Illisibilité du politique. Longtemps, nous nous sommes crus lettrés et tout à coup nous découvrons que nous ne savons pas lire. Nos laborieux déchiffrements nous égarent dans de plus obscurs rébus, insaisissables hiéroglyphes formulés par des simulacres à la peau de pixels. Pour plus de clarté dans l'action, disent les spectres numériques. Pour une meilleure lisibilité. Pédagogie, car nous nous croyions femmes et hommes faits mais nous sommes d'éternels enfants. Qui ne savent ce qu'ils disent, et quand ils crient justice on leur donne la police. Qui ne savent ce qu'ils veulent, et quand ils hurlent démocratie réelle on leur répond autorité de l'Etat. Nous scrutons le néant de celui qui se proclame au service de la France. Gestion municipale calamiteuse, sans résultats au ministère, permanence du racisme légal, coups portés à la liberté d'expression. Il est nommé premier ministre. Les travailleurs, cependant, ne sont plus payés pour leur travail. Les talents sont bafoués, les savoirs-faire niés. Qu'est-ce que ça veut dire, cette ignominie ? Mais nous ne comprenons rien. C'est nous qui l'avons voulu, appelé, nous ne réclamions que lui dans les sondages. Efficace des communicants. Le sens des mots nous est confisqué. Corps évacué de sa substance, le mot magnifie la force de son arbitraire, l'enveloppe vide se plaque, gluante, sur nos visages et nous bâillonne. Ils nous ont retiré le langage, ils nous ont privé de l'expression vraie de nos désirs. Il nous reste les pierres. Ils ne pourront jamais confisquer toutes les pierres. L'assaut des pierres, mots retrouvés. Lapider leur monstrueuse insignifiance.
Billet de blog 1 avril 2014
Combat
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.