Merci Jérôme pour ce que nous a révélé ton affaire !
Jérôme Cahuzac, tu es notre sauveur, grâce à toi nous comprenons un peu mieux ce qui se déroule au sein de nos élites médiatico-politico-financières :
Hommes politiques de tous partis unissez vous ! Ton compte en Suisse a été ouvert par un ancien du GUD (association d'extrême-droite d'ASSAS) proche conseiller de Marine Le Pen et grand artisan de la restructuration des comptes financiers du Front National (on comprend mieux pourquoi le FN n'a plus de problèmes d'argent...). « Avoir un bon copain, c'est bien ce qu'il y a de meilleur au monde» ! De plus, l'inspecteur des impôts qui a révélé la possibilité d'un petit compte en Suisse il y a un an, a, comme par hasard, été radié à cette époque de l'administration fiscale alors qu’Eric Woerth était alors ministre du budget (UMP) et donc son plus haut responsable hiérarchique. Pour remercier ton ami Eric Woerth tu n'as pas hésité Jérôme, dès que tu es arrivé à Bercy, à monter une commission ayant pour objectif de le blanchir dans l'affaire Bettencourt. Cela « s'appelait les copains d'abord, les copains d'abord».
Un peu d'entraide dans ce monde de brutes ! Quand UBS (la fameuse banque Suisse) a été interrogée en décembre dernier par notre ministre des finances Pierre Moscovici sur l'existence d'un compte en Suisse, elle a évidemment nié (il faut dire qu’UBS était mouillée dans une affaire judiciaire financière en France diligentée par... le ministre du budget), « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette... ». D'ailleurs pour ouvrir une enquête judiciaire pour fraude fiscale sur le ministre du budget, la justice avait besoin d'une demande de la CIF (commission d'infraction fiscale) qui doit pour cela être saisie par le ministre... du budget (cela fait bien plaisir d'être juge et partie), ce qui rendait un peu compliquée ta mise en examen.
Journalistes, défendez moi ! En décembre, il était évident que la parole du ministre était sacrée. Grâce à une bonne communication de l'agence Euro RSCG (c'est la même que celle de Dominique Strauss-Kahn) qui organisait quelques petits gueuletons conviviaux avec les journalistes, il semblait évident pour l'ensemble de la presse que cette affaire était un coup monté, un nouveau « Clearstream ». Tous les journalistes réclamaient à corps perdu des preuves à Médiapart (ce qui n'est pas le rôle de la presse, qui n'est pas un tribunal mais qui se doit simplement de donner des informations fiables, en espérant qu'ensuite la justice puisse faire son travail, si c'est possible.) Manque de chance, avec cet enregistrement, Médiapart avait une preuve on ne peut plus solide. Pour autant, pour l'ensemble de la presse, cela ne suffisait toujours pas, et on a vite enterré médiatiquement l'affaire jusqu'à ce que trois mois après la justice fasse enfin son travail et ne te mette enfin en examen (sans éléments nouveaux par rapport à décembre). Alors là, la presse s'est d'un coup réveillée. « On m'aurait menti »?
L'argent pousse des cheveux... et des laboratoires pharmaceutiques. Ce qu'il y a de bien, quand on fait de la politique, c’est qu’on peut toujours se recycler. Après avoir été chef de cabinet du ministre de la santé en 1991, tu es devenu conseiller pour les laboratoires pharmaceutiques (en clair lobbyiste) afin de leur donner des petites informations issues du ministère de la santé tout en faisant pression, amicalement bien sûr, sur tes anciens amis du ministère. On peut penser que cela explique en partie ta fortune (estimée à 15 millions d'euros selon les journaux suisses).
Après, quand on a de l'argent, il suffit de discuter avec ses amis de la « haute société » (avocat d'affaire ou banquier par exemple) pour faire une petite « optimisation fiscale » (pas toujours illégale d'ailleurs) pour payer le moins d'impôts possible. Tu as agi assez normalement finalement Jérôme, pour quelqu'un de ton standing, sauf que tu étais ministre du budget... et surtout que tu t'es fait prendre!
PS : Après l'affaire Cahuzac, Médiapart annonce la possible mise en examen de Christine Lagarde (directrice du FMI) qui aurait enrichi illégalement Bernard Tapie avec l'argent de l'Etat en suivant les recommandations de Nicolas Sarkozy. « Vous les copains, je n' vous oublierai jamais.... ».
Julien Pharo