Bon, nous savons tous comment la Première Guerre Mondiale a commencé – Franz Ferdinand (pas le groupe) a été assassiné et la guerre déclarée peu de temps après – mais beaucoup ignorent comment elle s’est terminée, et pourquoi le 11 novembre est jour de commémoration.
Alors, voilà comment ça s’est vraiment passé. (Et je tiens à dire que j’adore donner des leçon d’histoire de France à des Français. C’est un honneur.)
Nous sommes en 1918, le Maréchal Foch (prononcé Fuck dans certaines cultures, soit dit en passant) vient d’apprendre que les Allemands veulent se rendre, mais la guerre ne s’arrête pas immédiatement. Non. Foch décide d’y mettre fin à une date accrocheuse en quelque sorte. Et dans un endroit « accrocheur », le dernier wagon d’un train en rase campagne par exemple. D’ailleurs, pourquoi toutes les guerres se terminent dans des wagons ? Pourquoi pas dans des cinémas ou des camions de marchandise ?
Donc, on a les Allemands d’un côté qui disent : « On se rend !!! » et les Français de l’autre qui répondent: « Ben, merci, mais il faut qu’on fixe une date, quand même ! » Ce qui ressemble beaucoup aux échanges que j’ai avec mes amis à propos des dates de dîner.
Alors, la guerre continue. Pendant ce temps, le Maréchal et ses généraux tiennent conseil (probablement autour d’un genre de super power point de l’époque) et ils en sortent avec : le 11 novembre. Je tiens à préciser que j’ai glané ces infos sur wikipedia et qu’elles sont donc indiscutablement vraies.
A la onzième heure du onzième jour du onzième mois… vous saisissez ? 11/11 à 11 heures.
En y repensant, c’est dommage qu’on n'ait pas été en 1911 parce que sinon, ils auraient pu faire ça le 11/11/11 à 11 heures. Et, tant qu’on y est, lâchons-nous, à 11heures, 11 minutes, 11 secondes, ce qui donnerait…
(Attendez, je calcule)
11/11/11 à 11 :11 :11 (on aurait pu l’appeler les six 11).
Il semblerait qu’ils aient d’abord pensé le faire le 9 novembre (9/11) mais la date était déjà réservée par les Etats-Unis pour un événement ultérieur… (je vous laisse le temps de comprendre la blague).
Les combats continuent donc jusqu’à la dernière minute de ce fameux 11/11 et il fut dit que de nombreuses unités ont continué à faire feu après la fin officielle pour éviter de trimballer des munitions sur le retour.
On prévoyait 11 000 morts pour le dernier jour à lui tout seul – d’avantage que le nombre de morts et de blessés durant le débarquement.
Il me semble inimaginable que cette guerre, une des plus meurtrières qu’on ait connue, qui a balayé toute une génération d’hommes, ait été prolongée parce que le Maréchal Foch tenait à fixer une date. J’attache beaucoup d’importance à la tradition et à l’organisation de fêtes, mais je trouve que là, c’est allé un peu loin, non ?
Je me représente la scène du côté français comme une espèce de Dr Folamour, le Maréchal Foch téléphone au commandant en chef, joué par Peter Sellers.
Foch : « Commandant, oui, Foch à l’appareil. Ecoutez, mon vieux, on va mettre fin à la guerre. Les Allemands se rendent. Dites à vos hommes de cesser le combat le 11 novembre. »
Commandant: « Navré, Maréchal, vous avez dit que la guerre est finie ? »
(Bruits de bombes. Le combat fait rage).
Foch : « Oui. Enfin, en théorie. Voyez-vous, nous souhaiterions qu’elle s’arrête le 11/11 à 11 heures. Vous saisissez ? J’avoue que l’idée est de moi. Nous pensons faire des T-shirts avec l’inscription : « J’y étais le 11/11 à 11 heures », quelque chose dans ce genre. »
(Explosions Explosions. Tirs d’artillerie)
Commandant : « Navré, monsieur… »
Foch : « ARMISTICE. Ce sera le 11 novembre à 11 heures. Un lundi, comme ça on pourra faire le pont. »
Commandant : « Un pont ? Quel pont ? Maréchal, nous essuyons un très grand nombre de pertes. Mes hommes sont à bout. »
Foch (l’interrompant) : « Les Allemands le savent aussi. Ils s’arrêteront dans trois jours. D’accord…Entendu ? Entendu. Moi aussi, je vous emmerde… Ha, ha, ha ! »
Imaginez que vous soyez le commandant et que vous deviez transmettre un tel message à vos hommes… ça a dû susciter quelques questions.
Commandant : « Mes enfants, voilà ce qui va se passer : il y a un groupe d’Allemands sur la colline, cette nuit, nous allons prendre cette colline et capturer ces hommes. Je ne vous cache pas que ça va pas être du gâteau. »
Soldat : « Heu, mon commandant, j’ai une question. Vu que a guerre est finie demain à 11 heures, on pourrait peut-être laisser tomber…? »
Au QG du Maréchal Foch, le 11/11 à 10:50, le compte à rebours a dû être des plus macabres. Chaque seconde qui passait (selon mes calculs) signifiait 8 morts supplémentaires.
Général : « Ah, Maréchal, il est 11:58, on pourrait peut-être appeler les Allemands et en finir ? »
Foch : « Chuuuuut, il est presque 11:00 ! »
Tic tac, tic tac… 20 morts.
Foch : « Sait-on où je peux trouver une coupe ? Je voudrais une coupe de champagne. Combien de temps il reste ? Vous pensez que je peux aller aux toilettes ? »
Tic tac, tic tac…15 morts.
Foch : « Je vais envoyer un SMS grandiose. A tous mes contacts… »
Tic tac, tic tac, tic tac.
Et ainsi de suite.
L’Armistice est signée le 11 novembre, CINQ semaines après que les Allemands aient demandé à se rendre. Quand on lit les dates sur les tombes des cimetières français (je fais ce genre de choses. J’appelle ça du repérage de tombes) on ne trouve pas de 11 novembre 1918. C’est soit le 10 soit le 12. Peut-être parce que ce serait trop triste.
Alors, en cette journée de commémoration, je pense qu’il est important de comprendre que nous ne rendons pas seulement hommage à ceux qui sont tombés au combat, mais aussi, à ceux qui sont tombés parce qu’un type tenait à choisir une date classe pour honorer leur mort. « Une date qui restera dans toutes les mémoires. »
Pensons-y, pendant que les aiguilles s’acheminent lentement vers 11:00… Tic tac, tic tac…