom est une militante, une battante en constant danger de mort, qui n’a jamais baissé les bras.

La branche allemande d’Amnesty International ne s’y est pas trompé, en attribuant à cette Camerounaise de 68 ans le prix des droits de l’homme. La récompense, accompagnée d’un chèque de 10 000 euros, lui sera remise à Berlin le 18 mars 2014. Elle rend hommage à l’engagement d’Alice Nkom en faveur des droits LGBT (lesbiennes, gays, bi, transgenres), dans un pays où tout rapport sexuel homosexuel est passible de six mois à cinq ans de prison depuis 1972.

Trois ans de prison pour un SMS

Dès l’âge de 24 ans, Alice Nkom s’est fait connaître au Cameroun pour avoir été la première femme noire à réussir l’examen du barreau, alors que le métier était traditionnellement réservé aux hommes. Elle dédie sa carrière à la défense de Camerounais victimes de violences policières, de discrimination aussi de ceux “accusés d’homosexualité”.

Un de ces accusés les plus célèbres est Jean-Claude Roger Mbede, arrêté en 2011 et condamné à trois ans de prison pour avoir envoyé une déclaration d’amour par SMS à un autre homme. Le verdict, contre lequel les associations Human Rights Watch et Amnesty International ont protesté, a également été contesté par Alice Nkom son avocate, qui en a fait appel en 2012.

“Un peu provocateur”

La gagnante du prix Amnesty des droits de l’homme se bat pour les droits des plus faibles depuis le début de sa carrière (longue de 40 ans), mais elle a poussé son combat plus loin en 2003, lorsqu’elle a fondé l’Association de défense des droits des homosexuels au Cameroun (ADEFHO), première organisation non gouvernementale du Cameroun à s’engager pour la protection et la défense des gays.

“J’ai essayé de faire enregistrer l’association à la préfecture. Je savais que c’était un peu provocateur. Je voulais que tout le monde sache que les homosexuels avaient aussi des droits. L’employé de la préfecture m’a dit que je mériterais d’être virée”, confiait-elle au “Guardian” en 2011.

Menaces de mort

Depuis 2006, elle dédie entièrement sa carrière à la défense de Camerounais accusés d’homosexualité. Un combat qui lui attire les foudres d’un bon nombre de des concitoyens ainsi que du gouvernement camerounais. Régulièrement menacée de mort, elle a dû faire face à l’assassinat de plusieurs de ses proches.

Concernant les tentatives d’intimidation qu’elle reçoit par SMS sur son portable, elle explique avoir porté plainte depuis octobre 2012, mais que “la police n’a jamais ouvert d’enquête.”

Si elle avoue prendre ces menaces au sérieux, elle affirme au Guardian que même s’il y a un risque, “lorsque vous faites quelque chose qui est juste, vous le faites, tout simplement. Quelqu’un doit le faire.”

Peine de mort dans neuf pays

Le prix d’Amnesty International vient s’ajouter à une longue série de récentes consécrations. Classée parmi les “Africains les plus fascinants” de 2012 par le New Yorker, l’avocate a conseillé les plus grands comme Hillary Clinton, et est régulièrement invitée à prononcer le discours d’ouverture des conférences de Human Rights.

Marie Turcan, lesinrocks.com, 26 novembre 2013

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